(Québec) La jeune femme agressée sexuellement par l’ex-député du Parti québécois Harold LeBel veut que son identité soit révélée le 18 avril prochain, ce qui coïnciderait avec la sortie d’un documentaire sur son histoire.

« C’est une décision mûrement réfléchie, pesée, faite de façon volontaire », a dit la victime devant la Cour supérieure jeudi matin.

« Après l’expérience que j’ai vécue, j’ai envie de transformer ces évènements-là en quelque chose de positif et de pouvoir contribuer à la société, faire œuvre utile en démontrant les différentes étapes du processus judiciaire. »

Les levées d’interdit de publication entrent habituellement en vigueur immédiatement. Cette fois-ci, la victime a demandé au juge Serge Francœur de permettre aux médias de révéler son identité à partir du 18 avril à 9 h précisément.

« J’aimerais que l’ordonnance soit levée au même moment où le documentaire pourra être rendu disponible », a-t-elle dit.

Le magistrat a indiqué vouloir réfléchir « sur la mécanique, la façon de faire ». Mais a priori, il entend accéder à la demande.

L’avocat de LeBel se défend

Chose rare, l’avocat de l’ex-député Harold LeBel a lancé jeudi devant le tribunal un plaidoyer… pour sa propre défense. MMaxime Roy n’a pas apprécié des propos rapportés dans les médias et attribués à son client selon lesquels il aurait convaincu M. LeBel de plaider non coupable.

« Je n’ai jamais recommandé à un client de mentir afin de favoriser sa cause ou de faire un procès alors qu’il ne devrait pas en faire un. Je n’accepterai jamais qu’un témoin ou un accusé se parjure devant le tribunal », a lancé MRoy devant la Cour supérieure.

La déclaration inusitée de MRoy survient dans la foulée de nombreux reportages sur la décision de la Commission des libérations conditionnelles. Celle-ci a accepté de libérer l’homme de 60 ans après deux mois de détention, soit au quart de sa peine.

Pour soutenir sa demande, Harold LeBel disait désormais croire la version de la plaignante. Il jurait pourtant durant le procès ne pas l’avoir agressée sexuellement en octobre 2017. Selon ses dires de l’époque, la victime et lui s’étaient donné un baiser consensuel avant de s’endormir dans le même lit.

La jeune femme a plutôt raconté comment l’homme de plusieurs décennies son aîné avait soudainement tenté de l’embrasser et de défaire son soutien-gorge malgré ses protestations, avant de passer la nuit à lui faire des attouchements alors qu’elle restait immobile, incapable de dormir.

Le jury n’a pas cru la version de M. LeBel. L’homme a été condamné le 26 janvier à huit mois de prison.

Or, dans la décision de la Commission, il est indiqué que M. LeBel avait plaidé non coupable à l’époque puisqu’il adhérait à « la stratégie recommandée par [son] avocat criminaliste ».

Son avocat n’a vraisemblablement pas apprécié ce passage. « À ma connaissance, durant l’ensemble des procédures, Harold LeBel disait la vérité. Maintenant, je comprends qu’il a cheminé sur sa vérité et continue de cheminer », a indiqué MRoy. Celui-ci a demandé à Harold LeBel de le relever de son secret professionnel avant de faire sa déclaration.

Le juge Francœur a pris un instant pour rassurer l’avocat. « Quant à moi, il n’y a aucune ombre au tableau. J’espère juste que professionnellement, nos chemins se recroisent. Vous avez toute ma confiance comme avocat de la défense », a dit le magistrat.

Harold LeBel, qui a quitté le centre de détention mercredi, n’est pas apparu devant le tribunal jeudi.