L’entrepreneur Tony Accurso, déjà condamné pour une affaire d’ivresse au volant remontant à 2011, a de nouveau été accusé de conduite en état d’ébriété, jeudi, au palais de justice de Saint-Jérôme. Ces nouvelles accusations font suite à un accident de la route dans lequel il aurait été impliqué en novembre dernier.

La Sûreté du Québec confirme, sans nommer M. Accurso, qu’un individu a été arrêté, vers 16 h 45 le 14 novembre, à la suite d’une collision survenue sur l’autoroute 640, près de l’autoroute 13. « Le conducteur du véhicule qui a percuté l’autre a été arrêté pour conduite affaiblie par l’alcool. L’autre personne a été blessée, de façon mineure, et a été transportée au centre hospitalier », a précisé la porte-parole de la Sûreté du Québec, Catherine Bernard.

« Le conducteur du véhicule fautif a eu un résultat d’éthylomètre de plus du double de la limite permise. Son véhicule a été saisi 30 jours », a-t-elle ajouté.

M. Accurso, âgé de 71 ans, a officiellement été accusé, ce mercredi, de deux chefs de conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool et d’avoir eu une alcoolémie supérieure à 80 mg par 100 ml de sang. Il a plaidé non coupable aux deux chefs.

C’est la troisième fois que l’entrepreneur déchu, témoin clé de la commission Charbonneau sur l’attribution de contrats publics dans l’industrie de la construction, est accusé de conduite en état d’ébriété. Le 22 octobre 2018, il a été acquitté par la Cour municipale de Deux-Montagnes de deux chefs pour une infraction alléguée remontant à mai 2017, pour laquelle il a plaidé non coupable.

Le même jour, M. Accurso a toutefois admis devant le même tribunal sa culpabilité à un chef de conduite en état d’ébriété, dont les faits remontent à 2011. M. Accurso s’est fait retirer son permis de conduire pour une période de 12 mois et a dû payer 1000 $ d’amende à la suite de cette condamnation.

Dans le cadre de cette affaire, qui a nécessité presque sept ans de procédures judiciaires, M. Accurso a invoqué l’arrêt Jordan pour obtenir un arrêt des procédures. Il a aussi tenté de faire exclure la preuve recueillie par la policière qui l’a arrêté en affirmant qu’elle n’avait pas le pouvoir de l’intercepter.

Les documents de cour consultés par La Presse indiquent que M. Accurso était au volant d’une Lexus noire immatriculée au nom de son ancienne entreprise, Simard Beaudry, lors de son arrestation le 17 octobre 2021.

L’intervention policière, survenue tout près de la résidence de M. Accurso à Deux-Montagnes, s’est produite après qu’une dame qui circulait sur l’autoroute 640 eut appelé le 911 pour se plaindre d’un chauffard qui avait « une conduite de rage au volant ». « Il a freiné sur l’autoroute puis on a failli faire un “bumpage”, a dit la plaignante. Il “brakait” toutes les 5 secondes. »

La dame a fourni la plaque d’immatriculation, et une policière s’est rendue chez M. Accurso pour l’intercepter. L’homme d’affaires avait les yeux vitreux et une forte odeur d’alcool émanait du véhicule. M. Accurso s’est alors plaint que son arrestation était un « set up » : « Vous n’avez rien à faire, alors votre patron vous envoie contre moi », lui a-t-il dit, indique le jugement rendu par le juge André Hotte.

Rendu au poste, M. Accurso a échoué au test d’alcoolémie.

L’avocat de M. Accurso, MJean Cordeau, a plaidé en cour que l’arrestation était illégale parce que la policière n’avait constaté aucune infraction au Code de la sécurité routière. La justice en a décidé autrement. « Non seulement avait-elle le pouvoir de le faire, mais elle avait le devoir de le faire. Il serait aberrant de penser qu’un policier ne pourrait pas agir parce qu’il constate une conduite normale […]. Dans le cas d’une plainte sérieuse de conduite erratique, les policiers ont le devoir d’investiguer », a tranché le juge Hotte.

Puis, 61 mois après l’arrestation, l’avocat de M. Accurso a déposé une requête en arrêt des procédures pour délai déraisonnable, invoquant l’arrêt Jordan. « Durant une période de 4 ans, toutes les demandes de remise sans exception ont été faites par l’avocat de l’accusé », a souligné le juge Hotte, rejetant la requête d’arrêt des procédures. « C’est son avocat qui a proposé les dates de remises, l’accusé ne peut certainement pas s’en plaindre aujourd’hui parce que l’arrêt Jordan est arrivé dans le décor. »

M. Accurso s’est retrouvé dans l’actualité à plus d’une occasion depuis 2022. En février, un immeuble de bureaux de Laval appartenant au conjoint de sa fille a été ravagé par un incendies criminel. Des résidences et des véhicules appartenant à ses enfants ont aussi été la cible d’incendie de même que de coups de feu à partir de juillet. L’enquête est toujours en cours.

La prochaine date de cour pour les nouvelles accusations d’alcool au volant a été fixée au 17 avril.