Un appel du service de garde prévenant un parent que sa fille fait de la fièvre ou un courriel confirmant le rendez-vous pour l'installation des pneus d'hiver peut causer bien du souci aux policiers de Mascouche. Depuis juin dernier, le téléphone cellulaire et l'ordinateur des policiers sont sous surveillance.

Le nouveau chef de police Mario Desmarais a prévenu les policiers qu'il les avait à l'oeil dans une directive tombée le 4 juin dernier. Outre les rappels sur l'importance de faire preuve de discernement dans l'utilisation des appareils informatiques mis à leur disposition, les policiers ont appris que rien ne peut être considéré comme faisant partie de la vie privée. Du coup, leurs communications peuvent être surveillées et faire l'objet de contrôle.

Il a été impossible de savoir ce qui a motivé M. Desmarais à donner une telle directive. Ni le Service de police ni la direction générale de Mascouche n'a accepté la demande d'entrevue de La Presse. La directrice des communications de la Ville, Nathalie Kessler, s'est bornée à rappeler que des négociations étaient en cours pour le renouvellement de la convention collective des policiers et qu'il était donc hors de question de faire quelque commentaire que ce soit sur l'ambiance actuelle.

« La Ville de Mascouche souhaite poursuivre les discussions à la table de négociation et non par le biais des médias », a indiqué Mme Kessler.

À l'hôtel de ville, le maire Guillaume Tremblay n'a pas souhaité commenter la situation. Son attaché politique, Dany Franche, a expliqué, une semaine après avoir été sollicité, que la mairie voulait garder ses distances pour « éviter de faire de l'ingérence administrative ». « On ne veut pas mettre de l'huile sur le feu », a-t-il ajouté.

DÉMOTIVATION

Il semble toutefois que la situation au sein du service de police dépasse largement le contexte du renouvellement de la convention collective. Depuis l'arrivée en poste de Mario Desmarais en mai 2017, les tensions sont apparues dans le poste de police, soulignent des policiers rencontrés. Ces derniers ne souhaitent pas être identifiés, car le fait de prendre la parole peut entraîner des représailles, soutiennent-ils.

Même la Fraternité des policiers de Mascouche n'a pas voulu prendre la parole officiellement. Au cours des derniers mois, le président Michel Mondoux a fait l'objet de quelques suspensions pour ses prises de position publiques.

Les policiers rencontrés parlent d'ambiance malsaine, de méfiance et d'une gestion autoritaire de la part de M. Desmarais, qui entraîne la démotivation des troupes. Cela détonne par rapport aux années précédentes, note-t-on. Aucun ne se plaint de ses conditions de travail, mais plutôt du climat sous la nouvelle direction.

RÉPUTATION DE PATRON RIGIDE

L'état-major actuel est issu d'autres corps de police (trois des quatre dirigeants proviennent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et un, du Service de police de Laval). Le chef Mario Desmarais traîne du SPVM une réputation de patron rigide.

Dans les derniers mois, on compte une trentaine de dossiers de discipline (les sanctions sont entérinées par le conseil municipal), une cinquantaine de griefs syndicaux et une multiplication de nouvelles directives. Outre celle concernant les téléphones cellulaires et les ordinateurs, Mario Desmarais a imposé des directives qui ne sont pas prévues à la convention collective, dont une nouvelle façon d'accorder des congés ou d'appliquer l'allocation vestimentaire, par exemple.

En février dernier, 35 agents ont dénoncé par lettre auprès du directeur général de la Ville « l'attitude de confrontation » de leur nouveau chef. Il n'y a pas eu de réponse. En juin, les élus municipaux ont reçu à leur tour une lettre de la même nature. Aucune réaction. Puis, le 23 août, les policiers ont exprimé à l'unanimité leur manque de confiance à l'égard de M. Desmarais, en assemblée syndicale.