L’école secondaire de La Prairie a dû être évacuée quatre fois depuis juin

Encore une journée inhabituelle pour les élèves de l’école de la Magdeleine, qui fait l’objet de menaces en lien avec des armes à feu sur les réseaux sociaux depuis le début de l’été : au moins 80 professeurs ont refusé d’enseigner mercredi matin. Ils demandent à la direction plus de transparence et un plan clair pour rassurer les élèves et gérer les interventions policières.

Au mois de juin, l’école secondaire située à La Prairie avait été évacuée deux fois en trois jours en raison de menaces diffusées sur les réseaux sociaux.

Le scénario s’est répété jeudi dernier et mardi. « Ça fait quatre fois. Chaque fois, on se fait dire que tout est réglé et que la menace est non fondée. Nous, on se demande juste c’est quand la prochaine fois », se désole un membre du personnel qui a requis l’anonymat.

Des menaces proférées sur les réseaux sociaux sont à l’origine de ces interventions policières répétées, qui font l’objet d’une enquête. Pour le moment, personne n’a été arrêté.

« On va tous vous tirer dessus », « On va faire un school shooting » : c’est ce que les élèves interrogés par La Presse mercredi matin ont rapporté avoir lu dans les commentaires d’un mystérieux compte Instagram qui portait le nom de l’école de la Magdeleine.

La page a été supprimée dans la journée de mardi, selon les informations que nous a transmises la police. L’administrateur, un élève de l’établissement interpellé par les policiers au courant de la journée, ne serait pas la personne ayant proféré les menaces.

Les élèves interrogés par La Presse parlent d’un conflit entre deux groupes d’élèves. « Ça fait un bon moment que des élèves se chicanent au sujet d’insultes racistes. Ça a vraiment créé un genre de guerre », raconte une élève.

Confinés dans la classe

Jeudi dernier, élèves et professeurs avaient été confinés dans les classes pendant cinq heures, affirment les élèves et enseignants interrogés par La Presse. L’école avait ensuite été évacuée, mais les élèves sont ressortis « stressés et anxieux », décrit un professeur qui a requis l’anonymat, car il n’est pas autorisé à parler aux médias. Le tout était désorganisé et chaotique, raconte-t-il. « Des élèves ont dû uriner dans les poubelles, car on ne pouvait pas sortir. Les élèves ont été vraiment choqués par ça. »

Mercredi matin, peu avant le début des cours, 80 enseignants ont annoncé leur refus de travailler. Du personnel administratif a été appelé en renfort pour assurer la tenue des classes.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Les policiers ont procédé à l’évacuation de l’école de la Magdeleine, jeudi dernier.

« La menace était complètement levée. On ne permettrait pas un retour à la normale s’il y avait encore un danger », assure Kathlyn Morel, la directrice générale du Centre de services scolaire des
Grandes-Seigneuries (CSSDGS).

Mme Morel affirme qu’elle a communiqué au personnel les informations qui pouvaient être transmises sans nuire à l’enquête en cours. « Lorsqu’il y a une situation d’urgence, ce qu’on peut transmettre est restreint. Les policiers nous demandent de ne pas diffuser toute l’information. »

Parents inquiets

« Bon, encore », dit en soupirant la mère de deux élèves, présente sur place mercredi matin pour déposer ses deux filles. Bien qu’elle ne croie pas que les menaces soient fondées, elle espère avoir plus d’information sur la personne interpellée par la police la semaine dernière en lien avec l’évacuation.

« Même quand c’est des faussetés, il faut qu’il y ait des conséquences et qu’on soit mis au courant. J’aimerais que les élèves soient informés et sachent que c’est inacceptable pour que ça arrête une bonne fois pour toutes. »

« Lorsque des jeunes commettent des méfaits avec d’aussi grands impacts, la situation est prise en charge », explique la directrice, sans vouloir commenter un cas spécifique.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des élèves devant l’école de la Magdeleine

« On est plusieurs parents abasourdis. On veut que nos enfants soient en sécurité », affirme le père d’un garçon qui fréquente l’école. Il a requis l’anonymat pour ne pas avoir d’ennuis avec la direction.

En attendant une éventuelle arrestation, il espère que l’école prend la menace au sérieux. On entend plusieurs histoires de jeunes armés, de rivalité entre écoles et de tensions parmi les groupes d’adolescents dans l’actualité, souligne-t-il.

Ce que je trouve déplorable, c’est que les jeunes sont confinés pendant cinq heures dans une classe et qu’après, on leur dise que tout va bien sans qu’on sache s’il y a eu des arrestations ou si c’était sérieux.

Père d’un élève de l’école de la Magdeleine, qui a requis l’anonymat

Le père d’un autre adolescent fréquentant l’école va plus loin en affirmant que les mesures de sécurité dans les écoles sont insuffisantes. « Dans un climat pareil, on devrait au moins fouiller les sacs des étudiants. Ça fait quatre fois qu’il y a des menaces. »

« Pour le moment, on pense que ces menaces ne sont pas du tout reliées à un conflit. À ce jour, on ne sait même pas si c’est quelqu’un de l’école qui a publié les propos », nuance Kathlyn Morel.

La direction de l’école avait planifié une rencontre cette semaine entre les élèves et des policiers pour expliquer aux jeunes les enjeux et les conséquences de telles menaces.

Un effort supplémentaire sera déployé pour sensibiliser les jeunes au sujet des conflits sur les réseaux sociaux, insiste la directrice. « Lorsqu’on utilise les réseaux sociaux, ça peut déraper. C’est ça, la sensibilisation qu’il faut faire auprès de nos jeunes. »