Les problèmes générés par la neige sur le fonctionnement de la Grande Roue de Montréal étaient connus avant l’accident ayant coûté la vie à un jeune travailleur de 22 ans en décembre dernier. Les employés étaient mal informés sur les procédures à suivre en cas d’intempéries.

C’est ce qui ressort du dernier rapport d’enquête de la CNESST sur l’accident ayant causé la mort de Riley Valcin à la Grande Roue de Montréal, le 25 décembre 2021.

Après que le jeune employé de 22 ans ait perdu la vie sur son lieu de travail, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) confirme dans son rapport final des lacunes quant à la formation des employés, leur supervision ainsi qu’aux procédures d’entretien en cas d’intempéries.

Grâce à la Loi sur l’accès à l’information, La Presse avait appris en mai dernier qu’une dizaine de manquements à la Loi sur la santé et la sécurité du travail avaient été constatés par les autorités de la CNESST sur le site de la Grande Roue de Montréal.

Les inspecteurs soulignaient notamment qu’une méthode de travail dangereuse avait été improvisée le jour de l’accident pour déneiger les structures de la grande roue pendant son fonctionnement.

Chronologie d’un drame évitable

« Entre le 7 et le 20 décembre 2021, le président de LGRDM [la Grande Roue de Montréal] et des ingénieurs de Dutch Wheels [concepteurs de la Grande Roue] étaient présents sur les lieux de travail, afin d’effectuer différents travaux d’inspection et de réparation de la grande roue », peut-on lire dans le rapport.

Durant cette même période, des inquiétudes quant au fonctionnement de la roue lors de conditions météorologiques difficiles comme des précipitations de neige avaient été soulevées par l’un des opérateurs.

Selon le rapport, le jour de l’accident, Riley Valcin avait été envoyé dans une zone d’accès interdite près des moteurs de la roue pour y déneiger manuellement les roues motrices de l’attraction, alors que celle-ci était en mouvement. Une méthode dangereuse, selon ce qu’ont constaté les inspecteurs de la CNESST.

Le manteau ouvert de la victime se serait ensuite pris dans l’engrenage de l’attraction, causant ainsi des blessures mortelles au niveau du bassin et du front.

Le manuel d’opération et de maintenance de la grande roue, dont le seul exemplaire offert en anglais n’était pas à la portée des employés, stipule pourtant qu’aucune personne n’est autorisée à accéder aux zones d’accès restreint lorsque le manège est en mouvement et qu’il ne faut jamais opérer le manège s’il y a dépôt de glace ou de neige sur le manège.

« Tous les accidents peuvent être évités par la mise en place de moyens de préventions. Que ce soient des moyens techniques comme des protecteurs ou des procédures, de la formation », a déclaré Judy Major à La Presse, l’une des inspectrices de la CNESST en charge de l’enquête.

« Les avocats de la CNESST analysent toujours le dossier, cela pourrait prendre jusqu’à un an avant que ce travail se termine », a affirmé Nicolas Bégin, porte-parole de la CNESST, en conférence de presse. Il ne peut cependant avancer si des accusations de négligence à l’encontre de l’employeur sont envisageables.

Après une demande d’accès à l’information, La Presse avait appris en mai dernier qu’une dizaine de manquements à la Loi sur la santé et la sécurité du travail avaient été constatés par les autorités de la CNESST sur le site de la Grande Roue de Montréal.

Des leçons tirées

« Nous aimerions tirer du positif de cette situation tragique, notamment en encourageant les travailleurs et travailleuses à mieux s’informer en matière de santé et sécurité au travail et aussi en encourageant les employeurs à mieux les protéger », a déclaré Joey Valcin, frère de la victime, au bout du fil avec La Presse. Il espère qu’une situation comme celle qu’a vécu son frère Riley ne se reproduise jamais.

« Nous avons pris acte du rapport final de la CNESST. Depuis le début, nous avons travaillé en étroite collaboration et en toute transparence [avec les enquêteurs] pour nous assurer que les mesures additionnelles requises avaient été mises en place », a indiqué Lawrence Esso, porte-parole de la Grande Roue de Montréal, en entrevue téléphonique avec La Presse.

Elle confirme que la presque totalité des recommandations du rapport a déjà été mise en place. Le site s’apprêterait d’ailleurs à installer un système électronique de verrouillage des portes d’accès menant aux installations de la roue.

Elle ajoute que six nouvelles portes ont aussi été installées afin de bannir complètement l’accès aux structures de la roue ainsi qu’à ses parties mobiles. Il est maintenant nécessaire d’obtenir l’approbation d’un opérateur en chef pour accéder aux zones restreintes.

Avec Vincent Larin, La Presse