(Montréal et Québec) François Legault n’est « pas fermé » à l’idée de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), qui propose d’interdire l’usage de l’auto-solo en heure de pointe dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine afin de limiter la congestion routière pendant les travaux.

En mêlée de presse, mercredi, le premier ministre s’est dit « ouvert à ajouter des mesures » pour mitiger les effets des travaux sur la circulation routière du Grand Montréal. Il a aussi affirmé qu’il souhaitait d’abord voir les impacts des mesures qui seront mises en place à compte de lundi avant d’en ajouter d’autres. Seront-elles suffisantes ? Chose certaine, « je ne suis pas fermé à [l’idée] de Michel LeBlanc », a-t-il dit.

Plus tôt en journée, le président de la CCMM a affirmé qu’on doit « limiter l’accès durant les heures de pointe : seulement le covoiturage, le transport collectif et les camions. Pas de voiture solo durant ces périodes. » M. Leblanc a ajouté qu’il s’agit selon lui d’une « solution difficile » qui aurait toutefois pour impact de « limiter les dégâts » dans le tunnel, à chaque issue de celui-ci.

En entrevue avec La Presse, Michel Leblanc a précisé que l’application d’une telle mesure est tout à fait réaliste au Québec. « Ça existe à travers le monde sur des voies strictement réservées en site propre, sur des zones auxquelles on veut vraiment limiter l’accès à certaines heures du jour. En Europe, entre autres. Ça inclut des caméras qui sont capables de détecter combien il y a de gens dans les véhicules. Et ensuite, il peut y avoir des amendes automatiques qui sont dissuasives pour ceux qui ne respectent pas la réglementation », a-t-il détaillé.

« Ça se fait. C’est inhabituel. Ce n’est pas une solution ni facile ni agréable, mais la réalité, c’est que l’expérience qu’on a vue la fin de semaine dernière fait en sorte qu’on doit aller plus loin qu’on l’a été dans le passé », a-t-il insisté.

Horaires plus flexibles pour les fonctionnaires

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, veut pour sa part montrer l’exemple. Elle a donné un « mot d’ordre » aux gestionnaires des « près de 500 fonctionnaires de l’État » qui doivent emprunter le tunnel pour aller au bureau le matin : offrir de la « flexibilité ».

« De l’aménagement différent, des horaires plus flexibles, ça peut vouloir dire un tas de choses, mais ça sera du cas par cas », a-t-elle affirmé mercredi à son arrivée au Conseil des ministres. Mme LeBel reconnaît toutefois que cette politique a ses limites, particulièrement pour les employés du réseau de la santé et de l’éducation, qui ne peuvent pas faire du télétravail.

« À certains endroits ce n’est pas possible en télétravail, d’autres, ou ça pourra être un peu plus flexible dans les jours les horaires, les façons de faire », a-t-elle dit.

Selon le conseiller municipal et ancien membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, Sylvain Ouellet, qui a répondu à M. Leblanc, l’auto-solo est en effet « très problématique », mais la réalité est que « le covoiturage a malheureusement un potentiel très limité » et que « d’autres solutions seront requises ».

Dans les derniers jours, la nouvelle ministre des Transports, Geneviève Guilbault, s’est montrée ouverte à implanter de nouvelles mesures d’atténuation au besoin, sans toutefois préciser exactement ce dont il pourrait être question. « Trouvez-vous votre plan B, parce que ça va être corsé lundi prochain », a-t-elle dit mardi en mêlée de presse.

Mme Guilbault incite les gens à consulter le site du MTQ, et affirme qu’il y aura des réunions entre tous les ministères et les villes, après chaque heure de pointe dès lundi, afin d’évaluer quelles mesures supplémentaires seront ajoutées au besoin.

« La portée du chantier a augmenté, donc des mesures [supplémentaires] doivent être adoptées par le MTQ pour diminuer la pression auprès des résidants et soutenir la vitalité du centre-ville », a de son côté soulevé mardi la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Elle a affirmé que son administration fait tout pour « augmenter le transport collectif, assurer l’accès au centre-ville pour les travailleurs, améliorer la fluidité de la circulation et protéger les zones résidentielles », mais qu’il est clair que le mégachantier du tunnel Lafontaine « occasionnera des difficultés ».

Zoom sur les mesures en place

Pour l’instant, le MTQ compte notamment sur les stationnements incitatifs De Mortagne, De Touraine et Belœil, qui auront chacun plusieurs centaines de places supplémentaires pour un total de 2400 places, afin de réduire la congestion. Les lignes d’autobus qui partent de ces stationnements deviendront gratuites, et culmineront vers le métro Radisson en empruntant des voies réservées, avec une fréquence aux 10 minutes.

Deux titres de transport gratuits seront distribués au métro Radisson aux usagers qui montent à bord des navettes ou en descendent, entre 5 h 30 et 19 h 30 tous les jours, et ce pendant six semaines. Sur la ligne jaune, un wagon de métro sera ajouté en heures de pointe, en vertu d’une entente avec la Société de transport de Montréal (STM), ce qui permettra d’avoir une cinquantaine de départs en plus par direction.

Les lignes 82, 120 et 125 du Réseau de transport de Longueuil (RTL) seront par ailleurs bonifiées. D’autres lignes locales, comme la 532 à partir de Varennes, accéléreront aussi la cadence.

Avec Charles Lecavalier, La Presse