Le prix de l’essence a continué de grimper à Montréal pour atteindre 2,15 $ le litre dans plusieurs stations-service dimanche, du jamais-vu dans la métropole, selon un expert.

Après avoir franchi la marque symbolique des 2,00 $ récemment, le prix du litre d’essence, loin de diminuer, a poursuivi sur sa lancée dans le sud du Québec. À Montréal, plusieurs stations affichaient des prix entre 2,05 $ et 2,15 $ le litre, selon ce qu’il a été possible de constater.

À la station Esso, au coin de la rue Ontario et de l’avenue Papineau, à Montréal, plusieurs automobilistes ont témoigné de leur désarroi face à cette situation.

Barack, conducteur pour la société Taxi Champlain, a confié qu’il préférait rester stationné entre ses appels plutôt que de se promener à la recherche de clients, et ce, afin d’économiser l’essence. « C’est simple, on roule à perte », s’est-il plaint, en confiant ne plus faire le plein complet de sa voiture et plutôt se limiter à dépenser « à coups de 5 $ » à la station-service.

Jean-Claude Lapalme, un ancien « snowbird », dit aussi être forcé de faire des choix au moment de prévoir ses déplacements. « On n’a plus le plaisir de pouvoir aller où l’on veut », a dit l’homme en soupirant.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Jean-Claude Lapalme

Mathieu Bigeon, originaire de la France, souligne pour sa part qu’il s’agit de prix normaux… pour l’Europe. À l’exception de quelques déplacements, notamment pour se rendre au gym, il dit limiter dorénavant ses déplacements en voiture.

D’autres records à venir

À 2,15 $ le litre, comme l’affichaient plusieurs stations-service dimanche, il s’agit d’un sommet historique pour le prix de l’essence dans la métropole, souligne le président du groupe Canadians for Affordable Energy, Dan McTeague. Or, ce record pourrait encore être battu dans les prochains jours, selon lui, jusqu’à atteindre 2,30 $ le litre.

« Ça [2,30 $ le litre] risque d’être le maximum qu’on va atteindre. Mais plus de 2 $, c’est maintenant la nouvelle réalité à laquelle il faut s’habituer », précise l’expert.

En cause, une multitude de facteurs, dont les confinements sévères en Chine en raison de la montée des cas de COVID-19 qui ralentissent l’économie du pays, tout comme une augmentation de la demande pour les énergies fossiles en Europe en raison de la guerre en Ukraine.

« On commence aussi la saison des ouragans [aux États-Unis] et ça, ça cause toujours beaucoup d’ennuis », ajoute-t-il.

Dan McTeague suggère aux automobilistes à la recherche d’économies de toujours faire le plein en milieu de semaine, moment où l’essence est moins chère, ou encore de se rendre en banlieue de Montréal, où il est possible d’économiser de 5 à 6 cents par litre.

Le PQ propose un plafond à 1,60 $ le litre

Dans ces circonstances, le Parti québécois (PQ) propose de limiter temporairement le coût à la pompe à 1,60 $ le litre, et que la différence du prix soit à la charge des producteurs pétroliers, une mesure qui aurait toutefois pour effet de faire perdurer la dépendance des Québécois au pétrole, selon un expert.

Devant la hausse du prix de l’essence, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, s’insurge de voir les pétrolières engranger des profits records, parlant de « vol qualifié ».

« Ce n’est pas normal ni acceptable que 85 % de l’augmentation du prix à la pompe aille directement dans les poches des pétrolières et de leurs raffineries. Les experts s’attendent à ce que le litre d’essence dépasse les 2,20 $ sous peu. Vient un moment où on ne peut plus rester les bras croisés, ça prend un plan d’urgence », a-t-il déclaré dans un communiqué, dimanche.

Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, craint toutefois que la proposition du PQ ait pour effet à long terme de moins inciter les consommateurs à se sortir rapidement du pétrole.

Avec La Presse Canadienne