La facture pour obtenir une vignette de stationnement dans Rosemont–La Petite-Patrie dépendra désormais du poids de son véhicule. Les véhicules étant de plus en plus gros, le quartier dit vouloir mettre en place une tarification reflétant mieux l’espace qu’ils occupent. Explications en six points.

Un tarif selon la masse

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les propriétaires de véhicules électriques ou hybrides rechargeables n’échapperont pas aux nouveaux tarifs, mais dans leur cas, les catégories seront un peu différentes.

En vertu du nouveau système, qui entrera en vigueur le 1er juillet, Rosemont–La Petite-Patrie facturera désormais 115 $ pour un véhicule à essence – ou hybride non rechargeable – pesant 1249 kg ou moins. La facture grimpera jusqu’à 205 $ pour ceux dont la masse dépasse 1600 kg. Les propriétaires de véhicules électriques ou hybrides rechargeables n’y échapperont pas, mais dans leur cas, les catégories seront un peu différentes. Ainsi, la facture sera de 115 $ si leur véhicule pèse moins de 1550 kg et grimpera jusqu’à 205 $ pour un véhicule de 1850 kg ou plus. Il faudra débourser 385 $ pour obtenir une vignette pour un deuxième véhicule, peu importe son poids.

« Légère hausse » des tarifs

L’arrondissement reconnaît que son système de tarification entraînera une « légère hausse » de la facture pour la moyenne des automobilistes. Véhicule le plus vendu au Canada toutes catégories confondues, le Ford F-150 héritera de la facture la plus élevée. Son poids moyen de 2274 kg le situe en effet tout en haut de l’échelle de tarification. La majorité des véhicules utilitaires sport (VUS) se trouveront aussi au sommet de l’échelle. Pesant de 1525 kg à 1950 kg selon les équipements, un Toyota RAV4 donnera lieu à une facture de 175 $ à 205 $. Pour payer le tarif le moins élevé, il faudra conduire un véhicule du type de la Toyota Yaris, qui pèse entre 980 kg et 1120 kg. À noter : des « dispositions » seront néanmoins prévues « pour limiter les coûts pour les personnes à mobilité réduite et à faible revenu ».

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François Limoges, maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie

Diminuer la pression

Pour l’heure, les arrondissements montréalais fixent le prix de leurs vignettes de stationnement en fonction de la taille de la cylindrée des véhicules. Règle générale : plus votre véhicule consomme d’essence, plus la vignette coûte cher. Rosemont–La Petite-Patrie dit toutefois aujourd’hui constater que « la meilleure donnée » pour témoigner de l’espace public qu’occupe un véhicule lorsqu’il est stationné est sa masse nette. « Les moteurs ont évolué, il n’y a plus de corrélation exacte entre la cylindrée et la taille des véhicules. On le voit notamment dans le fait qu’il y a de plus en plus de gros véhicules avec de petits moteurs », affirme le maire de l’arrondissement, François Limoges, en entrevue avec La Presse. « Ce qu’on voudrait tarifer idéalement, c’est la taille. Mais on ne l’a pas. On a le poids, cela dit, dans les registres de la SAAQ », poursuit-il.

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Pancarte de stationnement dans Rosemont–La Petite-Patrie

Moins de place

Selon M. Limoges, il en coûte de plus en plus cher aux arrondissements pour gérer le stationnement. Les citoyens dénoncent souvent la disparition de cases de stationnement, mais l’augmentation de la taille des véhicules réduit le nombre de places disponibles. « Les voitures prennent de plus en plus de place. Dans notre secteur, l’accroissement de la taille des automobiles a entraîné la diminution de 4000 à 10 000 places de stationnement, donc environ 10 à 25 % des places. Et ça, c’est pour un seul arrondissement : je vous laisse imaginer à l’échelle du Québec », souffle l’élu municipal. Pour lui, la réalité est fort simple : « les constructeurs mettent systématiquement des véhicules plus massifs sur le marché, sauf qu’ils oublient que tout ça a un coût grandissant pour les infrastructures ». « Un RAM 150, ça prend la place de deux Yaris sur la rue. Il faut en tenir compte », insiste le maire.

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Vignettes de stationnement dans Rosemont–La Petite-Patrie

Vers une discussion plus large ?

François Limoges ne cache pas qu’il espère « faire boule de neige » avec sa nouvelle réglementation sur la tarification. « On espère aussi lancer plus globalement une conversation sur la taille des véhicules, pour que d’autres personnes se penchent sur la question et étudient aussi l’impact sur la sécurité. Cette discussion doit avoir lieu », estime-t-il. Son administration espère également « encourager celles et ceux qui n’ont d’autre choix que d’utiliser un véhicule dans leurs déplacements à opter pour des formats plus petits, ou mieux, pour l’autopartage ». À terme, ajoute l’élu, l’objectif est « l’adoption de modes de transport actifs et la réduction de la dépendance à l’automobile ».

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Valérie Plante, mairesse de Montréal

Pas de « mur-à-mur », promet Plante

« Les études le montrent : plus le véhicule est gros, plus le risque de collisions est important à cause de la visibilité illimitée. […] J’invite donc vraiment les maires et mairesses des autres arrondissements à s’intéresser de près à cette question », a affirmé mardi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui promet toutefois de ne pas faire dans le « mur-à-mur » avec ce genre de mesures. Son arrondissement, Ville-Marie, a aussi adopté des mesures de tarification liées à l’écofiscalité depuis quelques années. Le directeur des relations gouvernementales chez Équiterre, Marc-André Viau, estime que « cette modernisation du règlement est majeure et aura forcément un effet d’entraînement sur la réglementation pour le stationnement sur rue un peu partout au Québec, parce que toutes les municipalités sont aux prises avec les mêmes problèmes ».

En savoir plus
  • 154 000
    Hausse du nombre de véhicules de promenade dans l’île de Montréal entre 2001 et 2021, soit un bond de presque 22 % en 20 ans
    Source : Société de l’assurance automobile du Québec
    189 %
    Depuis 2001, la proportion des véhicules de type camion léger a bondi de 189,7 %. En 2021, ils constituaient 41,4 % du parc automobile montréalais, une proportion 2,3 fois plus élevée qu’il y a 20 ans.
    Source : Société de l’assurance automobile du Québec