(Montréal) Un quadrilatère complet du Vieux-Montréal sera piétonnisé en 2024, et le boulevard Henri-Bourassa sera progressivement transformé en « véritable corridor de mobilité durable » dès cette année, a annoncé mardi la mairesse Valérie Plante.

Ces deux mesures s’inscrivent dans l’objectif de décarbonation des transports que la métropole s’est donné pour 2040, dont la mairesse a dévoilé la « feuille de route » à l’ouverture du deuxième Sommet Climat Montréal.

Le Vieux-Montréal deviendra progressivement « le royaume des piétons », a déclaré la mairesse Plante, rappelant que seule la rue Saint-Paul est piétonne durant l’été.

« On a la chance d’avoir un vrai quartier historique, un quartier très couru, très populaire ; on veut le rendre plus convivial », a-t-elle expliqué, citant les exemples de Vienne, Bruxelles, Amsterdam ou Montpellier, qui ont exclu les voitures de leur cœur historique.

Le quadrilatère qui sera piétonnisé en 2024 sera déterminé en consultation avec les résidants et les commerçants du secteur, question de « penser à ce qui doit être mis en place pour que ce soit un succès », a indiqué Mme Plante.

Le secteur sans voiture sera appelé à s’élargir dans les années suivantes, mais l’administration Plante n’a pas indiqué d’échéancier précis.

L’annonce a été qualifiée d’« excellente nouvelle » par la directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, qui a souligné que le Vieux-Montréal « favorise déjà la prise de possession par les piétons, avec des rues très étroites et un manque d’espace sur les trottoirs ».

Corridor de mobilité durable

Montréal entreprendra par ailleurs dès cet été la transformation du boulevard Henri-Bourassa, dans le nord de l’île, dans le but d’y implanter un service rapide par bus (SRB) et un nouvel axe du Réseau express vélo (REV), un projet qui avait été promis par le parti de Valérie Plante lors de la campagne électorale de 2021.

Il s’agit de la voie de circulation la plus achalandée de la Société de transport de Montréal (STM), avec 50 000 voyageurs par jour, a souligné Valérie Plante, ajoutant qu’on trouve « des dizaines d’écoles » et des parcs à proximité.

Six collisions mortelles et 42 collisions faisant des blessés graves sont survenues entre 2014 et 2021 sur cette artère comptant huit voies de circulation à certains endroits, a ajouté la mairesse.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal

C’est le recalibrage d’un boulevard qui est névralgique, on veut le rendre agréable et sécuritaire pour l’ensemble des usagers de la route.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Le SRB Henri-Bourassa sera aménagé « en rive », c’est-à-dire qu’il empruntera la voie de droite et ne nécessitera pas de travaux majeurs d’infrastructures, a ensuite précisé Éric Alan Caldwell, membre du comité exécutif de la Ville et président du conseil d’administration de la STM.

La Ville veut ainsi réaliser le projet en « deux ou trois ans » et éviter le « traumatisme du SRB Pie-IX », dont la réalisation a pris plus d’une décennie, a indiqué M. Caldwell.

Le SRB Henri-Bourassa reliera quatre « grosses infrastructures de transport », soit le métro, le SRB Pie-IX, le Réseau express métropolitain (REM) et le futur réseau structurant de transport de l’Est, a souligné l’élu.

Un premier tronçon sera réaménagé dès cette année dans l’arrondissement de Saint-Laurent, entre les rues Félix-Leclerc et Miniac, mais uniquement pour y faciliter le transport actif ; la mise en place du SRB débutera en 2024, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

Sortir les camions des petites rues

Montréal entend aussi « sortir les camions de livraison de [ses] rues locales », en multipliant les initiatives comme le projet Colibri, qui consiste à effectuer avec des petits véhicules zéro émission les livraisons locales à partir de mini-entrepôts, a annoncé Valérie Plante.

La Ville déploiera pour y parvenir une Stratégie de logistique urbaine et décarbonée, d’ici 2024, qui permettra en outre de sécuriser les rues de quartier.

La décarbonation des transports amènera aussi une « plus-value », affirme Valérie Plante, puisqu’elle aura pour effet d’alléger la circulation.

« La congestion dans la région de Montréal coûte plus de 4 milliards de dollars par année, dit-elle. On a tout intérêt à s’attaquer à la décarbonation du transport. »

La mairesse Plante a appelé les participants au Sommet Climat Montréal à ne pas se laisser décourager par la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la métropole, que rapportait La Presse mardi.

La rencontre doit avoir « l’effet inverse », dit-elle : « il faut se motiver, il faut se mobiliser, il faut se rappeler ce qu’on a fait de bon et se donner l’énergie pour aller plus loin, plus fort ».

Avec Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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Port de Montréal

Le Port de Montréal s’est engagé mardi à atteindre la carboneutralité d’ici 2035 et à réduire dans un premier temps ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030. Cet engagement concerne les émissions de portées (scope) 1, 2 et 3 dont l’administration portuaire a l’entière responsabilité, dont les opérations ferroviaires de son réseau intermodal, son parc de véhicules, ses bâtiments et ses travaux d’infrastructure. Le Port s’est aussi engagé à protéger 30 % des territoires qui sont sous sa responsabilité, suivant l’accord conclu par la communauté internationale à la COP15, en décembre.

Petites et moyennes entreprises

Les petites et moyennes entreprises (PME) qui cherchent à se décarboner pourront avoir de l’aide pour y parvenir. La création d’une plateforme de référencement qui rassemblera l’ensemble des ressources et des solutions innovantes disponibles et un service d’accompagnement personnalisé ont été annoncés par la Jeune Chambre de commerce de Montréal, le Partenariat Climat Montréal et Écotech Québec. L’initiative vise ainsi à faciliter l’accès aux ressources disponibles qui correspondent le mieux aux besoins des PME.

Immeubles d’habitation

Un programme d’aide à la décarbonation des bâtiments d’habitation des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) est mis sur pied. Les propriétaires et résidants d’immeubles de 6 à 50 unités chauffés avec des combustibles fossiles auront dès cet été accès à une aide financière pouvant atteindre 100 % des coûts des rénovations pour changer leur système de chauffage. Le programme nommé MultiRés est créé par le Fonds climat du Grand Montréal en partenariat avec Efficiency Capital et la Fondation familiale Trottier.

Consultez les détails du programme MultiRés
En savoir plus
  • 12,1 millions de tonnes
    Émissions de gaz à effet de serre des 15 villes de l’île de Montréal en 2019
    source : Ville de Montréal
    55 %
    Cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre de Montréal d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990
    source : Ville de Montréal