Cet été, La Presse vous fait découvrir sept rues piétonnes de Montréal.

En bannissant la circulation automobile, la piétonnisation des rues procure habituellement une accalmie, côté bruit, aux résidants des artères visées. Ceux qui habitent l’avenue Duluth, l’une des rares faites de pavés à Montréal, en savent quelque chose.

Quoiqu’attrayante à l’œil, cette caractéristique – les pavés – vient avec certains inconvénients.

« Les roues sur le pavé font énormément de bruit, dit Jean-Francis Strayer, président de l’Association des commerçants de l’avenue Duluth. La piétonnisation donne un répit à tous les occupants, le temps d’un été. C’est surtout agréable pour les restaurateurs avec terrasses puisque les gens peuvent manger tranquillement, sans entendre le roulement des roues et sentir les tuyaux d’échappement à la hauteur des assiettes. »

  • L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

  • L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

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    L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

  • L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

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    L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

  • L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

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    L’avenue Duluth est piétonne pour l’été.

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Et de restaurants, l’avenue Duluth en regorge. Que ce soit pour aller déguster un repas au fameux Jardin de Panos ou prendre le petit déjeuner Chez José, curieux et habitués investissent l’artère historiquement reconnue pour ses tables « apportez votre vin ».

« Comme publicité, il n’y a rien qui fonctionne aussi bien que croiser notre terrasse remplie de bons plats et de fous rires », indique Julian Strayer, propriétaire du restaurant Les oiseaux de passage.

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Julian Strayer, propriétaire du restaurant Les oiseaux de passage

Le stationnement, « un calvaire »

En plus d’aider à diminuer la pollution sonore et atmosphérique causée par les voitures, la piétonnisation encourage les gens à visiter le Plateau Mont-Royal en transports en commun.

Ça aide à éviter certains débordements, quand on pense aux gens qui prennent leur voiture après avoir bu un coup. On revient à des pratiques un peu plus anciennes, où les gens se déplacent autrement.

Julian Strayer, propriétaire du restaurant Les oiseaux de passage

Tous ceux qui fréquentent le Plateau Mont-Royal connaissent les problèmes entourant le stationnement dans l’arrondissement. Jean-Francis Strayer parle de « calvaire à longueur d’année ».

Depuis l’automne dernier, la Ville a mis en place un système de vignettes de 24 heures, offertes au coût de 8 $ aux bornes de stationnement. Il suffit d’entrer le code PMR02. « La Ville pourrait mieux l’afficher, car plusieurs personnes ne le savent pas », suggère Jean-Francis Strayer.

Une vie de quartier inégalée

« Cette portion du Plateau, c’est un village. C’est multiculturel et les gens y habitent longtemps », souligne Françoise Saliou, propriétaire de Pierre de Lune, une boutique spécialisée en décoration en verre.

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Françoise Saliou, propriétaire de la boutique Pierre de Lune

D’après la dame, qui réside au-dessus de son commerce, la piétonnisation « enrichit » la vie de quartier.

On voit des enfants courir, des mamans avec une poussette. Le soir, on laisse nos fenêtres ouvertes et on entend la musique qui berce la rue.

Françoise Saliou, propriétaire de la boutique Pierre de Lune et résidante du quartier

Jean-Francis Strayer souhaite que la programmation des activités de l’artère piétonne reflète cet esprit familial et convivial.

« On a planifié des activités pour tous les âges, puisqu’il y a un esprit de communauté sur cette rue. Foires commerciales, cours de yoga, spectacles musicaux, il y en a pour tous les goûts », énumère le président de l’association des commerçants.

Françoise Salilou applaudit cette initiative.

« Grâce aux festivités, les gens viennent s’implanter sur la rue l’instant d’une soirée et ils y laissent leur signature. C’est bien agréable. »

Selon Mathieu Livernois, propriétaire du Sonik, un magasin de vinyles spécialisé en musique punk hard core, la piétonnisation change sa clientèle.

« Je vois des visages différents qui entrent dans ma boutique par curiosité, contrairement à ceux qui viennent habituellement, qui sont souvent des habitués. C’est le fun de voir toutes sortes de personnes. »

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La boutique de vinyles Sonik, tenue par Mathieu Livernois

Cohabitation contrôlée

L’avenue Duluth n’échappe pas au problème d’itinérance, qui préoccupe l’association des commerçants de l’avenue. Jean-Francis Strayer travaille avec plusieurs organismes, comme Emmis, dont les membres patrouillent et veillent au bon voisinage.

L’organisme En plein milieu offre également des formations à certains commerçants, pour leur apprendre à mieux intervenir auprès des gens agités. « La réponse des commerçants dans ce genre de situation a un immense impact sur l’atmosphère de l’avenue », indique Jean-Francis Strayer.

La pandémie de COVID-19 a touché l’avenue Duluth, en emportant notamment l’une de ses adresses les plus populaires : le restaurant L’Académie, à l’angle de Saint-Denis.

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Le restaurant L’Académie, fermé depuis la pandémie

Jean-Francis Strayer se réjouit toutefois de constater qu’une majorité de commerces ont survécu.

« Ça démontre la force de caractère de chacun des humains derrière ces commerces. Ce sont souvent des entreprises familiales, où on trouve des gens qui travaillent avec cœur et, surtout, sans horaire fixe. Ce sont de vrais travaillants, et ça paraît. »

Piétonnisation de l’avenue Duluth

Entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Hubert, jusqu’au 5 septembre 2023.