Devant la hausse des délits de fuite à Montréal, le plus récent ayant coûté la vie à un planchiste de 22 ans dans le Centre-Sud, Piétons Québec presse les autorités « d’accélérer » la sécurisation d’artères, en particulier aux intersections de deux rues achalandées.

« C’est vraiment effarant de voir qu’il y autant de délits de fuite, qu’autant de gens ne prennent pas la peine de s’arrêter et porter assistance à une personne qu’ils ont eux-mêmes happée. Pour nous, c’est un peu difficile de l’expliquer », concède la directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani.

Le nombre de délits de fuite est en effet en forte hausse à Montréal. Le SPVM a comptabilisé 5246 délits de fuite en 2022, soit 13 % de plus que l’année précédente.

S’il est « trop tôt pour émettre des hypothèses claires » sur les causes de cette augmentation, Mme Cabana-Degani cite « l’état psychologique » fragile de la population « au sortir de la pandémie » comme possible « facteur expliquant la situation ».

À la veille de la présentation d’un « plan bonifié en sécurité routière » qu’a promis de déposer la ministre des Transports Geneviève Guilbault, Piétons Québec presse le gouvernement Legault « d’aller au-delà du Code de sécurité routière ». « Ça prend des changements profonds dans nos normes d’aménagement, dans la façon dont on conçoit nos rues », dit sa DG.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani

Si on prend le cas du planchiste décédé dimanche, on sait que l’avenue De Lorimier est une artère où il y a quand même eu plusieurs collisions. On le sait qu’il y a des enjeux à cet endroit-là. Alors il faut agir.

Sandrine Cabana-Degani, de Piétons Québec

Son groupe propose plusieurs types d’aménagements, en réponse à la situation : la mise sur pied d’intersections surélevées, la reconfiguration des feux de circulation ou encore la réduction des voies de circulation, ou de la largeur des voies. « Tout ça permet de réduire la vitesse, et d’augmenter la sécurité », insiste Sandrine Cabana-Degani.

Elle dit sentir une « écoute » et une « volonté d’agir » des autorités municipales, avec qui Piétons Québec est justement en discussion. Lundi, sur Twitter, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait parlé d’un « triste et intolérable décès ». « Il est urgent d’en faire plus pour sécuriser les déplacements actifs. Nous continuons d’accélérer nos actions », avait-elle alors soulevé.

L’enquête progresse

Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on confirme que l’enquête « progresse » dans le bon sens, même si aucune arrestation n’a encore été annoncée dans ce dossier. « On a des informations qui ont été récoltées et qui nous permettent d’avancer dans le dossier, afin de cibler une ou des personnes », signale prudemment à ce sujet l’agente Jeanne Drouin.

Elle affirme que les enquêteurs évaluent actuellement « plusieurs possibilités » quant au véhicule impliqué dans le délit de fuite qui a été retrouvé après les faits, au coin des rues Sicard et Notre-Dame Est, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

« La plaque d’immatriculation peut nous donner le propriétaire du véhicule, mais ensuite, il y a plusieurs autres choses à voir. C’est possible que le véhicule ait été volé, prêté, par exemple. Il y a diverses possibilités », soulève Mme Drouin.

Rappelons que le jeune homme de 22 ans allait d’est en ouest sur une planche à roulettes dans la rue Sainte-Catherine lorsqu’il a été happé par un automobiliste venant du nord, à l’intersection de l’avenue De Lorimier. Le conducteur du véhicule a quitté la scène à la suite de l’impact, commettant ainsi un délit de fuite. La mort du jeune homme a été confirmée en début de journée, lundi.