Indignée par le récent meurtre d’un policier en fonction en Ontario, l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) demande à Ottawa de revenir sur sa décision d’assouplir le processus de mise en liberté pour les personnes accusées de crimes liés aux armes à feu.

L’ADPQ joint ainsi sa voix à celles de l’Association canadienne des chefs de police et de l’Association ontarienne des chefs de police, qui ont réclamé les mêmes changements dans la foulée de la mort tragique du policier Grzegorz (Greg) Pierzchala, le 27 décembre dernier.

« Les policiers ont le droit, tout comme le public, d’être protégés contre les comportements criminels des délinquants violents et récidivistes, en particulier ceux qui sont accusés de crimes liés aux armes à feu », affirme le président de l’ADPQ, Pierre Brochet, dans une déclaration à paraître ce jeudi.

« Ce droit doit d’ailleurs être privilégié lorsque les questions de mise en liberté et de détermination de la peine sont examinées », poursuit-il dans le texte que La Presse a obtenu.

Des changements exigés rapidement

L’ADPQ demande que des changements au système de justice soient apportés « rapidement » afin de « renforcer le soutien aux forces de l’ordre et d’assurer une meilleure harmonisation entre les efforts de la police, des procureurs, des juges et des services correctionnels ».

S’il n’est pas nommé précisément, on en comprend que l’ADPQ en a contre le projet de loi C-75, adopté en 2019 par le gouvernement Trudeau, dans le but notamment de simplifier les processus de mise en liberté sous caution.

Rappelons qu’un homme de 25 ans, Randall McKenzie, et une femme de 30 ans, Brandi Crystal Lyn Stewart-Sperry, ont été accusés de meurtre au premier degré relativement à la mort du policier Grzegorz Pierzchala.

Mis en liberté sous caution

McKenzie avait obtenu en lien avec un autre dossier une mise en liberté sous caution en juin dernier, après avoir initialement essuyé un refus en décembre 2021. À cette époque, il était en attente de procès à Hamilton pour un certain nombre d’accusations, notamment d’agression, d’agression contre un agent de la paix et de plusieurs infractions liées aux armes à feu.

En août dernier, un juge a lancé un mandat d’arrêt contre lui après qu’il a négligé de se présenter à une comparution prévue devant le tribunal.

La sortie des directeurs de police fait aussi suite à celle, jeudi dernier, du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui a déclaré dans un communiqué qu’un « système de libération sous caution défaillant » avait conduit à ce drame.

Le commissaire de la Police provinciale de l’Ontario s’est lui aussi dit « indigné » de savoir que McKenzie avait été libéré sous caution, tandis que le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a exhorté le gouvernement libéral de Justin Trudeau à « revenir sur sa politique de mise en liberté sous caution ».