Un physiothérapeute radié pour six ans de son ordre professionnel risque maintenant la prison pour avoir agressé sexuellement deux patientes pendant des traitements en 2018. Edgar Tobon n’a toutefois jamais été accusé au criminel pour avoir agressé une enquêtrice dépêchée par son ordre professionnel.

L’homme de 60 ans a plaidé coupable à deux chefs d’accusation d’agression sexuelle, le 5 février dernier, au palais de justice de Montréal. Membre de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec de 1993 à 2018, Edgar Tobon pratiquait à la Clinique de réadaptation Sacré-Cœur, à Mont-Saint-Hilaire, au moment des faits.

Edgar Tobon fait sa première victime en janvier 2018, une patiente d’une vingtaine d’années qu’il avait déjà traitée dans le passé. Le traitement de la jeune femme pour une forte douleur au bas du dos vire au cauchemar, lorsque le physiothérapeute insiste pour qu’elle reste en sous-vêtements, écarte ses jambes et touche ses parties génitales.

Lors d’un deuxième rendez-vous, la semaine suivante, Edgar Tobon touche les fesses de la victime une dizaine de fois, puis fait un va-et-vient à caractère sexuel entre les fesses et les parties génitales de la victime. Celle-ci sent alors que son agresseur est en érection.

La seconde victime, femme dans la cinquantaine, est la dernière patiente d’Edgar Tobon un soir de février 2018. Le thérapeute commence par masser le bas du dos de sa patiente, puis continue au niveau des fesses. La victime est mal à l’aise, mais ne dit rien. Edgar Tobon passe alors sa main sous la culotte de la victime et se met à lui masser l’anus avec ses jointures. « Excessivement troublée », elle lui dit d’arrêter et s’en va.

L’enquêtrice se fait agresser

La plainte déontologique de cette victime pousse la syndique de l’Ordre professionnel de la physiothérapie à mandater une enquêtrice pour faire la lumière sur le comportement de l’accusé. Or, celle-ci s’est fait agresser sexuellement à son tour par Edgar Tobon, révèle une décision du conseil de discipline de l’Ordre de janvier 2019.

À plusieurs reprises pendant le traitement, Edgar Tobon pose ses doigts sur les organes génitaux de la patiente. Selon la décision, le physiothérapeute semble alors « très heureux » et « rit » en disant à sa victime qu’elle aura une « jambe plus souple que l’autre ». Précisons que ce dossier n’a pas fait l’objet d’accusation criminelle.

S’il n’a rien déclaré lors sa reconnaissance de culpabilité criminelle, Edgar Tobon a été à peine plus bavard devant le comité de discipline de son ordre. En effet, il s’est contenté de « mentionner machinalement les mots “remords, regret, honte”, mais sans plus », indique la décision entérinant sa radiation de six ans, jusqu’en 2024.

En matière criminelle, son dossier reviendra en cour en juin prochain en vue des observations sur la peine. MLouise Blais pilote la cause pour la Couronne, alors que MLuc Simard défend M. Tobon, qui étudie maintenant la pâtisserie.