L’organisation de défense du patrimoine Héritage Montréal s’attriste devant la disparition de deux façades centenaires sur un chantier d’immeuble de condos de l’avenue Van Horne, plus tôt ce mois-ci.

Une première façade s’est effondrée le 9 février dernier, alors que sa voisine a été démolie une semaine plus tard. Elle était devenue instable et dangereuse.

« C’est vraiment dommage que la rue Van Horne perde ainsi deux témoins patrimoniaux des débuts de son urbanisation », a déploré Dinu Bumbaru, de Héritage Montréal.

« Leur terrain profond invitait à faire un projet de densification qui les aurait intégrées. L’été dernier, le promoteur en avait démoli les parties intérieures et arrière, ne laissant que leurs façades retenues par des charpentes temporaires, a-t-il continué. « Il aurait sûrement été préférable de ne pas permettre cette démolition partielle avant que le chantier du projet ne soit véritablement commencé. En fait, c’est le même promoteur qui est en train de bâtir un bloc de condos à l’angle voisin de l’avenue Querbes. »

Swimko, le promoteur immobilier propriétaire des lieux, n’a pas répondu au message ou aux appels de La Presse, lundi.

Enquête de la santé publique

En plus des préoccupations patrimoniales, les effondrements ont causé des inquiétudes sur le plan sanitaire : la façade tombée le 9 février dernier était faite de tuiles d’amiantes, selon son propriétaire précédent.

Vendredi, la Commission des normes, de l’équité et de la santé et sécurité au travail (CNESST) avait expliqué qu’elle n’avait jamais autorisé la démolition de la seconde façade, qui a soulevé beaucoup de poussière sur le chantier. Le chantier faisait l’objet d’une ordonnance d’arrêt des travaux.

La santé publique de Montréal a déclenché une enquête sur la présence potentielle d’amiante dans l’air du secteur.

« La CNESST doit gérer le dossier de l’amiante, et pour ce faire a exigé des tests des débris du bâtiment. Les résultats seront envoyés à la Direction de la santé publique », a indiqué Sylvain Leclerc, en charge des communications de l’arrondissement d’Outremont. « Les débris du chantier ne pourront pas être enlevés tant que la CNESST ne donnera pas son accord. D’ailleurs aucune intervention sur le site du chantier ne peut être effectuée jusque-là. »