Le grand forum sur la violence armée dans la métropole aura finalement lieu sur trois jours, dès le 24 février. Une journée complète sera consacrée à un atelier tenu avec de jeunes Montréalais, que Valérie Plante veut « placer au centre de la démarche ».

« On veut donner la parole aux jeunes, d’entendre ce qu’eux ont à dire sur leurs réalités, leur quotidien, leurs aspirations, leurs rêves. Ils ont une volonté de s’impliquer et participer pleinement à la vie en société. On va placer les jeunes au centre de la démarche », a martelé Mme Plante lundi, après avoir rencontré des jeunes du Forum jeunesse Saint-Michel, notamment.

Le forum devait avoir lieu à la fin de janvier, mais a été retardé par la pandémie. Sa tenue a été évoquée peu après que trois adolescents, Myriam Boundaoui, Jannai Dopwell-Bailey et Thomas Trudel, aient été tués par arme blanche ou arme à feu, créant une onde de choc à travers la métropole.

Tout commencera ce jeudi 24 février, avec une série de conférences et de colloques réunissant plusieurs organismes institutionnels et communautaires. Des recommandations seront ensuite dégagées lors d’une séance « finale » le 31 mars.

Entre-temps, un atelier d’une journée sera aussi tenu avec un groupe de jeunes le 17 mars, de concert avec des équipes de l’Institut du Nouveau Monde (INM). « Il faut qu’on réfléchisse au maintenant, mais aussi au plus tard. […] Comment ça se fait qu’il y a des jeunes qui ont des armes dans les mains ? », s’est interrogée Mme Plante, en réitérant que l’enjeu passe aussi par la circulation des armes aux frontières.

La mairesse a d’ailleurs répété qu’Ottawa devra « avoir le courage de légiférer » sur l’interdiction des armes de poing. « Nous, on n’est pas en attente de solutions. Ce qu’on veut déterminer, c’est de savoir s’il y a d’autres solutions qu’on peut amener », a-t-elle jugé.

« Faire tomber les murs »

Le directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Vincent Richer, dit vouloir « faire tomber les murs » en matière de partage d’informations et de transparence entre la police et la société civile. « Si quelqu’un va vers l’école [pour dénoncer un individu], comment cette école peut transmettre l’information au service de police ou à une autre personne ? C’est ça, l’objectif », a-t-il souligné, estimant que le forum est une « occasion unique » de trouver des solutions.

« Il faut lutter contre la culture de banalisation de la violence chez nos jeunes, qui est un phénomène extrêmement complexe », a ajouté M. Richer, en restant prudent sur l’application des recommandations qui se dégageront du forum. « Ça dépendra de ce qui est proposé. C’est sûr qu’un changement législatif, on le comprend, ça prend du temps », a-t-il noté.

Montréal, de son côté, rappelle avoir injecté 20 millions sur quatre ans dans le réseau communautaire. La Ville a aussi rebrassé vendredi sa haute direction en vue d’accorder plus importance à la sécurité publique, qui sera maintenant gérée par une instance distincte. Deux postes ont été créés.

Dans les rangs de l’opposition officielle, le porte-parole en sécurité publique, Abdelhaq Sari, n’a pas manqué de critiquer l’approche de la Ville. « Ça fait plus d’un an qu’on parle de la violence à Montréal. Cinq jeunes en sont décédés et ce n’est que maintenant que l’administration décide de réunir les partenaires ? C’est tout simplement trop peu, trop tard. Cette annonce survient d’autant plus trop tard que l’administration convoque les partenaires institutionnels à trois jours de préavis, un non-sens », a-t-il fustigé.

208 évènements en 2021

L’année 2021 a été marquée par une flambée de violence par armes à feu et d’importantes saisies de drogues. Au 31 décembre dernier, 208 évènements de coups de feu étaient survenus à Montréal depuis le début de 2021, soit 75 de plus que les 133 épisodes de 2020, une hausse significative. Plusieurs autres évènements impliquant des armes à feu ont aussi lieu en 2022 depuis cette date.

Source : données du SPVM fournies à La Presse