Un individu que plusieurs corps de police soupçonnent d’être, en partie du moins, derrière la vague d’incendies criminels qui frappe des restaurants, bars et cafés de Laval et de Montréal conteste son transfert dans un pénitencier à sécurité maximale.

Youness Aithaqi, 33 ans, surnommé Fréro, purge depuis février 2020 une peine d’emprisonnement à vie, sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans, pour meurtre.

L’an dernier, Aithaqi, qui purgeait sa peine au pénitencier à sécurité maximale de Donnacona, a été transféré au pénitencier à sécurité moyenne de Drummondville, avant d’être renvoyé d’urgence à Donnacona en janvier, après que la Sûreté du Québec (SQ) eut envoyé des documents à Service correctionnel Canada (SCC).

« Nous avons reçu de la part de la Sûreté du Québec de l’information quant à votre implication dans un groupe criminalisé dans la région de Montréal. Selon l’information policière, vous êtes à la tête de ce groupe qui se trouve être responsable de plusieurs incendies criminels envers des commerçants. Également, ce groupe serait actif dans l’extorsion. La Sûreté du Québec ajoute que vous seriez directement relié à plusieurs complots de meurtre visant des personnalités du crime organisé. Ils auraient aussi comme information que vous seriez impliqué dans un complot compromettant la vie d’une personne à l’extérieur du pénitencier. […] De plus, selon le département de la sécurité préventive, vous seriez impliqué dans un réseau de trafic institutionnel qui effectue des entrées de contrebande via drone », peut-on lire dans une demande en habeas corpus déposée par l’avocate d’Aithaqi, MAlexandra Paquette, en Cour supérieure, au palais de justice de Québec.

Selon la demande, outre la SQ, trois autres corps de police allèguent qu’Aithaqi organiserait des activités criminelles de l’intérieur du pénitencier.

D’après nos informations, la police le soupçonne d’avoir commandé des incendies criminels contre des commerçants pour lesquels le Service de police de Laval, le Service de police de la Ville de Montréal et la SQ ont annoncé une offensive et demandé l’aide de la population la semaine dernière.

Le nom d’Aithaqi a également circulé dans l’enquête sur la tentative d’extorsion dont a été victime l’homme d’affaires Tony Accurso, selon des sources, mais le condamné n’est actuellement accusé d’aucun de ces crimes.

Transfert injustifié, selon son avocate

MPaquette affirme que le transfert de son client d’un pénitencier à sécurité moyenne vers un établissement à sécurité maximum et la hausse de sa cote de sécurité sont injustifiés, qu’on ne connaît rien de la fiabilité des sources de SCC à l’origine des allégations contre Aithaqi et que celles-ci sont vagues.

La criminaliste ajoute que des fouilles effectuées dans la cellule de son client n’ont rien donné et qu’il nie toute implication dans le trafic de contrebande par drone à l’Établissement Drummond.

Selon l’avocate, l’augmentation de la cote de sécurité d’Aithaqi et son transfèrement à l’Établissement de Donnacona modifient illégalement ses conditions de détention et contreviennent à la Charte canadienne des droits et libertés et au principe d’équité procédurale.

MPaquette demande à la Cour supérieure d’accueillir sa requête, d’ordonner à l’Établissement de Donnacona de conduire son client devant la cour pour déterminer la légalité de sa détention et d’ordonner à SCC de transférer Aithaqi dans un établissement à sécurité moyenne.

La cause a été reportée à la semaine prochaine.

Avec la collaboration de Gabriel Béland, La Presse

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