La Ville de Montréal a observé une hausse spectaculaire du nombre d’incendies provoqués par des batteries lithium-ion pendant la dernière année. Un phénomène qui pourrait être attribuable à la grande popularité des vélos et trottinettes électriques de plus en plus visibles dans les rues de la métropole.

Dans son Rapport des activités 2022, le Service de sécurité incendie de Montréal indique que 24 incendies ont été causés par des batteries lithium-ion, sans donner plus de détails cependant. Le document souligne néanmoins que, « mal utilisées, les batteries rechargeables lithium-ion de plus en plus présentes dans les cellulaires, les tablettes, les ordinateurs portables, les trottinettes électriques, etc., peuvent prendre feu ».

C’est une hausse importante par rapport à 2021 alors que seulement 7 incendies attribuables à des batteries lithium-ion avaient été constatés. Entre 2018 et 2020, 17 incendies du genre avaient été répertoriés sur le territoire de la Ville de Montréal, soit une moyenne de 5,6 par année.

Un phénomène similaire s’observe dans plusieurs autres grandes villes nord-américaines. En mars dernier, la Ville de New York a annoncé un plan pour faire face à une hausse appréciable des incendies provoqués par des batteries lithium-ion utilisées dans des « appareils de micromobilité ». En 2020, les autorités new-yorkaises ont répertorié 44 incendies du genre ; il y en a eu 220 en 2022.

Entre 2021 et 2022, la métropole américaine a aussi enregistré 10 décès et 226 blessés lors d’incendies causés par des batteries lithium-ion.

Explosion d’une batterie lithium-ion à New York

Les feux provoqués par des trottinettes ou des scooters électriques sont en effet spectaculaires et difficiles à combattre. « C’est un feu qui est très difficile à éteindre. Il faut une substance qui va refroidir la batterie, ça ne prend pas juste de l’eau », explique Jacques Bourdeau, ingénieur en sécurité, en entrevue avec La Presse.

Car malgré ses nombreux avantages, la batterie lithium-ion possède un inconvénient de taille : elle a tendance à chauffer, rappelle M. Bourdeau. « Plus la batterie est grosse, plus il y a de risques. »

Si ce type de batterie demeure néanmoins très populaire, c’est qu’elle possède aussi de nombreux atouts. « Elle est très légère, c’est une batterie qui ne pèse rien comparée à la batterie traditionnelle acide-plomb. Elle va aussi garder sa charge très longtemps, même quand elle est inutilisée », note Jacques Bourdeau.

Son domaine idéal [de la batterie lithium-ion], ce sont les petits appareils électroniques. Plus on pousse [pour de plus gros appareils] et plus il y a de risque.

Jacques Bourdeau, ingénieur en sécurité

Dans le cas des voitures électriques, M. Bourdeau fait remarquer que le risque peut être mieux géré, car les éléments de la batterie ne sont pas nécessairement concentrés au même endroit, contrairement à une trottinette par exemple, où tout est stocké dans un même espace restreint.

Selon Jacques Bourdeau, le risque est plus élevé si on laisse une batterie lithium-ion se décharger en deçà d’un certain seuil. « Il ne faut pas descendre trop bas », dit-il, sans vouloir préciser où se situe ce seuil. Mais la responsabilité devrait revenir aux fabricants, estime-t-il, ajoutant qu’il devrait y avoir un avertissement par exemple quand la batterie d’une trottinette franchit un seuil critique.

Bien qu’il soit en principe toujours interdit de circuler avec une trottinette électrique au Québec, ce genre de véhicule est de plus en plus populaire depuis quelques années.

Un bilan incendie stable

En 2022, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) a enregistré 1303 incendies de bâtiment, dont 304 incendies majeurs. Un bilan légèrement supérieur à celui de 2021 (1245 incendies, dont 278 majeurs), mais inférieur à celui de 2020 (1385 incendies, dont 317 majeurs). Douze personnes ont perdu la vie dans un incendie à Montréal en 2022, soit une de moins qu’en 2021.

Fait à noter, plus de 20 % des incendies causés par de l’équipement de cuisine se sont produits dans les arrondissements de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Le SIM a aussi répondu à plus de 118 appels d’urgence, notamment pour des urgences médicales, des systèmes d’alarme déclenchés et, bien sûr, des incendies de bâtiment. Dans la très grande majorité des cas (85 %), les incendies sont provoqués par une erreur humaine ou la mauvaise utilisation d’équipement. Près de 40 % des incendies commencent dans la cuisine, signale le rapport, et « un incendie sur quatre est causé par des articles de fumeur ou des objets à flammes nues ».

Consultez le Rapport des activités 2022 du Service de sécurité incendie de Montréal