Le gouvernement Legault se range derrière l’administration Plante. Il demande à son tour aux employeurs qui en sont capables de ramener leurs employés dans les bureaux du centre-ville de Montréal afin d’augmenter les taux d’occupation jugés très faibles qui mettent en péril la vitalité économique dans le secteur.

« Je suis un peu comme la mairesse. J’invite les sociétés à ramener les gens à travailler dans les tours à bureaux à Montréal. Les taux d’occupation sont à peu près de 10 %. C’est très peu », a convenu le ministre des Transports, François Bonnardel, mercredi.

Il affirme que les employeurs et les travailleurs n’ont pas à craindre de risque de contamination dans le transport collectif. « Les mesures sont appliquées : prenez l’autobus, prenez le métro, parce qu’on a besoin d’augmenter l’achalandage. Les gens n’ont pas à être inquiets », souligne M. Bonnardel.

C’est le message que les employeurs doivent donner, à Montréal par exemple, […] pour participer à la vitalité économique de nos villes.

François Bonnardel, ministre des Transports

Au-delà des taux d’occupation, le ministre souhaite « qu’on retrouve une certaine normalité ». « C’est sûr que les façons de faire et de travailler vont évoluer. Est-ce que ça devra amener certaines sociétés et PME à garder les gens à la maison ? Peut-être », avoue-t-il, soutenant que l’essentiel sera d’offrir plus d’alternatives à ceux et celles qui doivent se déplacer.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, s’attend pour sa part à des améliorations. « Je suis très sensible à la situation du centre-ville de Montréal. [...] On remarque qu’un retour progressif s’est amorcé et je suis certain que nous allons voir l’achalandage augmenter avec l’arrivée de l’automne », indique-t-il.

« C’est tout le Québec qui bénéficie de la vitalité économique de la métropole. Mais cela doit se faire de la manière la plus sécuritaire possible afin d’éviter un reconfinement », insiste M. Boulet.

Une posture « pas facile »

Mardi, la mairesse Valérie Plante disait être dans une « posture qui n’est pas facile », en entrevue avec La Presse. « D’une part, pour des raisons de santé publique, on ne peut pas aller plus haut que 25 %, mais en même temps, le centre-ville ne va vraiment pas bien », a-t-elle considéré.

La Ville, qui affirme « donner l’exemple » en ayant ramené le quart de ses employés au bureau, avait alors appelé le gouvernement Legault à préciser sa position. « J’ai besoin qu’on me dise comment on va régler ça. Est-ce que c’est en augmentant les taux ? Ou c’est plutôt en restant au minimum, mais avec du soutien financier adapté ? », s’était questionnée Mme Plante.

Le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), lui, prétend que le déclin du centre-ville date de bien avant la pandémie. « Les différentes orientations en matière de piétonnisation, de priorisation des vélos et de réduction de l'accès aux automobiles ont fini par avoir raison de la clientèle régionale », déplore l'organisme.

« Pas le bon message », croit une élue

La députée indépendante de Marie-Victorin, Catherine Fournier, émet pour sa part de sérieux doutes sur le message qu’envoient Québec et Montréal. « Je comprends très bien qu’il y a des enjeux économiques, mais en même temps, un des principaux moyens de régler la congestion est justement le télétravail », note-t-elle. À ses yeux, il faudra d’abord avoir un vrai débat de société sur les nouvelles réalités du milieu de l’emploi.

En ce moment, je ne pense pas que ce soit nécessairement le bon message de dire aux entreprises de cesser leur politique de télétravail.

Catherine Fournier, députée de Marie-Victorin

« On ne peut pas juste revenir à l’ancien modèle. Il faut voir plus loin et mener une réflexion beaucoup plus large sur le sujet. L’objectif n’est pas tant de réduire le télétravail que de faire en sorte que les gens puissent changer leurs habitudes, et utiliser davantage le covoiturage ou les transports collectifs », conclut-elle.