L'administration Plante accordera un répit en 2019 aux petits commerçants, alors que plusieurs verront leurs taxes baisser de 10 %. Montréal mettra également en place une stratégie sur quatre ans pour réduire l'écart entre les taxes résidentielles et commerciales.

Le budget 2019 mise sur les nouveaux pouvoirs confiés par Québec pour réduire le fardeau des petits commerçants. La Ville baissera de 10 % le taux de taxation sur la première tranche de 500 000 $ des immeubles non résidentiels. Montréal calcule que les bâtiments valant jusqu'à 3 millions bénéficieront d'une baisse. Pour les immeubles de plus grande valeur, leurs taxes augmenteront.

Ainsi, près de 90 % des commerçants devraient avoir une baisse de taxes, tandis que les autres subiront une hausse. 60 % des commerçants auront droit à la baisse maximale de 10 %, la valeur de leur immeuble étant inférieure à 500 000 $. Les bâtiments valant plus de 10 millions par exemple encaisseront une hausse de taxes de 1,8 % en moyenne.

Globalement, ce sont les commerçants de L'Île-Bizard (-3,3 %), Montréal-Nord (-3,2 %) et Outremont (-3,2 %) qui bénéficieront le plus de cette mesure, en raison de la concentration de petits commerces. À l'inverse, ceux de Ville-Marie subiront une hausse en raison du nombre élevé de bâtiments de valeur élevée.

Sur les rues commerciales, la Plaza Monk ainsi que les Promenades Sainte-Catherine et Ontario bénéficieront le plus de l'allègement.

Hausses moins rapides à venir

Le milieu des affaires se plaint depuis des années du fardeau des taxes municipales, celles-ci ayant augmenté rapidement depuis les fusions. Le taux de taxation d'un immeuble commercial est aujourd'hui près de quatre fois plus élevé (3,78 %) qu'un bâtiment résidentiel. Ainsi, même s'ils ne représentent que 26 % de la valeur des immeubles sur l'île, les commerces versent 56 % des taxes récoltées par Montréal.

L'allègement annoncé aujourd'hui pour les petits commerçants ne représente ainsi qu'une première étape, assure l'administration Plante. Elle s'engage à hausser plus lentement les taxes sur les commerces pour les quatre prochaines années. « Pour toute augmentation de 1 % des charges fiscales résidentielles, les charges fiscales non résidentielles augmenteront de 0,75 % », prévoit le budget. Une réévaluation de cette stratégie aura lieu dans quatre ans pour en voir l'impact.

« Cela permettra de réduire graduellement l'écart entre la proportion du fardeau fiscal supportée par les immeubles non résidentiels et celle supportée par les immeubles résidentiels », prévoit le budget.

5,2 millions pour les chantiers

Outre ces mesures, le budget chiffre également l'aide que les commerçants affectés par les chantiers pourront recevoir. Montréal prévoit distribuer 5,2 millions à travers son programme dont les détails doivent être rendus publics prochainement. Baptisé « Programme d'aide volontaire aux commerces en situation de chantier majeur », celui-ci sera rétroactif au 1er janvier 2016.

« Un pas dans la bonne direction »

Le milieu des affaires a de manière générale salué les mesures prévues pour les commerçants.« Les commerçants se réjouiront sans doute des efforts de l'administration Plante pour limiter la hausse du fardeau fiscal des entreprises et réduire le déséquilibre fiscal qui existe entre le résidentiel et le non résidentiel », a réagi Martine Hébert, porte-parole de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

« Ce budget est un premier pas dans la bonne direction afin d'aider les commerçants situés sur les artères commerciales de Montréal », a pour sa part indiqué Billy Walsh, président de l'Association des Sociétés de développement commerciales de Montréal.

L'organisation y voit un bon premier pas, mais espère que la fiscalité municipale complète sera revue. Celle-ci suggère également de mettre en place une taxation sur les stationnements situés en périphérie du centre-ville, et d'imposer davantage les bâtiments commerciaux laissés vacants.

« Afin d'assurer la compétitivité des commerçants montréalais, il était impératif que la Ville de Montréal réduise l'écart entre les fardeaux résidentiels et non résidentiels. Le budget déposé aujourd'hui est un premier pas dans la bonne direction », a aussi affirmé Léopold Turgeon, PDG du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD). Ce dernier espère que Montréal accélèrera ses efforts pour réduire l'écart afin d'atteindre la moyenne nationale, inférieure à trois fois (2,89).

Saluant l'allègement pour les petits commerçants, l'Institut du développement urbain a émis certaines réserves. Si les taxes baissent pour plusieurs, l'organisation note qu'elles augmenteront pour les propriétaires de grands immeubles. Or, comme de nombreuses petites entreprises y logent, celles-ci risquent d'écoper.

L'IDU juge aussi que la Ville de Montréal aurait être plus agressive dans la réduction de l'écart entre les taxes résidentielles et commerciales. On aurait préféré que les futures hausses de taxes des commerçants soient de moitié pour les résidents.