Le meurtrier de la jeune Brigitte Serre, assassinée dans d’atroces circonstances en 2006, devra rester derrière les barreaux pendant encore au moins cinq ans. La juge France Charbonneau a refusé lundi de permettre à Sébastien Simon d’avoir recours à la « clause de la dernière chance » pour recouvrer sa liberté avant d’avoir purgé 25 ans de prison.

« Le risque de récidive à moyen et à long terme est inacceptable », a conclu la juge France Charbonneau de la Cour supérieure. « Le chemin qu’il lui reste à parcourir sera long et ardu. »

Condamné à la prison à vie, Sébastien Simon doit en principe passer 25 ans derrière les barreaux avant d’être admissible à la libération conditionnelle. Mais grâce à une demande de révision, le meurtrier espérait convaincre un jury de réduire sa période d’inadmissibilité après seulement 15 ans de détention. Cette mesure abolie en 2011 par les Conservateurs est souvent surnommée « clause de la dernière chance ».

Avant de pouvoir plaider sa cause devant un jury, Sébastien Simon devait d’abord convaincre la juge Charbonneau de l’existence d’une « probabilité marquée » qu’un jury accueille la requête. C’est à cette étape préliminaire que la juge a rejeté la demande du meurtrier. Il pourra toutefois présenter une nouvelle demande dans cinq ans.

Le meurtre gratuit de Brigitte Serre avait choqué le Québec en janvier 2006. Sébastien Simon, 18 ans, avait assassiné son ex-collègue de 17 ans pendant le cambriolage d’une station-service de Saint-Léonard. Ligotée par un autre homme, l’adolescente avait réussi à prendre la fuite. Mais Sébastien Simon l’avait rouée de coups, puis traînée dans la salle de bain pour l’achever de 72 coups de couteau. « Je lui ai fait mal, la chienne », a-t-il lancé à ses complices.

Un meurtre décrit par la juge Charbonneau comme une « agression aussi inhumaine que monstrueuse ». « L’immense violence » de Sébastien Simon est d’ailleurs un élément très pertinent dans ce dossier, de même que son « sang-froid peu commun » et son manque d’empathie. Après le meurtre, Sébastien Simon avait festoyé avec ses complices en se payant des prostituées. Il s’était ensuite fait tatouer « Born to kill – Born to die » sur ses avant-bras.

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Sébastien Simon

La juge Charbonneau reconnaît que Sébastien Simon a fait de « véritables progrès » dans les dernières années. Ses progrès sont « importants et méritoires », dit-elle. Le meurtrier a en effet obtenu son DEC en sciences humaines et présente un comportement « respectueux ». Il est même président du comité des détenus.

Toutefois, les évaluations psychologiques ne sont pas « rassurantes à moyen et à long terme », ajoute la juge. Son risque de récidive violente demeure de 76 % sur une période de cinq ans selon les experts.

« Le fait qu’il ne s’explique toujours pas les gestes commis et le fait qu’il occulte encore ses sentiments ne sont pas de bon augure ou de nature à rassurer qu’il ne commettra pas un autre crime violent si les circonstances s’y prêtent », conclut-elle.

MPhilippe Vallières-Roland a représenté le ministère public, alors que MSandra Brouillette défendait Sébastien Simon.