(Saint-Jérôme) Une ex-éducatrice spécialisée qui a eu de nombreuses relations sexuelles avec un adolescent de 16 ans très vulnérable a été condamnée à 40 mois de pénitencier, mercredi, au palais de justice de Saint-Jérôme. Deux ans plus tard, Geneviève Rioux évoque toujours une « relation amoureuse atypique » et sa « peine d’amour ».

« La grande vulnérabilité de cet adolescent qui vit avec plusieurs problématiques ajoute à la responsabilité [de l’accusée] », a affirmé la juge Sophie Lavergne, en relevant de nombreux facteurs aggravants dans cette affaire d’agressions sexuelles sur un mineur. La juge a ainsi écarté la suggestion très clémente de prison la fin de semaine proposée par la défense.

Geneviève Rioux, 44 ans, a plaidé coupable l’été dernier à deux chefs d’accusation pour des agressions sexuelles commises en 2018 et en 2019 à l’égard d’un adolescent de 16 ans. Ce dernier avait développé une relation « fusionnelle de dépendance » avec son éducatrice en raison de ses problèmes de développement. La victime refusait ainsi que d’autres intervenants que l’accusée s’occupent de lui.

Comme une « mère »

Après le départ de l’adolescent de l’école, Geneviève Rioux a maintenu le contact avec lui et a commis des gestes à caractère sexuel à partir du mois d’août 2018. En plus de baisers et de fellations, l’agresseuse a également eu des relations sexuelles avec l’adolescent à plusieurs reprises dans sa voiture et à son domicile. Le garçon considérait Geneviève Rioux comme une « mère ».

Après sa première arrestation, Geneviève Rioux a été remise en liberté en janvier 2019. Elle a toutefois fait fi des ordonnances de la cour et a poursuivi sa relation illégale avec l’adolescent en l’agressant sexuellement à nouveau.

En principe, un adolescent de 16 ans est en mesure de consentir à une relation sexuelle avec un adulte. Toutefois, quand il existe une relation d’autorité entre les deux personnes, ce consentement ne s’applique pas, comme dans le présent dossier, d’autant que l’adolescent vivait d’importantes difficultés personnelles.

« Une éducatrice spécialisée a créé un climat de dépendance et a profité de cette situation. Même si les gestes n’ont pas eu lieu à l’école ou alors qu’elle était en fonction, la dépendance s’est créée dans ce contexte et elle a entretenu cette dépendance après que le jeune eut quitté », a expliqué la juge Lavergne.

L’amour, facteur aggravant

Pendant les observations sur la peine, Geneviève Rioux a continué de parler d’une « relation amoureuse atypique ». Elle a ainsi expliqué qu’elle vivait alors dans un « conte de fées ». « [L’accusée] réfère à cette période comme une grande peine “ d’amour ” », dit la juge. Des propos préoccupants, selon la magistrate.

À ce sujet, la juge Lavergne a clairement refusé de considérer comme un facteur atténuant, comme le suggérait la défense, le prétendu consentement de l’adolescent dans le cadre de cette soi-disant relation « amoureuse ». Au contraire, il pourrait plutôt s’agir d’un facteur aggravant, aux yeux de la Cour suprême.

La procureure de la Couronne, MCaroline Lafeur, réclamait quatre ans d’emprisonnement, soulignant le surprenant « double standard » de peine lorsque l’agresseuse est de sexe féminin.

Parmi les facteurs atténuants, la juge a considéré la reconnaissance de culpabilité de l’accusée et ses responsabilités parentales. Toutefois, la liste des facteurs aggravants est très longue, ce qui justifie la peine de trois ans et quatre mois d’emprisonnement.