Tentative de suicide par policier interposé. Marteau lancé vers un agent. Propos menaçants. Les stationnements des postes de quartier de Montréal présentent des risques pour les policiers qui y garent leur véhicule personnel, selon la justice.

Les agents y sont exposés avant et après leur quart de travail, alors qu’ils ne sont pas en uniforme, n’ont pas leur arme de service à la hanche et devraient se sentir en sécurité.

« Il existe des risques pour les policiers qui utilisent ou empruntent les terrains de stationnement ou les voies d’accès des postes de police », a tranché fin janvier le Tribunal administratif du travail. « Le seul fait d’être policier constitue un risque d’agression de la part d’une certaine frange de la population. Ce risque ne disparaît pas du fait que l’on se retrouve dans un stationnement ou une voie d’accès à un poste de police. »

La Ville et son service de police n’ont « pas utilisé les méthodes et techniques visant à identifier les risques d’agression » et devront s’y atteler dans un délai maximum de six mois.

La Fraternité des policiers et policières de Montréal menait un combat depuis plusieurs années pour faire mieux protéger les stationnements du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Des tentatives d’agression, mais pas d’agression

Devant le juge administratif Michel Larouche, le syndicat a évoqué des exemples où un homme armé s’est présenté dans un stationnement pour tenter de se faire abattre par les policiers et un autre cas où un individu a « lancé un marteau vers un policier ». Aucun policier n’a toutefois été directement agressé depuis 2013, reconnaissent la Ville et la Fraternité.

Il n’en reste pas moins qu’il existe des risques pour les policiers. L’employeur aurait dû les étudier en détail afin d’évaluer s’ils pouvaient être minimisés. Cela n’a pas été fait de façon sérieuse, a déploré le juge administratif Michel Larouche.

« Il appartiendra à l’employeur d’identifier les facteurs de risques applicables à ses établissements et de déterminer si des mesures humainement logiques et raisonnables peuvent avoir pour résultat de les contrôler et de les éliminer », a-t-il décidé. « S’il en existe, il lui appartiendra de les mettre en place. »

Les policiers satisfaits

Cette semaine, la Fraternité des policiers et policières de Montréal a refusé la demande d’entrevue de La Presse. « La Fraternité estime cette décision satisfaisante », s’est borné à dire Martin Desrochers, responsable des communications.

La Ville de Montréal a indiqué qu’elle « analyse présentement la décision », a indiqué le relationniste Gonzalo Nuñez par courriel.

M. Nuñez a souligné que le juge administratif avait indiqué qu’il était « prématuré de statuer sur la question de si les établissements sous son contrôle [les stationnements de postes] sont aménagés de façon à assurer la protection des travailleurs. Ce n’est qu’après avoir identifié les risques et pris des mesures afin de les contrôler et de les éliminer qu’il sera possible de répondre à cette question ». Il a reconnu que la Ville avait un délai de six mois pour agir.