(Laval) Des centaines d’élèves ont été confinés au moins quatre heures dans le collège Montmorency à Laval vendredi, après que des coups de feu eurent fait quatre blessés près de l’établissement d’enseignement. C’était le deuxième cégep forcé de se confiner par les policiers dans la même journée.

C’est seulement vers 21 h 45 que les élèves – qui étaient confinés depuis 17 h 30 – ont commencé à évacuer le collège Montmorency par groupes de 20. Une heure plus tard, une centaine de jeunes avaient quitté les lieux, alors que près de 400 élèves étaient toujours cloîtrés dans l’établissement, a souligné Geneviève Major, porte-parole du Service de police de Laval (SPL).

« J’avais peur. Ça aurait pu être moi. Ça aurait pu être une de mes amies », a lancé Eva Kanaan. « Je pense que je ne le réalisais pas », a ajouté sa camarade de classe, Kate Mbemba, qui a réconforté ses amies alors cloîtrées dans une classe dans le noir au troisième étage.

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Des élèves sortent du collège Montmorency après le confinement.

« Au début, c’était sérieux, après on s’est un peu laissés aller », a avoué Elie Zouein, soulagé d’être sorti de la barricade, quatre heures après que l’ordre de confinement avaitt été lancé.

Enfermés

Vendredi vers 17 h 30, les élèves et les enseignants ont reçu l’ordre de se barricader et d’éteindre les lumières, a indiqué à La Presse la présidente du Syndicat des enseignantes et enseignants du collège Montmorency, Amélie Therrien.

Sean Duff, un élève du collège Montmorency, était sur le terrain de basketball de l’école quand les autorités ont ordonné le confinement. « Tout le monde a commencé à courir, même la sécurité. On est allés dans le vestiaire », a-t-il expliqué de l’autre côté du périmètre de sécurité.

Le professeur de chimie Alain Grandbois raconte qu’il surveillait un examen lorsque la consigne de se confiner a retenti à l’interphone. « On a mis des papiers dans les fenêtres pour se cacher », raconte-t-il au bout du fil.

Elle m’a écrit : “Maman, je t’aime beaucoup, j’ai peur, je suis enfermée dans une salle de l’école parce qu’il y a un suspect qui a tiré sur des gens”.

Annie Raymond, mère d’une élève qui a reçu un texto de sa fille en début de soirée

« J’ai vraiment paniqué. C’est comme si j’avais perdu connaissance pendant un instant. On pense qu’on voit juste ça dans les films », lâche la mère de famille, encore ébranlée.

Une douzaine d’enfants avaient également été confinés dans un local du centre de la petite enfance Youpie, à l’intérieur du cégep. Les parents ont été en mesure de les récupérer au compte-gouttes, plus tôt dans la soirée de vendredi.

Quatre blessés

Selon nos informations, les coups de feu ont retenti dans un parc près de la porte 7 du cégep. Les victimes ont été notamment atteintes au pied, au bras et à l’abdomen.

La porte-parole du SPL, Geneviève Major, a confirmé que trois hommes de 19 et 20 ans avaient été atteints par balle et transférés en centre hospitalier. La sergente a ajouté qu’au moins une des victimes était connue des policiers. On ne craint pas pour leur vie. Une quatrième personne a également subi des blessures mineures, qui ont été soignées sur place.

Selon les autorités, les quatre victimes se seraient réfugiées à l’intérieur du cégep.

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Le collège Montmorency, vendredi soir

Boua Konate, lui aussi un élève, a vu deux des quatre victimes entrer dans l’école quand le confinement a été ordonné. « Je l’ai vu entrer dans l’école, il s’était fait toucher au bras. Il y en a un autre qui s’est fait toucher [au ventre] », a raconté le jeune homme, une fois à l’extérieur des murs du collège.

Plusieurs suspects seraient impliqués dans l’évènement, mais un seul d’entre eux, portant des vêtements sombres, aurait utilisé une arme de poing. Des douilles et des impacts de tirs ont été trouvés à l’extérieur de l’établissement scolaire, qui a été sécurisé par la police.

Aucune arrestation n’a été effectuée. « Ce serait une bonne idée de rester à l’intérieur de la maison. Je ne veux pas inquiéter la population. Nous sommes en recherche active actuellement, a indiqué Geneviève Major sur place vendredi soir. S’il y a des gens qui aperçoivent des rôdeurs dans leur cour, c’est le temps de faire le 911. »

Plus tôt vendredi, le cégep Saint-Jean-sur-Richelieu avait lui aussi été confiné à la demande de la police. Un jeune homme avec des comportements suspects et une mineure ont été arrêtés dans la foulée de l’opération.

Des parents laissés sans nouvelles 

Des parents inquiets se sont rués devant le périmètre de sécurité sous la pluie le long du boulevard de l’Avenir. « C’est un choc qu’on a eu », a lancé Hassina, la mère d’une élève du collège Montmorency.

Ana-Maria Torres attendait sa jeune fille depuis plus de deux heures devant le collège quand La Presse l’a approchée. « Maman, tu ne peux pas venir me chercher, je ne peux pas sortir parce qu’il y a une personne avec une arme », lui avait écrit sa fille en fin d’après-midi. « C’est inquiétant de ne pas savoir ce qui se passe. C’est vraiment inquiétant », a déploré la mère de famille, les larmes aux yeux.

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Des familles d’élèves et d’employés du collège Montmorency attendent devant le cégep lavallois.

Toute la soirée, les familles ne recevaient que des nouvelles brèves par textos de leurs enfants cloîtrés dans des locaux, la bibliothèque et le gymnase du collège. Les appels téléphoniques avaient même été interdits à l’intérieur par les autorités, pour des raisons de sécurité.

« Elle m’a textée et elle m’a dit comme ça qu’elle était barricadée et qu’il y avait la police. Je ne sais pas ce qui se passe », a indiqué Magdala Louis, enlacée dans les bras de sa mère, en attendant impatiemment que sa fille la rejoigne.

Une enquête est toujours en cours, et les enquêteurs des crimes contre la personne ont été affectés au dossier.

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse