Le fléau du vol de vélos semble être reparti à la hausse dans la métropole québécoise après une accalmie pandémique, selon des chiffres obtenus par La Presse en vertu d’une demande d’accès à l’information.

Entre le début de l’année 2023 et la fin de septembre, le nombre de signalements au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour vol de vélo a atteint un sommet des cinq dernières années. Pas moins de 2462 personnes ont rapporté que leur vélo avait été volé, en hausse de près de 300 par rapport au chiffre de 2167 pour la même période en 2022. Au cours des premiers mois de 2019 à 2021, le nombre de signalements était sous la barre des 2000.

Le vol de vélo est « un énorme problème et une nuisance tout de même importante pour les citoyens », dit Olivier Côté, administrateur du groupe Facebook Vélo Volé – Montréal, qui compte plus de 15 000 membres. « Se faire voler son moyen de transport, c’est non seulement choquant et coûteux, mais ça désorganise. »

Un sentiment que confirme Armando Menicacci, dont le vélo a été volé le 31 octobre dernier, en face de la station de métro Frontenac. « D’abord, j’étais vraiment déçu », laisse tomber celui qui avait pourtant sécurisé sa monture avec un cadenas de marque Kryptonite, parmi les meilleurs sur le marché. « Je suis forcé de changer la façon de me déplacer, et je ne sais pas quand je pourrai m’acheter un nouveau vélo. »

Kelly Waszkiewicz a vécu une situation semblable après qu’un voleur s’est introduit dans le garage de son immeuble de condos, le 2 novembre. Par chance, toutefois, elle est parvenue à retrouver son vélo : « Je me suis tournée vers les réseaux [sociaux], et c’est ça qui m’a aidée, plus que la police. »

Elle y est allée de nombreuses publications, dans des groupes de son quartier notamment, et une Samaritaine a vu le vélo dissimulé « dans un buisson ». « Elle l’a pris et m’a contactée », raconte Mme Waszkiewicz.

Elle déplore que la police ne puisse pas faire « grand-chose » en pareilles circonstances. Parmi ses amis qui se sont fait voler leur vélo, par exemple, « tous ceux qui l’ont retrouvé l’ont fait par eux-mêmes, pas avec l’aide de la police », dit-elle.

Prévention difficile

Cette hausse marquée survient après que le SPVM a lancé, au printemps 2021, le projet Garage 529, qui a comme objectif de prévenir le vol de vélo et le recel. Le concept est fort simple : il suffit d’enregistrer sa monture avec son numéro de série et des photos, puis d’y apposer une vignette autocollante.

Il est alors possible de signaler un vol par l’entremise du site ou de l’application de Garage 529. Le tout tend à faciliter l’identification du propriétaire d’un vélo retrouvé et doit permettre aux acheteurs de seconde main de s’assurer qu’ils ne se procurent pas un vélo volé. Depuis l’entrée en vigueur du programme, le SPVM a organisé plus de 25 opérations d’enregistrement.

Chargée de communication au SPVM, Caroline Labelle estime que « l’augmentation du nombre de vélos rapportés volés peut s’expliquer par plusieurs facteurs ». Les gens peuvent par exemple être plus « sensibilisés à rapporter ce type de vol ».

Situation semblable à Laval

Au nord de la métropole, le Service de police de Laval a également constaté une tendance à la hausse du nombre de vols de vélos rapportés. Au 30 septembre 2023, pas moins de 135 vols avaient été signalés au corps de police.

À pareille date lors des quatre années précédentes, une moyenne de 102 vols était observée, avec un sommet guère plus élevé de 108 en 2021.

Note discordante dans le Grand Montréal : Longueuil, où les 210 vols signalés du début de l’année jusqu’à la fin du mois d’août marquent un creux depuis 2020, quand ce chiffre s’élevait à 283. Seul le portrait de 2019 est meilleur, avec 196 vols. Dans l’agglomération de Longueuil, les forces de l’ordre s’efforcent par ailleurs de mettre de l’avant le projet Garage 529, a confirmé le corps de police.

En savoir plus
  • 22 120
    Nombre de vélos enregistrés auprès de Garage 529 dans la région de Montréal
    Source : Service de police de la Ville de Montréal