(Montréal) Parce que le poids de l’inflation sera trop « fort », la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) demande à l’administration Plante de ne pas surpasser les 3 % en hausse de taxes lors de son prochain budget. L’organisme suggère plutôt à la Ville de « lisser » l’augmentation fiscale sur les trois prochaines années.

« Si on réduit le choc à l’an 1, peut-être qu’à l’an 2 ou l’an 3, on aura une hausse qui sera un peu au-dessus de l’inflation et qui permettra à la Ville de récupérer les sommes qu’elle n’auraient pas eues », a expliqué le président de la CCMM Michel Leblanc, jeudi, en consultation prébudgétaire devant la Commission sur les finances.

Pour lui, cette approche graduelle permettrait de « diminuer le choc que les résidants et commerçants vont subir dans la prochaine année ».

Il s’agit d’une prise de position pour le moins inhabituelle pour la Chambre de commerce qui, traditionnellement, a toujours recommandé que la hausse des taxes suive le niveau de l’inflation. Mais cette année, « l’inflation va être trop forte », s’est inquiété M. Leblanc. « Les entreprises sont fragilisées, et les gens vont être aux prises avec une hausse des taux d’hypothèque quand ils vont renouveler. […] L’inflation va être nettement au-dessus de 4 % », a-t-il dit.

La CCMM maintient néanmoins que la Ville doit continuer de réduire autant que faire se peut l’écart entre les taxes résidentielles et non résidentielles. À Montréal, un propriétaire commercial paie encore « le niveau le plus élevé parmi les grandes villes canadiennes », s’est désolé son président.

Réduire les dépenses

Après les revenus, les dépenses. De ce côté, Michel Leblanc et ses équipes demandent à la Ville « un budget de la rigueur ». « Alors que l’économie va bien et qu’on pourrait dire que les revenus de la Ville vont normalement augmenter, et que c’est correct que la Ville dépense davantage, nous tirons un signal d’alarme : la Ville doit résister à cette perception », a prévenu le principal intéressé.

D’après lui, Montréal aurait intérêt à « aplatir la hausse des dépenses qu’on a vue au cours des dernières années », qui s’est chiffrée à environ 18 % entre 2018 et 2022. « Il n’y a pas d’espace pour aller là, à moins que la Ville décide de s’endetter, ce qu’elle n’a pas le droit de faire. »

Pour y arriver, la CCMM suggère entre autres de procéder à une « évaluation précise » des dépenses de la Ville qui surviennent dans des champs de compétence du provincial ou du fédéral, en santé ou en transport par exemple. Il serait alors possible de demander « une pleine compensation de ces dépenses » à Québec et à Ottawa, a fait valoir M. Leblanc jeudi. Il invite aussi la Ville à « reconcentrer » ses dépenses sur ses propres champs de compétence.

En mai, la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, avait révélé que le ratio d’endettement de Montréal est maintenant de « 114 %, soit inférieur de 6 % à celui prévu au budget 2021 ». Ce chiffre demeure toutefois en hausse par rapport aux dernières années. « Évidemment que le contexte inflationniste nous préoccupe, c’est pourquoi nous sommes d’avis que la Ville doit diversifier ses revenus, qui reposent principalement sur les taxes foncières », a d’ailleurs réagi l’élue jeudi.

« Nous sommes sur le point d’entamer une grande réflexion sur la fiscalité montréalaise, dont les détails seront dévoilés dans les prochains jours. C’est un grand chantier que nous allons piloter dans l’objectif de trouver des solutions concrètes pour assurer un financement adéquat, stable et récurrent des services municipaux, sans refiler la facture aux générations futures », a ajouté Mme Ollivier.