Montréal souhaite réparer les dégâts causés par les flammes une fois le feu éteint, a assuré la mairesse Valérie Plante

Des occupants désemparés, des dizaines de sinistrés, un octogénaire hospitalisé, une centaine de pompiers toujours sur les lieux et un bâtiment patrimonial ravagé par les flammes : l’incendie majeur survenu au monastère du Bon-Pasteur à Montréal s’est poursuivi au lendemain du drame, provoquant une mauvaise qualité de l’air dans les environs. L’accès limité à la source de l’incendie en raison de la forme des toits explique notamment la durée du brasier.

Ce qu’il faut savoir

  • L’incendie était en voie d’être maîtrisé vendredi soir.
  • Personne n’est porté disparu ou n’a été blessé dans l’incendie, a assuré Robert Rousseau, porte-parole du SIM.
  • De la fumée a été aperçue vers 16 h 30, le 25 mai, venant du toit de la Chapelle historique du Bon-Pasteur.
  • Le monastère abrite 37 logements pour personnes de 55 ans et plus, qui ont dû être évacuées en raison de la fumée.
  • La Chapelle historique du Bon-Pasteur est reconnue comme l’une des salles de spectacle prestigieuses de Montréal. Elle est aussi membre du réseau des maisons de la culture de la Ville de Montréal.
  • Le complexe patrimonial fait aussi office de « pionnier » dans la lutte pour la préservation du patrimoine à Montréal, a déclaré Dinu Bumbaru, porte-parole d’Héritage Montréal.
  • Environnement Canada a publié un bulletin spécial vendredi sur la qualité de l’air en raison de cet incendie majeur au centre-ville de Montréal.

Il aura fallu plus de 24 heures pour que l’incendie qui s’est déclaré jeudi après-midi dans ce complexe architectural historique ne soit finalement en voie d’être maîtrisé.

Vers 17 h vendredi, il n’y avait « plus grand signe d’incendie apparent », selon Sylvain Jalbert, porte-parole du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). « C’est sur le point d’être maîtrisé », a-t-il confirmé.

Le SIM n’avait toutefois pas déclaré l’incendie terminé à la fin de la soirée.

Impossible de savoir pour l’instant quand les dizaines d’évacués pourront retourner sur les lieux. L’enquête pour déterminer la source du feu devrait débuter lundi, a ajouté M. Jalbert

« C’est un méchant deuil », souffle Diane Bérubé, qui habite depuis trois ans l’endroit ravagé par les flammes. Rencontrée en après-midi, elle jette un œil consterné au bâtiment qui brûle. Les pompiers sont toujours à l’œuvre. Férue d’art et d’histoire, elle se désole de l’immense perte d’une magnifique salle de musique et d’un jardin enchanteur parsemé d’hydrangées. « J’adore mon appartement. J’adore vivre ici », confie-t-elle la voix tremblante et la larme à l’œil.

  • L’incendie s’est déclaré aux alentours de 16 h 30 jeudi, propageant une inhabituelle odeur et un immense panache de fumée dans les environs.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    L’incendie s’est déclaré aux alentours de 16 h 30 jeudi, propageant une inhabituelle odeur et un immense panache de fumée dans les environs.

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

  • PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

1/6
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

« J’ai de la chance, car je suis allée chez ma fille. Je suis soulagée qu’il n’y ait pas de morts », ajoute-t-elle. Mais tous ses effets personnels sont perdus : les photos de famille, les vêtements, les bibelots. « Dès que j’ai senti la fumée, j’ai pris mon téléphone et mon portefeuille », raconte la dame.

Jeanne Brabant, 22 ans, a passé toute son adolescence dans un des appartements touchés par l’incendie. Elle ne s’attendait pas à de tels dommages quand elle a entendu la première alarme jeudi après-midi. Elle est rapidement sortie de son logement en enfilant le manteau de sa mère. « Je pensais que c’était quelque chose de mineur. Que j’allais être chez moi après avoir passé une heure dehors », explique-t-elle.

Elle a finalement passé la nuit chez des amis de la famille.

C’est vraiment plate. Je suis fatiguée. J’ai tous mes souvenirs d’adolescence dans ce logement-là.

