Les amis de la victime cycliste Andrea Rovere, tué lundi par un camionneur accusé d’avoir ensuite pris la fuite sur l’avenue du Parc, à Montréal, organisent une collecte de fonds pour permettre de rapatrier son corps en Italie afin que sa famille puisse lui faire ses adieux.

« Le 27 septembre, notre cher ami Andrea Rovere s’est éteint tragiquement à la suite d’une collision mortelle avec un camion alors qu’il pédalait en ville, écrit Aurélie Petit sur la page de collecte de fonds GoFundMe.

« Le chauffeur aurait ensuite commis un délit de fuite. Nous avons encore du mal à prendre la mesure de cet évènement. Andrea était l’une des personnes les plus gentilles et généreuses que nous connaissions, toujours prêt à venir en aide aux autres. Il était très actif dans la communauté locale. Impliqué dans de nombreuses causes sociales, il jouait également de multiples instruments. Il avait emménagé à Montréal il y a quelques années, et y avait obtenu son doctorat en physique en décembre dernier. »

M. Rovere, âgé de 31 ans, détenait un doctorat en sciences de l’énergie et des matériaux à l’Institut national de recherche scientifique (INRS).

Giacomo Balistreri, un ami proche d’Andrea Rovere, note que la nouvelle de sa mort a été « dévastatrice » pour son entourage. « Andrea était un gars tellement brillant, tellement créatif et talentueux… Il adorait se déplacer à vélo, il roulait toujours, sauf l’hiver. Quand je suis arrivé d’Italie, il a été la première personne à m’aider à me faire une place ici. Il veillait à ce que je ne me sente pas seul. C’est un geste que je n’oublierai jamais. »

L’accusé, Brandon Marchand-Bibeau, lui, est chauffeur pour l’entreprise Épandage Dion & Fils. L’homme de 25 ans a été accusé mardi de ne pas s’être arrêté au volant de son véhicule, « sachant ou ne se souciant pas que l’accident a entraîné des lésions corporelles ayant causé la mort », sans avoir « d’excuse raisonnable » pour ne pas offrir d’assistance à la victime. Il a été libéré sous conditions, et son retour en cour est prévu en décembre.

Andrea Rovere étudiait loin de son pays natal, l’Italie, écrivent ses amis. « Sa famille ne l’avait pas vu depuis des années, et ils méritent de le voir une dernière fois. Malheureusement, les coûts associés au transport du corps et à l’organisation des funérailles sont considérables. » Plus de 20 000 $ ont été récoltés en quelques heures, jeudi.

Une cérémonie pour l’installation d’un vélo blanc aura lieu dimanche à 11 h à l’intersection de l’avenue du Parc et de l’avenue du Mont-Royal. « À la mémoire d’Andrea Rovere, nous érigeons un symbole pour susciter une réflexion sur les dangers des véhicules motorisés et des infrastructures déficientes, tout en commémorant la vie de la victime », a noté l’organisation Vélo Fantôme.

Intersection dangereuse

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’intersection où l’accident s’est produit.

La collision s’est produite vers 15 h 30 lundi à l’intersection de l’avenue du Parc et de l’avenue du Mont-Royal, un endroit qualifié le lendemain de « dangereux » par la mairesse Valérie Plante. Après la tragédie, elle et son opposant Denis Coderre se sont engagés à sécuriser les lieux afin de les rendre plus accueillants pour les nombreux cyclistes, piétons et touristes qui y transitent, notamment afin de rejoindre le parc du Mont-Royal, l’un des plus visités au Canada.

La mort d’Andrea Rovere a choqué la communauté cycliste, qui réclame depuis longtemps des aménagements plus sécuritaires à un endroit qualifié « d’autoroute » située en plein cœur du Plateau-Mont-Royal, le quartier le plus densément peuplé au pays.

« Ça fait 20 ans qu’on parle de la réfection de l’intersection du Parc et Camillien-Houde, deux rues trop larges qui engendrent vitesse et collisions au cœur de la ville. Encore un cycliste victime dans ce secteur. On attend quoi pour agir ? », avait réagi Suzanne Lareau, ex-PDG de Vélo Québec.