L’enseignant de l’école primaire Adélard-Desrosiers accusé d’agression sexuelle sur une fillette de 11 ans ne pourra plus pratiquer son métier, puisque son brevet sera révoqué par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. L’homme de 27 ans aurait aussi occupé des emplois dans plus d’une école, a signalé mardi la police de Montréal, qui est toujours à la recherche d’autres victimes potentielles.

« Je peux garantir que le brevet sera révoqué. […] On me parle de quelques jours », a lancé M. Roberge lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale mardi.

Les gestes commis par Dominic Blanchette sont « intolérables », a dit l’élu, qui précise qu’une dizaine de brevets d’enseignant sont révoqués chaque année « pour des situations qui sont malheureusement similaires ». « Entre huit et dix fois par année, ça se rend jusqu’au bureau du ministre », pour des gestes qui « remettent en question la santé et la sécurité des élèves », a-t-il dit.

« C’est intolérable de penser que des membres du personnel abusent de la confiance et font eux-mêmes des violences sexuelles, ils sont là pour les prévenir », a lancé M. Roberge.

Déjà suspendu de ses fonctions par le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI), Dominic Blanchette aurait agressé sexuellement la jeune victime entre le 24 décembre et le 27 mai derniers, a rapporté La Presse plus tôt mardi. Arrêté dimanche dernier, il est également accusé de possession de pornographie juvénile, de partage de matériel sexuellement explicite et d’incitation à des contacts sexuels.

Dans une déclaration publiée mardi après-midi, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a quant à lui précisé que M. Blanchette « aurait occupé des emplois dans plus d’un établissement scolaire », en disant chercher d’autres de ses « victimes potentielles ».

Les autorités invitent toute personne qui aurait des informations pertinentes en lien avec ce dossier ou qui voudrait porter plainte contre l’accusé à contacter le centre anonyme et confidentiel d’Info-Crime Montréal.

Québec appelé à l’action

Trois élues de l’opposition somment toutefois Québec « d’aller plus loin » en faisant des gestes politiques concrets pour lutter contre les violences sexuelles en milieu scolaire. Chez les libéraux, la députée Marwah Rizqy réclame « dès maintenant une enquête du ministère ».

Elle se demande aussi « comment cet enseignant a pu tisser sa toile » et « s’il y a des gens qui savaient et qui ont décidé de faire l’autruche » à l’école. « Les agressions sexuelles en milieu scolaire sont un réel problème qui touche des mineurs. Il faut agir rapidement », presse-t-elle, en invitant le ministre à « signer un décret rapidement » pour lancer l’embauche du Protecteur national de l’élève, dans le cadre du projet de loi 9 dont l’étude détaillée vient de se terminer.

La députée solidaire Christine Labrie seconde. « Un gain important qu’on a fait dans le projet de loi 9, c’est d’avoir des formations obligatoires sur les violences sexuelles pour le personnel. Mais ça n’entrera par décret que quand le ministre va le décider. Ma demande est que ce soit fait le plus rapidement possible. On ne peut pas se permettre d’attendre plusieurs mois », martèle-t-elle.

On demande depuis des années d’avoir des politiques dans chacune des écoles pour prévenir les violences sexuelles, comme on le fait dans nos cégeps et universités. Ça prend des politiques élaborées avec les premiers concernés, les élèves.

Christine Labrie, députée de Québec solidaire

Dans les rangs péquistes, la députée de Joliette, Véronique Hivon, s’est désolée mardi d’apprendre « une autre histoire d’horreur d’agression en milieu scolaire ». « On s’explique mal comment de tels gestes peuvent être commis aujourd’hui, malgré toute la prévention qui doit être faite. Ce devrait être une obsession », a-t-elle réclamé dans une déclaration écrite.

M. Blanchette a été arrêté dimanche soir et a comparu lundi après-midi au palais de justice de Montréal, où les conditions de sa mise en liberté ont été établies. L’accusé ne pourra pas se trouver dans un parc public, une garderie, un terrain d’école, un terrain de jeu ou un centre communautaire. Il ne pourra pas retourner au travail. On lui interdit également d’utiliser l’internet à des fins récréatives. Le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI) a dit prendre « la situation très au sérieux ». Plusieurs psychologues ont été déployés à l’école, en plus de la suspension immédiate de l’enseignant.

Avec Alice Girard-Bossé