Jeanne Brabant, résidante évacuée

Réparer les dégâts

« C’est d’une tristesse inouïe. Cet endroit est un lieu magnifique et la chapelle avait été restaurée dans les règles de l’art », s’est désolée la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Le bâtiment patrimonial ravagé par les flammes jeudi après-midi abrite une coopérative, des logements à prix modique pour les aînés, des locaux occupés par des organismes communautaires ainsi qu’une salle de concert.

En raison d’une confusion administrative, les 27 ménages de la coopérative d’habitation n’ont d’abord pas été pris en charge par la Croix-Rouge, a souligné à La Presse Patrick Préville, directeur général de la Fédération de l’habitation coopérative du Québec. La situation était en voie d’être réglée vendredi soir.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La mairesse Montréal, Valérie Plante, et le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe

« La chapelle et le monastère datent de 1846. C’est une perte importante. Quand on sera rendu là, ce sera important qu’on collabore avec la Ville pour restaurer [l’édifice]. On sera au rendez-vous », a ajouté le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, venu de Québec pour constater l’étendue des dégâts.

Le premier ministre du Québec François Legault a quant à lui exprimé su Twitter son soutien aux pompiers et aux personnes évacuées.

« La coupole de Bon-Pasteur est un point de repère de notre milieu. Malheureusement, je ne suis pas certaine qu’on va pouvoir reconstruire comme ça a été fait », estime pour sa part Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques et co-porte-parole de Québec solidaire.

Conditions difficiles

Le foyer de l’incendie se trouve dans le comble de la chapelle du bâtiment patrimonial, un endroit difficile d’accès pour les pompiers.

Il y a peu d’espace de manœuvre étant donné le secteur plutôt étroit, a souligné le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM).

« Si ça avait été un toit plat, ça aurait été autre chose, détaille M. Jalbert, du SIM. Un toit en pignon, on ne peut pas monter dessus à pied d’homme, faire des trous, etc. C’est vraiment l’accessibilité au foyer d’incendie qui a compliqué la tâche [des pompiers]. » Le fait que l’incendie était un feu d’entretoit a aussi accéléré sa propagation, estime M. Jalbert. « Comme tous les feux d’entretoit, mais c’est sûr que ça date de 1846, donc ce n’est pas une construction neuve. »

Le feu s’est déclaré aux alentours de 16 h 30 jeudi, propageant une odeur inhabituelle et un immense panache de fumée dans les environs. « Le feu s’est propagé très rapidement », a décrit le directeur du SIM, Richard Liebmann.

« On ignore pour l’instant la cause de cet incendie », a-t-il ajouté. Les dommages sont importants et l’architecture de la bâtisse complexifie la tâche des équipes sur place.

Une partie de la toiture s’est effondrée, de même qu’une partie du clocher – qui a donné du fil à retordre aux pompiers.

Personne n’a été gravement blessé lors de l’incendie. Un homme de 80 ans a toutefois été transporté à l’hôpital en raison d’hypothermie dans les heures ayant suivi le début de l’incendie. Il se trouvait toujours sur les lieux. Le bâtiment avait pourtant été évacué.

« Tout le monde a été évacué, on a validé également avec le responsable du bâtiment qui nous a confirmé le dénombrement et personne ne manque à l’appel. Donc, comment ça se fait que quelqu’un était à l’intérieur ? Ça va faire l’objet d’une enquête parce qu’il y a beaucoup d’informations contradictoires à ce sujet », a expliqué M. Liebmann aux médias.

Les enquêteurs devraient commencer leurs recherches lundi, a indiqué M. Jalbert.

Qualité de l’air

La fumée se propageait vers le sud de l’île de Montréal vendredi matin. « On suggère aux gens des alentours avec des difficultés respiratoires d’éviter le secteur », explique le SIM.

La qualité de l’air est touchée, j’invite la population à éviter le secteur et à s’abstenir de faire de l’exercice aux alentours.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Environnement Canada a publié un bulletin spécial sur la qualité de l’air en raison de cet incendie majeur au centre-ville de Montréal. « La fumée cause une mauvaise qualité de l’air ainsi qu’une visibilité réduite pour les secteurs avoisinant l’incendie. Les niveaux de pollution sont supérieurs à la normale et devraient persister jusqu’à [vendredi] matin », indique-t-on.

Une toux inhabituelle, l’irritation de la gorge, des maux de tête et l’essoufflement comptent parmi les symptômes à surveiller pour les citoyens exposés à la fumée. Les enfants, les aînés et les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire ou pulmonaire, comme l’asthme, sont plus à risque.