Quand on parle des trésors que recèlent les rues de Montréal, on fait généralement référence à de bonnes adresses.

Rue du Couvent, dans l’arrondissement du Sud-Ouest, c’est littéralement la rue qui contient un artefact du passé.

De vieilles traverses en bois datant probablement du milieu du XIXe siècle sont à nouveau visibles sur l’axe routier.

Elles se trouvent tout juste au nord de la rue Notre-Dame, dans le quartier Saint-Henri. Les images captées depuis 15 ans par Google Street View permettent de constater que les traverses ont refait surface voilà quelques années, avant d’être couvertes d’asphalte, couverture qui a aujourd’hui disparu.

  • Un segment d’une traverse en bois était visible en 2011.

    CAPTURE D’ÉCRAN DE GOOGLE STREET VIEW

    Un segment d’une traverse en bois était visible en 2011.

  • Sur cette image de 2016, le trou est recouvert d’asphalte.

    CAPTURE D’ÉCRAN DE GOOGLE STREET VIEW

    Sur cette image de 2016, le trou est recouvert d’asphalte.

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Selon Pierre Barrieau, président de Gris Orange Consultant et chargé de cours à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, il s’agit fort probablement de traverses de la voie ferrée qui reliait le port de Lachine au centre-ville de Montréal, soit le premier chemin de fer de Montréal, et qui traversait le secteur.

« Je gagerais que ça vient de ce chemin de fer là », dit-il.

Démantèlement des chemins de fer

À l’époque, trois compagnies de chemin de fer étaient présentes à Montréal : le Canadien National (CN), le Canadien Pacifique (CP) et le Grand Tronc.

« Le CN allait au centre-ville, à la gare Centrale. Le CP passait par la gare Windsor et la gare Viger. Et le Grand Tronc reliait Lachine à une station qui était à côté de ce qui est aujourd’hui l’École de technologie supérieure (ÉTS) », dit M. Barrieau.

L’expert note que plusieurs voies de chemin de fer ont été démantelées dans le passé. « Mais retirer les rails coûtait cher, alors dans bien des cas, la solution était de simplement étendre du bitume dessus. On peut encore voir des rails parfois entre le bitume dans la rue Sainte-Catherine dans l’Ouest, ou encore dans la rue Saint-Jacques. »

Dans le cas de la rue du Couvent, ce sont seulement les traverses de bois qui sont restées.

Avec les années, le gel et le dégel font en sorte que les traverses redeviennent apparentes. Un phénomène qui s’accélère avec le réchauffement du climat, note M. Barrieau.

Avant, le gel durait tout l’hiver à Montréal. Maintenant, on vit plusieurs épisodes de gel et de dégel durant la saison froide, de sorte que ça rend le phénomène plus courant encore.

Pierre Barrieau, chargé de cours à l’Université de Montréal

La présence de traverses de bois sur la chaussée est donc « normale », avance-t-il, ajoutant que la situation présente tout de même un certain danger.

« Des gens pourraient penser que c’est une traverse piétonne, alors que ça n’en est pas une. Aussi, quand le bois est mouillé, il devient glissant, alors ça pourrait faire chuter un piéton ou cycliste, par exemple », dit-il

Anyck Paradis, chargée de communication de l’arrondissement du Sud-Ouest, note que la rue fait partie du réseau artériel de la Ville.

« Dans l’attente de sa réfection dans le cadre du financement du Programme complémentaire de planage-revêtement, nos équipes procéderont à une réparation temporaire », dit-elle.