Le nouveau centre de tri des matières recyclables de Montréal est à l’arrêt depuis une semaine en raison d’un incendie causé par un objet qui n’aurait pas dû se retrouver dans un bac de récupération et qui a provoqué des dommages importants, a appris La Presse.

Le brasier a mobilisé quelque 70 pompiers pendant une bonne partie de la journée, jeudi dernier, dans ce bâtiment de l’arrondissement de Lachine inauguré en 2019, construit au coût de 45 millions de dollars.

« À l’arrivée des pompiers, le bâtiment était complètement paqueté de fumée, une fumée noire, grasse. La visibilité était nulle », a raconté à La Presse le chef de section des relations avec les médias du Service de sécurité incendie de Montréal (SSIM), Alain Laplante, mercredi.

La présence de fosses dans le plancher de cet immense bâtiment de 7500 mètres carrés représentait un risque pour les sapeurs qui évoluaient à l’aveugle, ralentissant ainsi leur travail.

Les pompiers étaient incapables de voir leurs mains, ils sont allés à tâtons pour trouver le foyer d’incendie, ils ont utilisé des caméras thermiques.

Alain Laplante, du Service de sécurité incendie de Montréal

L’aide des ouvriers a été salutaire à cet égard, a souligné Alain Laplante.

Les pompiers ont ensuite dû démonter plusieurs pièces d’équipement, notamment un « convoyeur tunnel », pour que l’eau atteigne les flammes, a-t-il ajouté.

Il s’est écoulé près d’une dizaine d’heures entre l’appel au 911, à 11 h 39, et la fin de l’intervention, à 21 h 18.

« C’est une intervention qui a été extrêmement longue », affirme le porte-parole du SSIM, précisant qu’il a été « très difficile de faire sortir la fumée du bâtiment » après avoir éteint les flammes.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

L’incendie a causé des dommages somme toute modérés au bâtiment, mais il a lourdement endommagé l’équipement.

Causé par une pile

Le centre de tri de l’arrondissement de Lachine appartient à la Ville de Montréal, mais est exploité par Ricova — depuis que celle-ci a racheté les actifs et les contrats de Rebuts solides canadiens, qui s’était placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, en février 2020.

Lisez l’article du 3 février 2020

Le visionnement des « vidéos de suivi des procédés » a démontré que l’incendie avait été déclenché par une pile qui avait pris feu sur un convoyeur, a expliqué à La Presse l’ingénieur Arnaud Budka, directeur de la gestion des matières résiduelles à la Ville de Montréal.

Un employé a eu le temps de retirer la pile, mais un petit élément ayant pris feu a poursuivi sa route, explique-t-il.

Le problème, c’est que c’est arrivé jusqu’à la réserve de papier, [qui] est un élément assez central, car c’est de là que sortent les ballots.

Arnaud Budka, directeur de la gestion des matières résiduelles à la Ville de Montréal

Les piles sont un véritable fléau dans les centres de tri, où elles provoquent régulièrement des incendies.

« Ce genre d’incident montre bien l’importance de faire attention à ce qu’on met dans son bac de récupération », affirme Arnaud Budka.

Lourds dégâts

L’incendie a causé des dommages somme toute modérés au bâtiment, mais il a lourdement endommagé l’équipement, ce qui explique que les activités soient complètement à l’arrêt depuis le sinistre.

« Ce sont des câblages, des valves, des éléments hydrauliques » qui doivent être réparés par des entreprises spécialisées, explique Arnaud Budka, qui prévoit que les activités reprendront vendredi ou lundi.

Quel que soit le montant des dégâts, il n’en coûtera rien à la Ville, assure Arnaud Budka, expliquant que le contrat d’exploitation du centre de tri précise que la responsabilité de tout incident incombe à son exploitant, Ricova, ou à ses assureurs.

« L’arrêt [des activités] ne coûte rien non plus, puisqu’il est prévu qu’ils aient une solution de rechange », ajoute-t-il.

En l’occurrence, les quelque 80 camions qui déversent quotidiennement le contenu des bacs de récupération de 58 % des ménages de l’agglomération de Montréal doivent temporairement prendre le chemin du centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, également exploité par Ricova.

« Les activités de collectes se déroulent comme prévu », assure M. Budka.

L’entreprise Ricova n’a pas rappelé La Presse.

100 000 tonnes : quantité de matières recyclables traitées annuellement au centre de tri de Lachine

2100 tonnes : quantité de matières recyclables que le centre de tri de Lachine n’aura pu traiter durant l’interruption de service

Source : Ville de Montréal