Condamnée à six mois de prison, Solange Crevier n’aura finalement passé que deux semaines derrière les barreaux, grâce à sa nébuleuse « condition » médicale. C’est pourquoi la fraudeuse était chez elle la semaine dernière lorsqu’elle a reconnu avoir travaillé chez Desjardins sous une fausse identité.

Pendant près de deux ans, l’experte en fraude a réussi à repousser l’imposition de sa peine de six mois de prison à coups de mystérieux papiers médicaux. C’est seulement le 1er octobre dernier que Solange Crevier a finalement pris la route de la prison. Silencieuse dans le corridor, la fraudeuse avait soudainement été prise de quintes de toux incontrôlables pendant l’audience. Les agents avaient alors dû mettre en place le protocole de COVID-19 pour son incarcération.

Mais Solange Crevier ne sera pas restée longtemps en détention. Dès le 19 octobre, la criminelle a profité d’une permission de sortir à des fins médicales en lien avec la pandémie de COVID-19, indique une récente décision de la Commission des libérations conditionnelles du Québec (CLCQ).

Or, Solange Crevier n’a toujours reçu « aucun diagnostic officiel de [ses] problèmes » et doit subir encore « plusieurs examens pour obtenir le bon diagnostic », explique-t-on. Les nombreux passages caviardés dans la décision ne permettent pas d’en savoir davantage sur ses problèmes de santé.

Manque de transparence

Le manque de transparence dans le dossier de Solange Crevier n’est pas nouveau. En juin 2021, un procureur fédéral s’était même plaint à la cour de n’avoir obtenu qu’un « tableau Word » comme bilan de santé, au lieu du rapport médical complet attendu. De plus, pendant deux ans, les avocats ont toujours décrit en termes cryptiques les problèmes de santé de la criminelle, évoquant vaguement la COVID-19.

Il faut savoir que Solange Crevier est une experte en fabrication de documents. Elle s’était d’ailleurs fait embaucher chez VIA Rail grâce à un faux acte de naissance, cachant du coup ses antécédents criminels. Elle est toujours en attente de procès pour une affaire de fraude à l’égard du ministère de la Culture.

De sa résidence des Laurentides, Solange Crevier a d’ailleurs plaidé coupable à des accusations de supposition de personne et de fabrication de faux document, la semaine dernière à Québec. Selon Le Soleil, elle a reconnu s’être fait embaucher comme consultante chargée de l’implantation d’un système technologique pour Desjardins grâce à de fausses pièces d’identité. La fraudeuse a touché 500 000 $ pour ses services.

Devant la Commission des libérations, Solange Crevier a expliqué avoir « manqué de jugement » en cachant son identité réelle par « peur » de ne pas être embauchée. Selon la Commission, Solange Crevier présente un risque de récidive « faible » et n’est pas motivée par « l’appât du gain ». Ainsi, la CLCQ lui a accordé sa libération conditionnelle au tiers de sa peine, à compter de la fin de novembre.