Un projet de tour risque de changer l’allure de l’avenue McGill College, au moment où l’artère du cœur du centre-ville de Montréal s’apprête à accueillir une station du Réseau express métropolitain (REM) et à être piétonnisée de façon permanente.

Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, propose de débarrasser la Place Montréal Trust de son granit rose et de lui ajouter 13 étages. Des critiques se font toutefois déjà entendre, notamment quant à l’impact sur la vue sur le mont Royal et à l’expérience des milliers de personnes qui fréquentent chaque jour le secteur.

« Le projet prévoit de garder le centre commercial et d’ajouter de la densité au-dessus », a fait valoir Peter Tragoulias, vice-président responsable du développement chez Ivahnoé Cambridge.

Le coin est très stratégique à côté du REM. On pense qu’il va y avoir une demande potentielle pour plusieurs usages.

Peter Tragoulias, vice-président responsable du développement chez Ivahnoé Cambridge

« Il y a un sentiment que l’usage optimal, aujourd’hui, c’est pour du résidentiel », a ajouté M. Tragoulias, précisant toutefois que les étages inférieurs demeureraient commerciaux.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

La Place Montréal Trust et la Tour Bell Média, au second plan (à droite)

La Place Montréal Trust est un bâtiment d’inspiration postmoderne conçu par l’architecte canadien Eb Zeidler et inauguré en 1988. Il est adossé à la Tour Bell Média, un gratte-ciel de 125 mètres bâti en même temps.

« On s’inquiète »

Ivanhoé Cambridge aura toutefois fort à faire pour convaincre certains intervenants de l’opportunité du projet.

Fin janvier, en consultation publique, Héritage Montréal et Les Amis de la montagne ont émis des réserves quant aux plans proposés, signés par la firme d’architecture réputée Daoust Lestage.

« On s’inquiète de l’impact potentiel du projet d’agrandissement sur les vues vers la montagne », a affirmé Jean-François Roy, des Amis de la montagne. Les croquis sont « préoccupants », a-t-il continué.

On aimerait que la densification soit mieux dosée.

Jean-François Roy, conseiller en urbanisme, environnement et patrimoine des Amis de la montagne

« Il y a une préoccupation sur la présence emblématique du mont Royal », a confirmé Dinu Bumbaru, fondateur d’Héritage Montréal, en soulignant que le bâtiment se trouve entre la montagne et le nouvel Anneau de la Place Ville Marie. Même s’il n’empiète pas directement sur la vue, le nouveau bâtiment aurait quand même un impact visuel important, a-t-il dit.

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L’Anneau de la Place Ville-Marie

Assurant qu’il avait beaucoup de respect pour Ivanhoé Cambridge et les architectes de Daoust Lestage, M. Bumbaru leur a suggéré de proposer une façade plus « jazzée ».

L’arrondissement a assuré que selon ses modélisations, la vue sur le mont Royal n’en pâtirait pas. Les Amis de la montagne semblaient dubitatifs devant cette affirmation.

« Nos préoccupations sont solutionnées »

Une chose est certaine : l’administration Plante est maintenant convaincue du bien-fondé du projet.

« L’impact sur les vues protégées est nul », a assuré Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de Valérie Plante, en entrevue avec La Presse. « Il y a la Tour Bell Média qui est derrière et qui a une certaine hauteur », ce qui bloque déjà plusieurs perspectives.

Quant à l’ampleur du nouveau bâtiment, avec une haute façade directement sur l’avenue McGill College, l’élu n’est pas trop inquiet. « Nos préoccupations sont solutionnées », a-t-il affirmé.

C’est un bâtiment qui marque le coin, […] il nous faut une architecture de qualité, d’envergure, qui contribue à animer l’espace.

Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal

L’avenue McGill College doit être transformée en immense place piétonne dans les prochaines années. Le chantier doit débuter l’an prochain.

L’architecte Renée Daoust était présente à la séance de consultation publique de fin janvier. Elle a fait valoir que les croquis du projet diffusés jusqu’à maintenant étaient loin d’être des plans finaux.

« On va avoir une seconde étape », a-t-elle assuré, promettant de tenir compte des commentaires formulés par les différents intervenants. « Ce qui est important pour nous, c’est qu’on n’ait pas de la fenestration qui est barricadée éventuellement, comme on a à l’heure actuelle », ce qui pourrait permettre une meilleure interface entre le bâtiment et la rue malgré l’ajout de 13 étages.