Onze arrondissements de Montréal s’apprêtent à adopter cet automne des règlements de zonage pour éviter que des résidences pour personnes âgées (RPA) soient converties à d’autres usages plus lucratifs, a appris La Presse.

Entre janvier 2021 et mars 2022, le Regroupement québécois des résidences pour aînés estimait déjà que 150 de ces établissements avaient fermé leurs portes et que le nombre était appelé à augmenter encore davantage.

La bataille des résidants de Mont-Carmel, notamment devant les tribunaux, est largement médiatisée, mais leur sort est aussi celui de milliers d’autres personnes âgées.

Le Sud-Ouest, Lachine, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Verdun, Le Plateau-Mont-Royal, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Ville-Marie devraient être les premiers arrondissements à adopter un règlement qui interdira dès cet automne les conversions de RPA en d’autres types d’habitation.

Devraient suivre dans les prochains mois les arrondissements de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et d’Ahuntsic-Cartierville.

Déjà, un gel a été décrété pour éviter toute conversion de résidences pour personnes âgées dans les arrondissements en question.

« Protéger l’abordabilité »

« Nous avons tous été choqués de voir des personnes aînées menacées d’être privées de services de santé dans leur lieu de résidence », a indiqué Valérie Plante, mairesse de Montréal.

Même si les résidences pour aînés relèvent du gouvernement du Québec, il était essentiel pour notre administration de développer de nouveaux outils pour protéger les milieux de vie des aînés.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Responsable de l’urbanisme au sein du comité exécutif de Montréal, Robert Beaudry indique en entrevue que le but est « d’éviter les conversions par appât du gain », et ce, par l’entremise d’un règlement de zonage qui protégera tout édifice où sont prodigués des soins de santé.

« Ce nouveau règlement vient appuyer les autres initiatives prises par notre administration pour protéger le parc locatif et protéger l’abordabilité de celui-ci pour l’ensemble de la population. »

M. Beaudry assure que les règlements à venir dans les arrondissements tiendront la route juridiquement et qu’ils s’apparentent à ce qui a déjà été fait pour protéger les maisons de chambre.

Conjoncture économique

Si la Ville espère freiner la conversion de RPA, il reste que le phénomène n’est pas uniquement lié à la volonté de promoteurs de faire plus de profits.

La pénurie de main-d’œuvre, l’augmentation des dépenses liées aux services de soins de santé, la hausse importante des coûts d’assurance et, récemment, l’inflation ajoutent une pression difficilement tenable pour bon nombre de propriétaires de résidences, à Montréal comme ailleurs dans la province.

Environ 18 % des Québécois de plus de 75 ans habitent dans une RPA, selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.