(Québec) Plusieurs victimes de l’attaque au sabre du Vieux-Québec ont témoigné mardi à la reprise du procès de Carl Girouard. Ils ont décrit le parcours sordide d’un tueur méthodique, calme et appliqué à tuer.

« Ce n’était pas fouillis, ce n’était pas taper pour taper. Il essayait de taper pour tuer », a raconté au jury le cuisinier Pierre Lagrevol.

L’homme d’origine française se promenait dans le Vieux-Québec avec son amie Lisa Mahmoud le 31 octobre 2020. Quand Mme Mahmoud a croisé Carl Girouard, vêtu comme un ninja, elle raconte « lui avoir souri ».

Puis le tueur a surpris les deux amis quand il a levé son sabre pour frapper M. Lagrevol sur la tête avant de s’en prendre à la jeune femme.

Désemparé, Pierre Lagrevol raconte avoir crié de toutes ses forces pour attirer l’attention du tueur et sauver son amie. « Les derniers coups, c’était pour embrocher », a-t-il raconté mardi au palais de justice de Québec.

Les deux amis grièvement blessés ont pu prendre la fuite, contrairement à Suzanne Clermont et François Duchesne, qui ont péri aux mains de l’assaillant ce soir-là.

« J’ai pensé qu’il voulait me faire une blague »

Rémy Bélanger, première cible du tueur, a raconté aux jurés qu’il avait d’abord cru à une blague de l’Halloween quand il a vu l’homme en noir lever son sabre devant lui. « J’ai pensé qu’il voulait me faire une blague. J’ai pensé qu’il voulait m’écœurer. »

L’avocat de la défense a interrogé les victimes sur l’attitude de Girouard. MPierre Gagnon a notamment demandé à une des victimes qui avait entendu l’assaillant rire s’il avait un « rire démoniaque ». Rappelons que le tueur a admis avoir attaqué des passants avec un sabre, mais qu’il allègue la non-responsabilité pour cause de troubles mentaux.

Le policer qui a arrêté Carl Girouard a raconté au tribunal l’avoir retrouvé au quai Saint-André, dans le Vieux-Québec, debout, son sabre à la main.

PHOTO SPVQ, FOURNIE PAR LA PRESSE CANADIENNE

Carl Girouard

« Il était calme, écoutait nos consignes, mais ne répondait pas à nos questions », a expliqué l’agent Dany Gauthier.

La Couronne a aussi déposé plusieurs éléments de preuve mardi, dont des textos entre l’accusé et son frère. Les deux jeunes hommes se disputaient la veille de la tuerie, dans une série de messages où il était question d’argent, de haschisch et du jeu vidéo For Honor, qui met en scène des guerriers munis d’épées.

Dans la chambre de l’accusé de 26 ans, les policiers ont retrouvé un symbole du chaos, soit une croix à huit branches, tracé sur un miroir. La même croix a été retrouvée sur le tableau de bord de la voiture que Girouard a abandonnée devant le Château Frontenac le soir de la tuerie.

Les policiers qui ont visité l’appartement de l’accusé dans la foulée de la tuerie ont aussi été surpris de trouver une lame plantée dans le matelas de sa chambre.