Les policiers de Centaure, la stratégie québécoise de lutte contre la violence armée, ont interpellé plus de 200 individus criminalisés, ou ayant des liens avec le crime organisé, lors de trois opérations distinctes menées jeudi et vendredi derniers, dans le but de leur mettre de la pression pour réduire les violences armées qui secouent Montréal et la région métropolitaine.

Comme ils l’ont fait lors de la fin de semaine précédente, les policiers de Centaure ont visité près de 140 établissements licenciés à Montréal, Laval, Longueuil et dans plusieurs municipalités des rives sud et nord de la métropole, dans les nuits de vendredi et de samedi.

Plusieurs dizaines de policiers de la Sûreté du Québec (SQ), du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), du Service de police de Laval (SPL), du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et d’une quinzaine d’autres corps de police ont pris part aux opérations.

Les policiers, parmi lesquels on retrouvait les membres des escouades spécialisées dans la surveillance des bars et la collecte de renseignements Éclipse (SPVM), Équinoxe (SPL) et BIM (Brigade d’intervention multidisciplinaire SPAL), ont effectué une dizaine d’arrestations et émis une quinzaine de constats d’infraction pour des raisons diverses.

Selon nos informations, les policiers ont interpellé des individus reliés à plusieurs souches du crime organisé, à la mafia, aux motards, aux gangs de rue, y compris les Zone 43, une clique du quartier Montréal-Nord qui serait impliquée dans plusieurs évènements de coups de feu survenus depuis la fin de 2019, en particulier dans le nord-est de l’île de Montréal.

Interpellés directement sur l’autoroute

Alors qu’ils roulaient tranquillement sur l’autoroute 20 en direction de Montréal, une vingtaine de Hells Angels et de membres de l’un de leurs clubs supporteurs ont été interceptés en début d’après-midi jeudi, près de Drummondville, par les policiers de la SQ.

Les agents les ont interpellés en pleine autoroute et leur ont demandé de se ranger sur l’accotement, sous un viaduc, pour les aviser qu’ils les avaient à l’œil dans leur lutte contre les violences armées qui secouent la métropole.

Selon nos informations, les Hells Angels de la section de Montréal, qui seraient, d’après la police, les plus influents au Québec et que certains observateurs comparent aux défunts Nomads des années 1990, étaient à l’extérieur de la province cette fin de semaine, et c’est la raison pour laquelle ils n’avaient pas encore été interpellés par les policiers de la stratégie Centaure.

La vingtaine de motards interceptés jeudi après-midi auraient roulé en deux groupes, un premier dans lequel se serait trouvé Martin Robert et un second dans lequel aurait été présent Stéphane Plouffe, tous deux considérés par la police comme les Hells Angels les plus influents actuellement au Québec.

Au total, seize membres des Hells Angels et quatre membres des Maraudeurs ont été avisés par les policiers. Une dizaine de constats d’infraction au Code de la sécurité routière ont été remis.

Sur le chemin du retour, les policiers ont également intercepté des membres des Hells Angels de la section de Trois-Rivières.

Ils ont aussi interpellé, ces derniers jours, des membres des Death Messengers, club-école des Hells Angels, de plusieurs sections, et des membres d’autres clubs supporteurs.

Les individus reliés au crime organisé rencontrés par les policiers se défendent en disant qu’ils ne sont pas la cause des évènements de coups de feu survenus dans la région de Montréal depuis presque trois ans, en particulier des fusillades à haute capacité qui ont sensiblement augmenté, selon l’Équipe nationale de soutien à l’application de la Loi sur les armes à feu (ENSALA), chapeautée par la GRC.

Mais dans les rangs policiers, on considère que le crime organisé est derrière des règlements de compte qui surviennent sporadiquement et régulièrement dans la région métropolitaine, et qu’il ferait fréquemment appel à des membres de gangs pour réaliser ces contrats.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.