Montréal a pris les grands moyens, lundi, pour livrer les pièces de la nouvelle grande passerelle du parc-nature du Bois-de-L’Île-Bizard, un projet attendu depuis des années dans le secteur. Une cinquantaine de larges quais flottants ont été transportés avec l’aide d’un hélicoptère.

« C’est assez inusité. C’est pour le moins rare que, dans nos parcs-nature, on ait besoin d’une opération aussi délicate. Mais ça en vaut la peine », explique le porte-parole administratif de la Ville, Philippe Sabourin, en entrevue avec La Presse.

Derrière lui, un hélicoptère s’affairait pendant ce temps à déposer un à un les quais qui constitueront la grande passerelle du parc-nature. Celle-ci sera désormais flottante et remplacera l’ancienne infrastructure devenue « désuète », qui était plutôt pieutée. Il y a près de six ans, en septembre 2016, une intervention similaire avait justement été effectuée pour démolir cette ancienne passerelle.

L’usage d’un hélicoptère permet concrètement aux autorités de « préserver toute la végétation qui se trouve dans les parages », affirme Philippe Sabourin. « En ce moment, le sentier est bouetteux, il cale et il n’est pas facile d’accès. Pour amener tout le matériel sur place sans hélicoptère, il aurait fallu arriver avec des équipements beaucoup trop lourds pour la végétation », justifie-t-il.

Procéder par voie terrestre aurait aussi été beaucoup plus long, selon la Ville, qui estime que l’opération lui aurait alors demandé de deux à trois semaines. « On doit se dépêcher et procéder rapidement, parce qu’on sait que les oiseaux migrateurs vont revenir. Et on ne voudrait surtout pas nuire à l’arrivée de ces oiseaux », ajoute le responsable municipal.

Globalement, le projet est évalué à 5,4 millions. Il comprend la construction de la grande passerelle, mais aussi une série de travaux comme la réfection du belvédère du Petit Butor et de certains sentiers. Une plus petite passerelle de 100 mètres a aussi déjà été construite. De nombreux arbres seront aussi plantés ou encore traités contre l’agrile du frêne. Ces plantations se feront toutefois à l’automne prochain, tel que le prescrit la Loi sur la nidification des oiseaux migrateurs.

Tourner la page

Avec la livraison de ces nouveaux aménagements, Montréal espère surtout tourner la page et livrer un chantier qui avait été brutalement interrompu en 2017. À l’époque, le Bureau de l’inspecteur général (BIG) avait dû résilier le contrat de 11,2 millions donné à Construction Généphi pour la reconstruction des passerelles et du site du parc-nature du Bois-de-L’Île-Bizard, après s’être aperçu que l’entreprise avait servi de paravent à Congeres, un autre groupe de construction.

Le BIG avait alors révélé que Généphi fournissait le cautionnement et le financement des projets, et que Congeres dénichait les appels d’offres, préparait les soumissions, fournissait la main-d’œuvre et le matériel pour l’exécution des travaux. Ce modus operandi avait été respecté à la lettre pour le contrat au parc-nature du Bois-de-L’Île-Bizard.

En 2017, le contrat de 11,2 millions impliquait 11 structures. Cette fois, le nouveau projet de 5,4 millions n’en englobe que deux, soit la grande passerelle et le belvédère. Selon nos informations, les neuf autres contrats ont été accordés « à la pièce », afin d’éviter qu’une telle saga ne se reproduise.

La Ville veut rendre sa nouvelle passerelle disponible aux randonneurs d’ici la fin du mois de mai. C’est qu’une fois l’installation terminée, des travaux de stabilisation devront être faits avant d’y admettre le public, par mesure de sécurité. Des garde-corps devront notamment être installés, de même que des ancres pour retenir les quais.

En savoir plus
  • 3000 kg
    Chacun des 52 quais qui composeront la nouvelle plateforme, située dans un secteur très prisé par les ornithologues amateurs, fait un peu moins de 10 m de long et pèse 3000 kg.
    Source : Ville de Montréal