Une corde de 35 pieds, un grappin artisanal, un faux mannequin dans son lit : le sadique sexuel Michel Vautour a bien failli s’évader d’un pénitencier grâce à un plan d’évasion « très élaboré » et « quasiment sorti d’un film ». Il a été condamné à deux ans de prison mercredi.

Michel Vautour – qui s’appelait auparavant Michel Cox – est l’un des pires prédateurs sexuels des dernières années au Québec. Dans les années 2000, il a brutalement violé huit femmes et adolescentes à la pointe d’un couteau à Laval. Vautour rôdait dans les rues la nuit pour repérer ses proies, muni de corde, de ruban gommé et d’un couteau.

C’est pour purger les dernières années de sa peine de 21 ans d’emprisonnement que Michel Vautour se trouvait au pénitencier de La Macaza, au nord de Mont-Tremblant, au moment de tenter de s’évader en décembre 2021. Il était retourné derrière les barreaux après avoir tenté de kidnapper une adolescente de 16 ans en plein jour dans les rues d’Outremont en 2020.

Michel Vautour avait pensé à tout pour préparer son évasion du pénitencier. D’abord, il avait noté les heures des rondes de patrouilles des agents. Il s’était ensuite fabriqué une corde d’une dizaine de mètres en volant un filet de but de soccer. Ce cordage était équipé d’un grappin artisanal et d’un contrepoids de deux kilos dans le but de passer les clôtures de sécurité.

L’aspirant fugitif avait aussi préparé des vêtements chauds et des produits hygiéniques. De plus, il savait où se terrer après son évasion. Sur des bouts de papier, il avait écrit qu’un certain « Fat Joe » l’attendrait dans un restaurant à partir de 21 h 30. Son plan était ensuite d’aller à Val-d’Or pendant trois mois, puis à Rawdon après six mois.

  • On peut voir la planification de l’évasion de Michel Vautour.

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    On peut voir la planification de l’évasion de Michel Vautour.

  • La corde de 35 pieds fabriquée avec le cordage d’un but de soccer

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    La corde de 35 pieds fabriquée avec le cordage d’un but de soccer

  • La corde de 35 pieds munie d’un poids de deux kilos

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    La corde de 35 pieds munie d’un poids de deux kilos

  • Un document déposé en preuve montre la planification de l’évasion.

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    Un document déposé en preuve montre la planification de l’évasion.

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Sur une photo déposée en preuve, on peut lire que sa « fenêtre » était entre 3 h et 3 h 30 à l’arrivée de la pénombre, puis qu’il aurait ensuite une heure. Plusieurs calculs d’heures et de jours se retrouvent sur ce papier.

Le jour J, Michel Vautour a quitté sa cellule à 14 h 13. Il avait placé des objets sous les couvertures de son lit pour créer un « mannequin » afin de tromper les agents au moment du décompte. Ce n’est que cinq heures plus tard, à 19 h 38, que le prisonnier a été intercepté dans le « secteur des industries », une zone interdite aux délinquants à partir de 16 h 15. Il s’est alors livré aux autorités.

Michel Vautour s’est blessé au genou gauche pendant sa tentative. Il avait aussi des engelures aux doigts. On ignore de quelle façon les autorités carcérales l’ont retrouvé. Depuis, il est détenu au pénitencier à sécurité maximale de Port-Cartier.

L’homme de 45 ans a plaidé coupable mercredi à un chef de « bris de prison », soit d’avoir tenté de s’évader de prison en sortant par effraction de sa cellule. La procureure de la Couronne MAnnabelle Sheppard et l’avocate de la défense MCynthia Chénier ont présenté une suggestion commune de deux ans de détention, laquelle a été entérinée par la juge Lori Renée Weitzman.

Dans le dossier d’enlèvement, Michel Vautour attend toujours sa peine, un an et demi après avoir reconnu sa culpabilité. Il risque d’être déclaré délinquant dangereux. La défense annoncera bientôt si leur expert produira une contre-expertise. Michel Vautour pourrait ainsi témoigner sur la peine en juin prochain, a déclaré son avocate.

Une adolescente – qui était présente en cour mercredi – a vécu un cauchemar aux mains de Michel Vautour en 2020. Le prédateur sexuel s’était identifié comme policier et avait menotté l’adolescente en plein jour, alors qu’elle marchait sur la rue Saint-Viateur, dans Outremont.

Séquestrée dans le faux véhicule policier, l’adolescente s’était débattue avec l’énergie du désespoir pour prendre la fuite. Michel Vautour s’était fait arrêter au terme d’une poursuite à grande vitesse. On avait retrouvé des jumelles, des attaches autobloquantes (tie wrap) et une boîte de condoms dans son véhicule.

Notons que Michel Vautour a légalement changé son nom. Il s’appelait Michel Cox au début des procédures.