Antoine Coby a été accusé samedi du meurtre au premier degré de Viergemene Toussaint, cette femme de 42 ans dont le corps retrouvé vendredi portait des marques de violence. Tout porte à croire qu’il s’agit de l’ex-conjoint de la victime, ce qui fait de l’affaire un possible féminicide.

C’est ce que démontrent des documents judiciaires qui ont été déposés au palais de justice, en marge d’une audience tenue samedi après-midi. Entre le 15 septembre et le 16 septembre, Antoine Coby « a causé la mort de Viergemene Toussaint, commettant ainsi un meurtre au premier degré, l’acte criminel prévu à l’article 235 du Code criminel », y affirment les autorités.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE VIERGEMENE TOUSSAINT

Viergemene Toussaint

Rappelons que l’accusé, âgé de 36 ans, avait été arrêté en soirée, vendredi. « Il a été transporté dans un centre de détention, où il a été rencontré par des enquêteurs de la Section des crimes majeurs au cours des dernières heures », a brièvement expliqué samedi l’agente Caroline Chèvrefils, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

L’accusé s’est présenté devant le juge André Perreault, par visioconférence, vêtu d’un chandail rouge et d’un couvre-visage. Dès le départ, Me Alain Pilotte, le procureur, a demandé qu’un interprète parlant le créole puisse être présent, afin de traduire tous les propos dans la langue maternelle de l’accusé ou de ses proches.

Jusqu’ici, la police de Montréal demeure prudente dans ce dossier, indiquant qu’il est « possible que le suspect » soit « l’ex-conjoint de la victime ».

Nos sources confirment toutefois qu’Antoine Coby est bien l’ancien conjoint de Viergemene Toussaint, dont le corps portait des marques de violence lorsqu’il a été identifié dans son appartement, situé dans l’arrondissement de Montréal-Nord. Il s’agirait du 24e meurtre de l’année sur le territoire montréalais.

Débat sur la forme

Me Pilotte et l’avocate de la défense, Me Véronique Fortin, ont débattu de la date à laquelle le dossier devrait être reporté. Le premier souhaitait le remettre au lundi 19 septembre, alors que la seconde souhaitait plutôt le reporter à la mi-novembre.

« C’est un peu loin, monsieur le juge. Je comprends qu’il y a une question de preuves, mais le 14 novembre, c’est dans deux mois. J’aurais préféré avant ça », a dit Me Pilotte, avant d’ajouter : « Vous savez qu’à cause de [l’arrêt] Jordan, les délais sont importants. »

En vertu de l’arrêt Jordan, établi par la Cour suprême du Canada en 2016, un délai maximal de 18 mois peut s’écouler entre le dépôt d’une accusation et le procès en cour provinciale. En matière de meurtre, le délai est plutôt de 30 mois.

La défense, elle, plaidait que « compte tenu de la nature des accusations, ce n’est pas nécessaire de reporter à lundi ». « C’est coutume de reporter à une date éloignée », a soulevé Me Fortin. Celle-ci s’est finalement ravisée, suggérant « une date rapprochée », soit le 17 octobre.

Après une brève pause, le juge Perreault s’est finalement rangé du côté de la poursuite en tranchant que la suite du processus se ferait dès le 19 septembre, en après-midi.

Libéré fin juillet

Selon nos informations, Antoine Coby devait déjà revenir devant le tribunal le 14 novembre prochain dans un dossier de violence conjugale. Il aurait séquestré et frappé la victime l’été dernier. Des sources indiquent qu’il aurait tenté de voler et de détruire son téléphone cellulaire.

Il avait été libéré sous conditions à la fin du mois de juillet, indiquent des documents judiciaires. On y précise également qu’il lui était interdit de s’approcher de la victime et de son domicile. Il n’avait pas le droit de communiquer avec elle.

Dans les derniers mois, le voisinage aurait été témoin de disputes entre la femme et son conjoint, indiquent nos sources. La Presse a pu confirmer que l’ex-conjoint soupçonné de meurtre aurait été arrêté à ce moment-là.

Rappelons que c’est un ami de la victime qui avait fait la triste découverte, vendredi matin. Les autorités ont été avisées aux alentours de 9 h 30. « L’ami en question n’avait pas de nouvelles de la victime depuis quelque temps. Il s’est donc présenté chez elle et a pu entrer dans l’appartement », avait expliqué l’agent Jean-Pierre Brabant.

Avec la collaboration de Mayssa Ferah, La Presse