Québec veut recouvrir l’A25 sur près de 400 mètres, à Anjou, en plus d’y construire un nouveau pont pour traverser l’autoroute, selon des documents confidentiels obtenus par La Presse.

Le gouvernement profiterait de l’arrivée de la ligne bleue pour effectuer ces investissements massifs – plus de 450 millions – dans l’arrondissement de l’est de Montréal.

L’objectif : « retisser les quartiers divisés par l’autoroute A25 », indique le document gouvernemental obtenu par La Presse. Anjou est balafré par cette artère nord-sud, ainsi que par l’A40, qui le traverse d’est en ouest.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Le plan de Québec consisterait à faire installer une dalle-parc au-dessus d’une partie de l’A25 construite en tranchée, vis-à-vis du boulevard Yves-Prévost, selon le document que nous avons pu consulter.

Les images de synthèse commandées par le gouvernement montrent un aménagement en parc verdoyant – avec même une fontaine – ainsi que deux voies routières reliées : la rue du Rhône pourrait permettre de traverser l’A25, en plus du boulevard Yves-Prévost qui le permet déjà.

Selon le document, le recouvrement serait effectué sur 380 mètres.

« Ce qu’on veut, c’est de faire un trait d’union, d’avoir une cohésion en mobilité, a indiqué une source gouvernementale. L’autoroute, c’est une cicatrice entre les deux sections du quartier. »

À ce projet s’ajouterait un nouveau pont dans l’axe des rues Bélanger et Châteauneuf, toujours pour reconnecter les deux rives de l’A25. Environ 900 mètres sépareraient la dalle-parc du pont.

IMAGE DE SYNTHÈSE OBTENUE PAR LA PRESSE

Cette image de synthèse commandée par Québec illustre le pont qui serait construit dans l’axe des rues Bélanger et Châteauneuf pour reconnecter les deux rives de l’A25.

L’ouvrage serait situé à proximité de la future station Anjou du prolongement de la ligne bleue, dont elle serait le terminus. Le pont permettrait aux piétons, aux autobus et aux automobilistes d’atteindre la station sans s’engager dans l’échangeur d’Anjou.

« Ce serait autour de 2025 que les chantiers pourraient commencer », a ajouté la source au gouvernement.

Selon nos informations, il s’agit de projets menés par le ministère des Transports. Leur coût n’est pas inclus dans la facture de 6,2 milliards annoncée pour le prolongement de la ligne bleue. Québec et la Société de transport de Montréal (STM) ont déjà annoncé que cette station serait dotée d’un édicule de chaque côté de l’A25.

Des croquis partagés

Le document gouvernemental obtenu par La Presse date de novembre 2020, mais le projet présenté est toujours d’actualité, selon nos informations. Un second projet de recouvrement, plus modeste, s’y trouve aussi et concerne le secteur de Place Versailles. Il aurait toutefois été remis aux calendes grecques dans la foulée de la mise au rancart du REM de l’Est par CDPQ Infra.

Au cabinet de Valérie Plante, lundi soir, on confirmait qu’un haut responsable avait récemment pu voir des croquis préliminaires des projets, mais qu’il était encore beaucoup trop tôt pour y réagir de façon publique.

Mme Plante devra toutefois peut-être commenter la nouvelle plus tôt que prévu : l’horaire électoral du premier ministre Legault indique qu’il rencontrera la mairesse de Montréal ce mardi, au centre-ville.

Le maire de l’arrondissement d’Anjou, Luis Miranda, a indiqué ne pas avoir été mis au courant de ce plan. « Ce sont des nouvelles que vous m’apprenez, là », a-t-il dit au bout du fil. Il a souligné qu’un lien piétonnier passant sous l’autoroute 25 avait déjà été inclus dans le projet de la ligne bleue, mais sans plus.

Les projets de recouvrement d’autoroute se sont multipliés dans les dernières années à Montréal.

En 2017, une place de 125 mètres de long a été créée au-dessus de l’autoroute Ville-Marie, au pied du nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), à la frontière entre le Vieux-Montréal et le centre-ville. Facture : 68 millions. Il s’agissait du legs du gouvernement du Québec pour le 375e anniversaire de la Ville de Montréal.

Au début de son mandat de premier ministre, Philippe Couillard annonçait vouloir en recouvrir quatre fois plus.

L’an dernier, la campagne électorale municipale a tourné son attention vers la possibilité de recouvrir l’autoroute Décarie, dans l’ouest de Montréal. Denis Coderre promettait de recouvrir 800 mètres de l’autoroute, entre Côte-Sainte-Catherine et Queen-Mary, pour un budget de 700 millions. Valérie Plante voulait plutôt consacrer 95 millions au recouvrement d’une quarantaine de mètres de la même artère.