Une trentaine de personnes ont été arrêtées dans les dernières semaines à la suite de menaces formulées contre des candidats aux élections, a confirmé vendredi la Sûreté du Québec (SQ), à l’issue d’une campagne électorale marquée par des débats sur la sécurité des élus à l’Assemblée nationale.

Le bilan du corps policier provincial fait en effet état de 217 signalements reçus. Du nombre, « plusieurs se sont avérés non fondés ou non retenus, puisqu’ils pouvaient représenter des propos désobligeants, mais non criminels », a indiqué le sergent Nicolas Scholtus, porte-parole de la SQ.

Parmi ces signalements, 66 ont été considérés comme des « infractions criminelles » à proprement parler, soit 47 crimes contre la personne et 19 crimes contre la propriété. Au total, 31 arrestations ont été réalisées par les forces de l’ordre.

Des accusations ont été déposées dans la plupart de ces dossiers, confirment des sources policières. M. Scholtus a néanmoins expliqué vendredi que d’autres arrestations pourraient survenir dans les prochains jours, au fur et à mesure que les enquêtes encore actives progresseront.

« Tension sociale »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Marwah Rizqy

Plusieurs évènements violents ont eu lieu durant la campagne électorale. La sécurité autour des chefs de parti était d’ailleurs plus visible que lors des élections précédentes, avait constaté La Presse dès le lancement de la joute électorale. Des gilets pare-balles ont même été distribués.

À la fin du mois d’août, la députée libérale Marwah Rizqy avait notamment été menacée de mort par un citoyen, Claude Delaney, qui a depuis été accusé de harcèlement criminel. Mme Rizqy, qui a été réélue dans Saint-Laurent, en avait profité pour lancer un débat public autour du renforcement des mesures de sécurité pour les élus de l’Assemblée nationale, reconnaissant « qu’il y a quand même une certaine tension sociale ».

Mme Rizqy a notamment réclamé que l’Assemblée nationale se dote d’un « bouton panique » pour les élus. « Notre rôle, ce n’est pas d’alimenter cette colère, c’est de calmer le jeu, de trouver des solutions, de parler avec eux », a-t-elle dit, reprochant toutefois peu après au chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, de « canaliser la haine ».

Peu avant, le bureau de circonscription du député de Marquette, Enrico Ciccone, avait aussi été vandalisé puis cambriolé, à Lachine. Le libéral André Fortin a subi le même sort. « Je suis bouleversé et inquiet, particulièrement pour mes employés et les citoyens qui nous font confiance. Un bureau de comté, c’est la maison des citoyens. Ce devrait être intouchable », avait dénoncé M. Ciccone.

Depuis, la Sûreté du Québec a arrêté l’auteur du cambriolage. Le suspect a été identifié alors qu’il tentait de revendre sur le marché noir une médaille de l’Assemblée nationale du Québec.

Bon nombre d’actes de vandalisme ont aussi visé des pancartes électorales et d’autres bureaux de circonscription, tous partis confondus. La gravité de la situation a même amené le premier ministre, François Legault, à établir une ligne d’urgence pour les candidats. À la SQ, le sergent Scholtus affirme qu’une évaluation « postélectorale » sera faite dans les prochaines semaines. « On n’a pas encore tous les chiffres finaux, mais on sait déjà qu’on a eu une recrudescence au niveau des signalements par rapport à l’année précédente », a-t-il dit à ce sujet.

Avec La Presse Canadienne