La fréquence de la collecte des ordures ménagères sera bientôt réduite dans deux secteurs de l’arrondissement montréalais de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui souhaite ainsi améliorer les taux de récupération des matières recyclables et compostables, a appris La Presse.

La collecte, hebdomadaire à l’heure actuelle, se fera toutes les deux semaines à partir du 28 février, dans le cadre d’un projet-pilote d’une durée de neuf mois, au terme duquel la pratique pourrait être généralisée graduellement.

« On en est rendu là, à tester de nouvelles manières, parce que les manières qu’on a essayées par le passé ne sont pas assez efficaces », a déclaré à La Presse le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais.

Malgré les efforts déployés par les municipalités pour favoriser le recyclage et le compostage, 85 % des matières qui se retrouvent dans le sac à ordures des ménages québécois pourraient être valorisées par un autre type de collecte, souligne-t-il.

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Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

C’est vraiment dramatique, ce qu’on retrouve dans nos poubelles présentement ; il y a juste 15 % de nos poubelles qui en sont vraiment !

Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

Il y a urgence d’agir, plaide le maire, qui rappelle que le seul terrain d’enfouissement de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), celui du secteur Lachenaie, à Terrebonne, atteindra sa capacité maximale d’ici 2029.

La crise climatique impose également de détourner les matières organiques des terrains d’enfouissement, où elles produisent du méthane, un gaz à effet de serre (GES) « 25 fois plus problématique » que le dioxyde de carbone (CO2), souligne-t-il.

Méthode répandue

La collecte des ordures ménagères toutes les deux semaines, voire plus, est déjà une réalité dans de nombreuses municipalités québécoises, dont Longueuil, Sherbrooke, Drummondville et Gatineau, mais elle tarde à s’implanter à Montréal.

L’arrondissement de Saint-Laurent est un des rares endroits à l’avoir adoptée, mais la limite aux immeubles de huit logements et moins, tandis que Mercier–Hochelaga-Maisonneuve la testera pour tous les immeubles desservis par la collecte municipale, y compris les industries, commerces et institutions (ICI).

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Mercier–Hochelaga-Maisonneuve testera la collecte toutes les deux semaines pour tous les immeubles desservis par la collecte municipale, y compris les industries, commerces et institutions.

« On va se le dire, en politique municipale, toucher aux poubelles, c’est explosif », avance le maire Lessard-Blais pour expliquer ce retard de Montréal.

Mais il estime avoir reçu un « mandat clair » de la population, aux récentes élections, pour accélérer la cadence en environnement.

Je pense qu’il y a une majorité de gens qui s’attendent à ce que la Ville ait plus de leadership.

Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

L’espacement de la collecte des ordures ménagères a fait ses preuves ailleurs, indique le responsable de la transition écologique à l’arrondissement, Thierry Sénécal.

« De manière générale, il y a une diminution de la quantité de déchets ultimes et une augmentation de la participation aux autres collectes », dit-il.

Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a d’ailleurs préféré cette méthode à celle de la tarification au poids, l’estimant plus efficace à la lumière d’une expérience menée à Drummondville.

Les deux méthodes y ont été comparées lors d’un projet-pilote mené en 2018 et 2019 ; la quantité d’ordures ménagères avait diminué de près de 15 % dans les secteurs où la collecte avait été espacée, tandis qu’elle avait augmenté de pratiquement autant dans ceux où une mesure d’incitation financière avait été instaurée.

Deux secteurs

Deux secteurs de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve seront appelés à expérimenter cette collecte espacée : l’un délimité par l’avenue Souligny, l’avenue de Rougemont et l’autoroute 25, et l’autre délimité par la rue Sherbrooke et l’autoroute 25.

Ces secteurs ont été sélectionnés parce qu’ils présentent « un cadre bâti varié », avec des immeubles de logements, des résidences unifamiliales et des ICI, mais aussi parce que les contrats des entreprises qui y font la collecte arrivaient à échéance, ce qui permettait d’instaurer une nouvelle fréquence.

Les ménages, commerces et institutions concernés recevront dans les prochains jours de l’information de l’arrondissement concernant les modalités du projet-pilote ; certains recevront même un bac à ordures, en fonction de leur type d’immeuble.

L’arrondissement a prévu un accompagnement « personnalisé », de même qu’une ligne téléphonique et une boîte courriel consacrées pour s’assurer du succès de son projet-pilote.

Des « interventions amicales et constructives » seront menées auprès d’éventuels récalcitrants, dit le maire Lessard-Blais, qui indique que la réglementation municipale s’appliquera « en dernier recours ».

Mercier–Hochelaga-Maisonneuve remettra aussi des « subventions écologiques » et des articles de consommation responsable pour stimuler la participation et encourager la réduction des déchets à la source.

Le projet-pilote est lancé en hiver, pour donner le temps aux gens de changer leurs habitudes avant l’arrivée des grandes chaleurs, mais les ménages avec bambins pourraient faire face à un enjeu particulier, reconnaît le maire Lessard-Blais : les couches.

« Mais si Calgary, Toronto, Ottawa, Gatineau, Longueuil, Sherbrooke sont capables de gérer leurs couches, je pense que Montréal est capable de gérer les siennes ! »

57 % : Pourcentage du sac à ordures des ménages québécois constitué de matières organiques qui pourraient être valorisées

Source : arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

21 % : Pourcentage du sac à ordures des ménages québécois constitué de matières recyclables qui pourraient être valorisées

Source : arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

7 % : Pourcentage du sac à ordures des ménages québécois constitué de résidus de construction qui pourraient être valorisés

Source : arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve