Une femme a déposé devant la Cour supérieure une demande d’action collective au nom de toutes les adolescentes qui auraient été recrutées pour offrir des services sexuels au milliardaire montréalais Robert Miller.

La demanderesse dans cette affaire, qui est épaulée par le cabinet d’avocats Consumer Law Group, n’est pas identifiée par son nom dans la requête afin de préserver son identité. Elle réclame un million de dollars pour les dommages psychologiques qu’elle dit avoir subis et 1,5 million de dollars en dommages punitifs pour chaque victime alléguée.

La demande vise non seulement M. Miller mais aussi l’entreprise Future Electronics, un géant de la distribution de composantes électroniques basé à Pointe-Claire, dont il est toujours l’actionnaire principal.

La demanderesse dit avoir répondu à une petite annonce publiée dans un journal local pour recruter des mannequins, vers 1996. Alors qu’elle était âgée de 17 ans, elle se serait retrouvée dans une suite d’hôtel avec plusieurs filles. Un homme l’aurait informée qu’elle avait été « choisie ».

Peu après, elle aurait fait la rencontre de Robert Miller, qui se présentait sous le faux nom de « Bob Adams » et disait être un homme d’affaires de Buffalo, selon ses souvenirs. Même si elle était mineure, elle aurait commencé à avoir des relations sexuelles avec lui. Chaque fois, elle repartait avec une enveloppe contenant 1000 à 2000 $, dit-elle. À une occasion, le montant a été de 3000 $, dit-elle.

Un collaborateur du milliardaire l’aurait aidée à trouver un appartement à Westmount et aurait payé un dépôt pour le loyer, précise la demande de recours collectif déposée au palais de justice de Montréal jeudi.

La demanderesse affirme que ses rencontres avec M. Miller ont continué jusqu’en 1999 et ont eu un « sérieux effet psychologique négatif » sur elle. Elle affirme s’être sentie honteuse, coupable, déprimée et s’être automédicamentée avec la drogue et l’alcool.

C’est un récent reportage de Radio-Canada qui l’a menée à entamer ce recours, au nom de « toute personne ayant fourni des services sexuels à Robert Miller alors qu’elle était mineure ou ayant été victime d’exploitation sexuelle de la part de M. Miller alors qu’elle était mineure ».

Il nie avec fermeté les allégations

Robert Miller a quitté la présidence de l’entreprise Future Electronics au début du mois, dans la foulée d’un reportage de Radio-Canada. L’émission Enquête a recueilli les témoignages d’une dizaine de femmes qui disent avoir eu des relations sexuelles contre de l’argent avec lui entre 1994 et 2006. Six d’entre elles auraient affirmé qu’elles étaient mineures au moment des faits.

Dans un communiqué, Future Electronics a déclaré que M. Miller quittait ses fonctions pour se concentrer sur ses problèmes de santé et « consacrer son attention aux démarches judiciaires reliées aux allégations faites par Radio-Canada ». M. Miller demeure tout de même propriétaire de la multinationale, selon le Registre des entreprises du Québec.

« M. Miller nie avec fermeté et véhémence les allégations malicieuses faites contre lui et confirme qu’elles sont fausses et complètement non fondées et qu’elles ont été soulevées à la suite d’un divorce acrimonieux. Elles sont maintenant répétées pour un gain financier », poursuit le communiqué.