Le policier qui est accusé d’avoir agressé une femme alors qu’il était en service était convaincu qu’il partageait un « coup de foudre » avec la plaignante.

Dès leurs premiers échanges verbaux dans une station-service, Yannick Dauphinais a senti qu’il y avait une « belle chimie » qui s’établissait entre une citoyenne et lui. Cette dernière ne peut pas être identifiée en raison d’une ordonnance de la cour.

« Elle me regardait avec des yeux pétillants, je trouvais […] Elle avait un sourire. Elle riait », a-t-il expliqué au palais de justice de Longueuil, mercredi.

Le sergent-détective, alors employé de la Régie intermunicipale de police Roussillon, a fait la rencontre de la plaignante le 20 juillet 2021, pendant qu’il remplissait le réservoir d’essence de sa voiture de patrouille. Après une courte discussion, il a proposé à la femme de la suivre jusqu’au stationnement de l’IGA où elle se rendait, quelques mètres plus loin. À cet endroit, il lui a demandé son numéro de téléphone.

Le lendemain à 9 h 30, le policier a texté la femme pour lui proposer de la visiter. « Je voulais juste lui dire allô », a expliqué Yannick Dauphinais lors de son témoignage. Celle-ci a accepté en précisant qu’elle devait toutefois partir rapidement pour son travail.

Le policier a raconté qu’il a discuté avec la femme dans sa cuisine. Avant de partir, il a été surpris qu’elle lui enlace le cou et qu’elle l’embrasse. Elle lui aurait ensuite massé l’entrejambe par-dessus ses vêtements, aurait détaché son pantalon et l’aurait masturbé jusqu’à ce qu’il éjacule quelques minutes plus tard.

Une version différente de la plaignante

La plaignante a toutefois présenté une version bien différente de cette matinée, lundi. Elle a raconté que c’est le policier qui l’aurait embrassée et lui aurait touché les seins et les fesses. Après qu’elle lui eut fait croire qu’elle avait ses règles, il lui aurait demandé « une gâterie », a-t-elle dit. Elle l’aurait masturbé afin de s’éviter une pénétration, car elle craignait la réaction de l’homme avec qui elle avait discuté à peine 10 minutes la veille.

Lors de sa défense, Yannick Dauphinais a indiqué qu’il était convaincu que la femme était d’accord avec les gestes faits. « J’avais la croyance sincère qu’elle était consentante », a-t-il dit. « Elle avait amené sa main à mon cou. Elle me massait. Elle ouvrait la bouche. Elle sortait la langue. C’est elle qui initiait et qui entreprenait les choses », a-t-il fait valoir.

L’homme a affirmé vivre beaucoup de stress depuis le dépôt de l’accusation d’agression sexuelle. « C’est lourd, c’est stressant, c’est médiatisé, le procès. Je ne dors pas trop. Je sais que je n’ai rien fait, que je suis innocent », a-t-il plaidé.

En contre-interrogatoire, la procureure Amélie Rivard a demandé à l’accusé si son uniforme de policier avait pu inspirer confiance à la plaignante et l’a prié de dire ce qui le laissait croire que cette dernière avait flirté avec lui.

« Quand elle vous embrasse, que vous êtes chez elle, en uniforme, est-ce que vous avez un dilemme moral ? », a demandé MRivard. « Vu que j’étais en pause, qu’elle était d’accord à ce que j’aille chez elle et que c’est elle qui m’a embrassé, non, je n’avais pas de dilemme », a répondu l’accusé.

Dès le soir du 22 juillet, la femme s’est confiée à un ami sur les évènements qui se sont produits en matinée. Le lendemain, elle en a aussi parlé à son employeur qui l’a encouragée à porter plainte. Il lui a d’ailleurs payé un taxi afin qu’elle se rende au poste de police le plus proche. Le Bureau des enquêtes indépendantes a mené l’enquête et des accusations ont été déposées en septembre 2021. Depuis le 8 juin 2022, le policier ne travaille plus pour la Régie intermunicipale de police Roussillon.

Les plaidoiries auront lieu jeudi devant le juge Bertrand St-Arnaud. La décision sera rendue ultérieurement.