Un jeune homme et une mineure ont été arrêtés, vendredi, dans la foulée d’une opération qui a forcé le confinement du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu. Les élèves et les membres du personnel se sont barricadés dans l’école pendant plus de trois heures.

Ému aux larmes, Stéphane Gosselin enlace son garçon dans une longue étreinte.

Pendant des heures, il a été sans nouvelles de son enfant, confiné dans le cégep Saint-Jean-sur-Richelieu en raison d’une vaste opération policière qui s’est soldée vendredi par l’arrestation d’un jeune homme de 19 ans et d’une mineure.

« C’est un gros papa poule ! », s’exclame à la blague Alexandre Gosselin, comme pour détendre l’atmosphère.

L’interaction résume bien l’ambiance autour de l’école : des parents inquiets et des élèves sous le choc, mais heureusement, plus de peur que de mal.

Vers 9 h 20, les élèves et le personnel qui se trouvaient à l’intérieur du cégep ont reçu la consigne de se barricader et d’éteindre les lumières.

La police de Saint-Jean-sur-Richelieu avait été avisée de la présence d’un jeune homme avec des comportements suspects qui portait un gilet pare-balles.

PHOTO LAURIANNE GERVAIS-COURCHESNE, LE CANADA FRANÇAIS

Le suspect arrêté sur les lieux par la police

Selon nos informations, le signalement initial indiquait que l’individu se trouvait aux abords du cégep, mais à l’arrivée des policiers, il avait pénétré dans l’établissement, forçant les policiers à confiner l’école par mesure de sécurité, afin de mener leurs vérifications.

Pendant trois heures, des centaines d’élèves et le personnel se sont barricadés à l’intérieur de l’école. Des bureaux et des chaises ont été placés devant la porte de certains locaux.

PHOTO FOURNIE PAR LAURENCE BILODEAU

Un local du Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu pendant le confinement

Alie Godin, qui étudie en technique d’éducation spécialisée, était en cours lorsque toute sa classe a reçu l’alerte. « On est tous épuisés, on a envie de pipi. On regarde les nouvelles toutes les trois secondes. Il y a une fille qui était en pleurs tantôt », a-t-elle témoigné à La Presse.

Deux suspects ont été arrêtés, a confirmé la porte-parole du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu, l’agente Barbara-Anne Dion. Aucun blessé n’a été rapporté.

Selon nos informations, le jeune homme de 19 ans arrêté par les forces de l’ordre a rencontré les enquêteurs vendredi après-midi, tout comme la jeune fille qui a aussi été interpellée. La police affirme ne pas avoir d’indication qu’une arme aurait été impliquée. On ignorait toujours vendredi soir si des accusations seraient déposées.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des proches consultent leur téléphone dans l’espoir de connaître les derniers développements.

Une cégépienne qui a bien connu le principal suspect, mais qui a requis l’anonymat pour s’exprimer parce que les évènements de vendredi lui ont fait craindre pour sa sécurité, affirme que le jeune homme arrêté par la police donnait parfois dans la provocation « pour faire réagir les gens ».

« C’était tout un personnage. Il y a longtemps, il a déjà dit à des amis qu’un jour il ferait des tueries, mais tout le monde se disait qu’il niaisait », dit-elle.

Elle affirme que plusieurs résidants de Saint-Jean-Sur-Richelieu l’avaient déjà vu porter une veste aux allures militaires, sans s’en formaliser outre mesure. « C’était vraiment quelqu’un de particulier, alors on pensait tous que c’était pour le style. On ne va pas juger quelqu’un pour son style », dit-elle.

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Les élèves sortent du cégep et sont accueillis par des membres de leur famille.

Tous les élèves fouillés

À l’arrivée de La Presse, des proches inquiets attendaient derrière les rubans jaunes et scrutaient leur téléphone dans l’espoir d’obtenir plus d’information.

Un large périmètre de sécurité avait aussi été établi autour de l’école. Des images notamment diffusées au TVA Nouvelles montraient l’homme qui a été arrêté en train d’être menotté par deux policiers, avant d’être amené vers un véhicule.

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Peu après midi, le cégep a annoncé le début d’une « évacuation contrôlée par les policiers ».

Les images semblent toutefois montrer que l’individu portait plutôt une veste tactique. Contrairement à un gilet pare-balles, une veste tactique permet de transporter de l’équipement ou des munitions, mais n’arrête pas les balles.

Peu après midi, les élèves ont commencé à évacuer au compte-gouttes le cégep. La police fouillait tous les sacs à la sortie du bâtiment, ainsi que les voitures qui quittaient le stationnement.

Tina Dorais a poussé un soupir de soulagement lorsque sa fille est apparue à la porte du cégep. « C’était pénible », a-t-elle lâché. Quelques heures auparavant, elle décorait la maison lorsqu’elle a reçu un texto glaçant de sa fille.

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Un large périmètre de sécurité a été établi autour de l’école.

« Elle me textait ce qu’elle voulait pour Noël et après, elle m’écrivait : “Maman, il y a un tireur en classe” », raconte Mme Dorais.

À côté d’elle, sa fille hoche lentement la tête. « Ç’a été quelque chose. On était tous collés. On essayait de ne pas parler », dit Amélie Dorais, toujours ébranlée.

La directrice générale du cégep, Nathalie Beaudoin, avait demandé aux cégépiens, à leurs parents ou à leur entourage « de ne pas se présenter au cégep afin de ne pas nuire à l’intervention policière ». « Soyez assurés que la sécurité de toute la communauté collégiale demeure notre priorité. Toutes les activités de la journée sont annulées, autant au campus de Saint-Jean-sur-Richelieu qu’[à] celui de Brossard », a-t-elle détaillé.

La Sûreté du Québec a été appelée sur place en renfort, afin de fouiller des véhicules et le cégep de fond en comble. Des artificiers du corps policier étaient notamment sur place.

Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse