Pierrot Lachapelle a beau avoir effectué toutes les représentations possibles pour convaincre les commissaires aux libérations conditionnelles du Canada (CLCC) de ne pas l’assigner à résidence une fois qu’il sera libéré, rien n’y fit.

Lachapelle, cofondateur des Evil Ones, défunt club-école des Hells Angels, et considéré par les autorités comme une relation des Hells Angels de Sherbrooke, devra passer les six prochains mois dans une résidence reconnue par les services correctionnels, en plus d’y respecter un couvre-feu, entre 22 h et 6 h, et d’être astreint à d’autres conditions sévères.

Lachapelle, 49 ans, a été visé dans l’opération SharQc par laquelle la police a tenté d’éradiquer les Hells Angels au Québec en avril 2009. Mais ce n’est qu’après une cavale de quatre ans qu’il a été arrêté et accusé d’avoir comploté deux meurtres, ceux d’un trafiquant de stupéfiants indépendant, Mario Roy, commis à Saint-Valérien-de-Milton en avril 2000 et d’un membre du club ennemi des Rock Machine, Martin Bourget, survenu au camping Tropicana de Granby, en juillet de la même année.

Dans le premier cas, Lachapelle aurait surveillé la victime et accompagné le tireur, alors que dans le second, il aurait fourni les armes aux tireurs, selon la police.

Lachapelle a plaidé coupable à un chef réduit de complot pour meurtre et a été condamné à une peine de 17 ans et cinq mois en 2013. Trois ans plus tard, la Cour d’appel a toutefois réduit cette sentence de moitié, et Lachapelle est donc libéré d’office après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

Un club de « bicycle »

Aux commissaires aux libérations conditionnelles, Lachapelle a dit que sa criminalité a pris fin en 2001 et qu’il n’est pas membre des Hells Angels. Il a toutefois admis partager des repas ou discuter avec certains d’entre eux au pénitencier.

Il a dit avoir plaidé coupable dans un contexte de plaidoyer de groupe, a nié être relié aux meurtres qu’on lui reprochait mais a avoué avoir été mêlé à la guerre des motards durant les années 1990 et 2000 en tant que président d’un « club de bicycles ».

Il a argué que les informations sur sa présumée implication dans les meurtres étaient fausses et provenaient d’un informateur payé, qui n’est pas nommé dans la décision de la CLCC mais dont on peut penser qu’il s’agit de Sylvain Boulanger.

Lachapelle a raconté qu’après avoir mis fin à sa carrière criminelle en 2001, il a passé tous ses hivers au Costa Rica, où il a dirigé une compagnie de plongée sous-marine.

En 2009, la Voix de l’Est avait rapporté que Lachapelle avait aidé les plongeurs de la Sûreté du Québec — sans que ces derniers connaissent son identité — à retrouver le corps d’un garçon qui s’était noyé à Roxton Falls l’année précédente.

Un détenu intimidant

Durant sa détention, Lachapelle a subi des tests d’urine qui ont révélé la présence de drogues ou a refusé de subir des tests. Selon des rapports de renseignement, il aurait également été impliqué dans du trafic d’influence, de l’intimidation ou des représailles envers d’autres détenus. Il a également refusé systématiquement de participer à des programmes de réinsertion. La CLCC considère que les risques de récidive sont élevés.

« Pour en arriver à cette conclusion, la Commission prend également en considération la gravité de vos délits, les conséquences causées aux victimes et votre association à un groupe criminalisé. Vous avez volontairement choisi de vous investir dans les présents délits, avez participé, de près ou de loin, à la guerre des motards, vous étiez en possession d’une arme sur une base régulière, faisiez de la garde armée pour le compte de l’organisation et avez été impliqué dans la planification du meurtre. Vous avez aussi un important potentiel de violence » écrivent notamment les commissaires.

D’ici à la fin de sa peine, Lachapelle devra suivre un plan de traitement, éviter toute personne ayant un casier judiciaire ou étant liée à une organisation criminelle, éviter les débits de boisson, ne posséder qu’un seul téléphone cellulaire et divulguer toutes ses transactions financières.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.