Geneviève* pensait mourir quand elle a vu un homme cagoulé, armé d’un pistolet, s’enfermer à clé dans son petit local de travail. « J’avais déjà compris qu’on allait se faire agresser », a-t-elle confié au jury. La jeune femme a décrit mercredi les 10 minutes cauchemardesques de son agression.

Jean-Pierre Bellemare, 56 ans, est accusé d’avoir agressé sexuellement avec une arme deux jeunes employées du Centre Emmanuel-Grégoire, une maison de transition de l’est de Montréal. La Couronne entend démontrer que l’homme cagoulé qui s’en est pris aux deux femmes en juillet 2018 est Jean-Pierre Bellemare.

Ce soir-là, Geneviève travaille avec sa collègue Fanny* dans un local situé au sous-sol de l’établissement qui accueille des délinquants qui viennent de sortir de prison. Vers 22 h 40, un homme cagoulé débarque dans le local et verrouille la porte. L’intrus pointe son pistolet sur les deux femmes. « Shut the fuck up », lance-t-il.

« Je vais mourir », se dit alors Geneviève. Sa collègue Fanny demande à l’intrus ce qu’il veut. Ce dernier se précipite sur Fanny et pose le canon de son arme sur la tête de la femme. « You wanna play tough ? [Tu veux jouer ça dur ?] », dit-il. Il ordonne ensuite à Fanny de se lever et de se pencher contre la table. Geneviève est à 30 centimètres de là.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

C’est dans ce local d’une maison de transition de Montréal qu’un homme cagoulé a agressé sexuellement deux employées en 2018.

L’assaillant touche aux seins de Fanny, puis lui demande de se mettre à genoux et de lui faire une fellation, raconte Geneviève. Après avoir ordonné à Fanny de se mettre sur le plancher, l’intrus se tourne vers Geneviève et la somme de se lever et de baisser son pantalon.

« Je me dis que je vais me faire agresser », témoigne-t-elle.

L’homme cagoulé essaie de la pénétrer dans l’anus en posant ses deux mains sur le jeans de Geneviève. Il tente ensuite de la pénétrer dans le vagin, ce qui ne fonctionne pas davantage. « Ça ne veut pas entrer, alors suce-la », lance-t-il en anglais. En s’exécutant, Geneviève s’étouffe. « J’ai failli vomir », souffle-t-elle.

Ensuite, l’intrus asperge Geneviève de gaz poivre. Elle suffoque. « La douleur que j’ai ressentie était tellement intense que je pensais que je m’étais fait tirer [avec une arme à feu]. Je n’arrivais plus à respirer », raconte-t-elle. L’assaillant asperge ensuite Fanny de la même façon et prend la fuite.

Geneviève est en « état de choc ». Elle s’empresse de verrouiller la porte et se cache pour ne pas être vue de l’extérieur. « J’étais convaincue qu’il allait me tirer, mais de dehors », dit-elle. Entre-temps, sa collègue Fanny parle au téléphone. Pendant les agressions, le téléphone avait sonné à plusieurs reprises, puisque Fanny avait appuyé sur son « bouton-panique » portatif. L’assaillant lui avait toutefois ordonné de ne pas répondre.

Le jeans porté par Geneviève ce jour-là a été présenté en preuve au jury mercredi. La Couronne entend prouver que l’ADN de Jean-Pierre Bellemare a été retrouvé à plusieurs endroits sur le pantalon. Son sperme a aussi été retrouvé sur le corps de Geneviève, selon le ministère public.

Le procès se poursuit jeudi devant le juge Daniel Royer. MPatrick Lafrenière et MFrançois Giasson représentent le Directeur des poursuites criminelles et pénales. L’accusé se défend seul.

* Prénoms fictifs