(Vancouver) Une juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a accepté ce qu’elle a qualifié de demande « quelque peu inhabituelle » de fournir des documents et une vidéo directement aux médias avant l’audience d’extradition de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou.

La juge en chef adjointe Heather Holmes a déclaré lors d’une brève audience qu’elle convenait à la fois avec la défense et avec le procureur général que les intérêts de la justice sont mieux servis par la transparence dans cette affaire très médiatisée.

Les documents en question comprennent une note, trois déclarations sous serment et des séquences vidéo de l’aéroport de Vancouver, où Mme Meng a été arrêtée en décembre dernier à la demande des États-Unis.

Les États-Unis cherchent à obtenir l’extradition de Meng Wanzhou pour des accusations de fraude, mais tant Mme Meng que Huawei ont nié avoir commis tout acte répréhensible.

Les documents dont il a été question mardi constituent des pièces à conviction que ses avocats entendent utiliser comme preuves dans sa demande d’accès à d’autres documents au cours d’une audience de divulgation de huit jours qui doit débuter le 23 septembre.

Les avocats de la défense comptent argumenter que l’arrestation de Mme Meng était illégale, mais ils ont précédemment indiqué vouloir avoir accès à l’enregistrement audio et demander d’autres documents par l’entremise de demandes d’accès à l’information.

L’approbation du tribunal mardi fait suite à une demande de la juge Holmes en mars que la défense et la Couronne collaborent pour trouver des moyens d’alléger le fardeau que la couverture médiatique fait peser sur le personnel du greffe.

En règle générale, les médias demanderaient par l’intermédiaire du greffier l’accès aux documents une fois qu’ils sont enregistrés comme des pièces à conviction.

« Il est quelque peu inhabituel de fournir aux médias une copie des documents judiciaires dès leur dépôt, même s’il faudra des semaines avant que la partie adverse ne réponde et que l’audience ait lieu », a déclaré la juge Holmes.

« Cependant, […], cette affaire a suscité un très grand intérêt du public et je partage l’opinion […] selon laquelle l’intérêt de la justice est mieux servi par la transparence dans ce cas », a-t-elle déclaré.

Le département américain de la Justice a déposé des accusations de complot, de fraude et d’obstruction contre Huawei et Meng Wanzhou, la fille du fondateur de l’entreprise, Ren Zhengfei.

Le procès d’extradition de Mme Meng doit commencer le 20 janvier, plus d’un an après son arrestation.

Mme Meng a été libérée sous caution et vit dans l’une de ses maisons dont la valeur est de plusieurs millions de dollars à Vancouver tout en portant un dispositif de suivi électronique et sous la surveillance d’une entreprise de sécurité.

Son arrestation a provoqué la colère de la Chine et entraîné le Canada dans une crise diplomatique avec la superpuissance asiatique.

Dans les jours qui ont suivi l’arrestation de Mme Meng, les autorités chinoises ont arrêté deux Canadiens soupçonnés d’espionnage.

Le gouvernement Trudeau a répété à plusieurs reprises que Mme Meng sera traitée de manière juste et transparente par une justice indépendante.