L’accalmie de la pandémie maintenant passée, le nombre de piétons blessés lors d’accidents routiers est reparti à la hausse, selon de nouveaux chiffres rendus publics lundi. La publication de ces données concorde avec une manifestation nationale, ce mardi, pour dénoncer l’insécurité routière à proximité des écoles.

Pour la première fois, lundi, le Service de police de la Ville de Montréal a publié des rapports de statistiques sur les crimes commis sur le territoire de chacun de ses 29 postes de quartier de façon trimestrielle.

Ces chiffres, compilés par La Presse, montrent une augmentation du nombre de piétons blessés lors d’accidents dans la métropole durant les neuf premiers mois de 2022.

On y a alors recensé pas moins de 39 piétons blessés gravement lors d’accidents de la route, une augmentation de 56 % par rapport à la même période en 2021. Dans la catégorie des blessés légers, on recense 505 piétons, soit une augmentation de 11,5 % par rapport à l’année précédente.

La directrice générale de l’organisme Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, ne se montre pas surprise outre mesure de ces statistiques, puisqu’en 2021, « en raison de la pandémie, du couvre-feu, du confinement, le bilan piéton a été meilleur que les années précédentes ».

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec

Le vieillissement de la population expliquerait, selon elle, ce retour à un sombre bilan routier pour les piétons. « Une blessure légère pour quelqu’un de 20 ans, ça peut être plus grave pour quelqu’un de plus âgé », dit Sandrine Cabana-Degani.

L’augmentation de la taille des véhicules est le deuxième facteur en cause, selon elle. Si la proportion du parc automobile composée de VUS et de camions légers s’élevait à 20,1 % en 2011, elle est maintenant de 42 %, rappelle Mme Cabana-Degani.

Mobilisation nationale ce mardi 

Ce mardi matin, des parents et des élus se retrouveront devant plus de 25 écoles au Québec à l’heure de l’arrivée des élèves pour une grande mobilisation bruyante intitulée « Mettons fin à l’insécurité routière en zone scolaire ».

Les parents et les enfants sont invités par le mouvement Pas une mort de plus à « taper dans des casseroles ou à faire sonner des cloches » pour signaler « la fin de la récréation » pour les élus et dénoncer l’insécurité routière que la présence massive de véhicules motorisés dans les zones scolaires engendre quotidiennement.

Le groupe réclame des aménagements routiers qui obligent les automobilistes à ralentir pour tenir compte de la présence d’enfants se rendant à pied à l’école. Jusqu’ici, peu de zones scolaires au Québec sont munies de tels aménagements favorisant les déplacements actifs sécuritaires et protégés de la circulation motorisée.

À Montréal, les élus de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, Manon Massé, Andrés Fontecilla, Haroun Bouazzi et Vincent Marissal, seront devant des écoles de leur circonscription afin d’appuyer les parents dans leurs demandes.

« Expérience piétonne recherchée »

Parallèlement, un groupe de recherche pancanadien fait appel au public afin de recueillir le plus de données possible au sujet de l’expérience des piétons partout au pays.

Marie-Soleil Cloutier, directrice du Laboratoire piétons et espace urbain de l’Institut national de la recherche scientifique, dit faire appel au public parce qu’il est difficile pour les chercheurs de trouver ces informations.

On veut que les gens nous disent où il manque un trottoir, mais aussi où ils ont failli se faire renverser. L’idée est d’avoir l’expérience piétonne.

Marie-Soleil Cloutier, directrice du Laboratoire piétons et espace urbain

Sur le site Onmarcheonroule. org se trouve une carte interactive où les citoyens sont invités à signaler un danger ou une préoccupation, suggérer un aménagement manquant ou encore signaler un incident, comme une collision, une chute ou une quasi-collision.

Mme Cloutier signale que la Ville de Gatineau a été particulièrement proactive dans l’utilisation de cet outil, qui lui sert à déterminer les endroits problématiques pour les déplacements dans la ville, et qu’elle compte s’en servir dans son plan de mobilité active.

Une déclaration adoptée

Pendant ce temps, au conseil municipal de Montréal, lundi, les élus ont adopté à l’unanimité une « déclaration pour accélérer la mise en place d’actions permettant d’accroître la sécurité des piétons, des cyclistes et de toutes les usagères et de tous les usagers de la route à Montréal ».

La mairesse Valérie Plante a dénoncé le fait que le parc automobile augmente plus vite que la population de la métropole.

La hausse du nombre de voitures et la vitesse excessive sont les deux principales raisons qui amènent des collisions.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Il y a deux semaines, l’administration municipale a annoncé qu’au cours de l’année 2023, les environs de 50 établissements fréquentés par les enfants, dont des écoles et des garderies ainsi que deux parcs, seront sécurisés. Une deuxième initiative sera annoncée plus tard dans l’année, cette fois pour sécuriser les abords des lieux fréquentés par les personnes aînées.

Mme Plante a appelé les élus de tous les partis à avoir le courage d’implanter dans leurs arrondissements des mesures d’apaisement de la circulation, même si elles sont impopulaires auprès des « automobilistes pressés ».

Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Consultez le site Onmarcheonroule. org