Les caméras corporelles ne seront pas déployées sur l’uniforme des policiers montréalais cette année, contrairement à la promesse formulée par Valérie Plante en campagne électorale, a appris La Presse.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a décidé de prolonger ses tests en vue d’utiliser des téléphones cellulaires comme caméras. Cette « démonstration de faisabilité » prendra fin cet automne, trop tard pour une mise en service du programme avant la fin de l’année, selon deux sources policières.

La Fraternité des policiers se dit déçue, alors que l’opposition à l’hôtel de ville dénonce la mauvaise gestion du dossier.

Le responsable de la Sécurité publique de la Ville a refusé la demande d’entrevue de La Presse. Dans une déclaration écrite, Alain Vaillancourt indique qu’il reste des étapes avant le déploiement de ces caméras.

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Alain Vaillancourt, responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal

Le déploiement des caméras portatives chez les policiers est une des priorités de notre administration. On s’y est engagés, on veut le faire efficacement dans les meilleurs délais.

Alain Vaillancourt, responsable de la sécurité publique à la Ville

Pourtant, l’administration Plante et Projet Montréal avaient assuré en 2021 que ce dossier débloquerait rapidement. Le début de l’année 2022 avait même été établi par la mairesse pour lancer le déploiement. En campagne électorale, l’automne dernier, Projet Montréal en avait même fait une promesse formelle, soit de « doter les policiers et les policières de Montréal de caméras corporelles à partir de 2022 ». Fin 2021, M. Vaillancourt avait confirmé cet échéancier : « On s’est engagés à le faire », avait-il assuré à La Presse.

Préparatifs prolongés

Or, les Montréalais qui attendent ces caméras portatives – qui documenteraient les interactions des policiers avec les citoyens – devront encore patienter.

Dans un courriel, le SPVM a indiqué que le processus était loin d’être terminé. Le service procède actuellement à des tests en « environnement de simulations contrôlé » plutôt que dans la réalité.

« À la demande du SPVM, l’exercice qui devait se terminer en juin 2022 a été prolongé et prendra plutôt fin cet automne », a indiqué le service de police. Une fois les tests terminés, « un bilan final des observations recueillies sera présenté à la direction du SPVM et à l’administration municipale de la Ville de Montréal ».

M. Vaillancourt a précisé que Montréal « attend toujours les orientations et la décision du ministère de la Sécurité publique quant à la technologie qui sera privilégiée par le gouvernement ».

« Nous avons la responsabilité de bien faire les choses pour assurer le succès de ce projet, a-t-il ajouté. On doit aussi s’assurer d’investir dans la meilleure technologie qui respectera les critères des cours de justice et qui va respecter la capacité de payer des Montréalais.es. »

Impatience

La Fraternité des policiers de Montréal, qui représente les agents, a exprimé sa déception face à ces nouveaux retards.

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Yves Francœur, président de la Fraternité des policiers de Montréal

« Nous les attendons [les caméras] depuis longtemps, alors nous sommes déçus, mais pas surpris que la Ville, sur le plan budgétaire, priorise des conditions pour soutenir l’augmentation des effectifs », a affirmé son président, Yves Francœur, à La Presse.

La Fraternité est en faveur du déploiement des caméras corporelles parce qu’elle estime que ses membres sont souvent filmés dans le cadre de leur travail, puis que des images soigneusement sélectionnées sont publiées sur les réseaux sociaux pour déclencher la controverse. La présence de caméras du côté policier permettrait de capter l’ensemble de l’intervention policière.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville a dénoncé « une autre promesse brisée de Projet Montréal ».

L’administration Plante, « c’est le vrai obstacle » au déploiement des caméras portatives à Montréal, a plaidé Abdelhaq Sari, responsable de ce dossier pour le parti Ensemble Montréal. « Il n’y a pas de contrainte financière, ni de contrainte technologique, ni de contrainte procédurale. »

Par ailleurs, M. Sari doute fort de l’idée d’utiliser des téléphones intelligents comme caméras portatives. « Aucun corps de police de la taille » du SPVM n’aurait choisi cette option, dit-il. « C’est une façon de gagner du temps de la part de Projet Montréal. »