Aux antipodes dans plusieurs dossiers, le premier ministre François Legault et la mairesse Valérie Plante ont consacré leur premier tête-à-tête officiel à leur principal point d'entente : la relance de l'est de l'île de Montréal. Les deux ont convenu de mener à bien la réfection de la rue Notre-Dame, où le chef caquiste souhaite implanter un tramway. Mais pas question de faire une ligne rose de métro.

MISER SUR LES TERRAINS CONTAMINÉS

Ligne rose, signes religieux, cannabis... Puisque les sujets contentieux sont nombreux, François Legault et Valérie Plante ont préféré consacrer leur premier tête-à-tête officiel à des discussions au sujet de l'est de Montréal, sujet sur lequel ils sont au diapason. Les deux ont ainsi convenu de mettre en place un comité de travail afin d'élaborer un plan pour dynamiser ce secteur qui a connu une vaste désindustrialisation depuis 20 ans. François Legault estime que ce secteur présente un potentiel important en raison des nombreux terrains industriels contaminés laissés à l'abandon. Et pour ce faire, il a réitéré vouloir investir 200 millions pour les décontaminer.

« L'idée, c'est de faire sur ces terrains une zone d'innovation, où il y aura des parcs, du logement et des entreprises », a illustré le premier ministre. « Le développement de l'Est a besoin d'une attention toute particulière », a quant à elle indiqué Valérie Plante.

LA RUE NOTRE-DAME, CLEF DE VOÛTE

L'avenir de l'est de Montréal passe par la rue Notre-Dame, ont convenu François Legault et Valérie Plante. Le nouveau premier ministre a dit vouloir refaire une beauté à l'artère, où il souhaite aménager un tramway afin de relier l'est de l'île au centre-ville. « Il y a là une opportunité extraordinaire de faire un grand développement économique », a-t-il dit.

La mairesse a salué cet engagement en faveur de la réfection de la rue Notre-Dame, qui attend depuis longtemps. « C'est majeur, c'est un projet remis aux calendes grecques tout le temps. D'entendre qu'on veut travailler ensemble, c'est de la musique à mes oreilles », s'est emballée Valérie Plante.

NON À UNE LIGNE ROSE DE MÉTRO

S'il ne se dit pas fermé à l'idée d'une ligne rose, François Legault est resté ferme quant à la possibilité de financer un tel projet de métro. « Pour un métro sur la ligne rose, on considère que le coût est très élevé et on ne voit pas comment on pourrait rentrer cela dans notre plan », a-t-il tranché.

Sa collègue Chantal Rouleau, ministre responsable de la métropole et déléguée aux Transports, a elle aussi fermé la porte au financement d'un tel projet, en disant préférer miser sur d'autres technologies plus modernes, sans les nommer. « Non, pas pour une ligne de métro. » Elle a indiqué que d'autres projets aideront à désengorger la ligne orange du métro, en citant le Réseau express métropolitain, le prolongement de la ligne bleue, le service rapide par bus sur Pie-IX et le tramway rue Notre-Dame. Voilà, aucun de ces projets n'a pour objectif de désengorger la ligne orange. Au contraire, certains contribueront à en augmenter la fréquentation.

La mairesse ne baisse pas les bras pour autant. Elle compte revenir à la charge lorsque l'Autorité régionale du transport métropolitain déposera ses études sur la faisabilité de neuf projets dans la région, dont la ligne rose. « On est tous deux pragmatiques, alors on fera des colonnes de chiffres et on fera un choix », a dit Valérie Plante.

PAS D'ASSOUPLISSEMENT EN VUE SUR LES SIGNES RELIGIEUX

Alors que l'interdiction du port de signes religieux par les fonctionnaires en position d'autorité soulève plusieurs inquiétudes à Montréal, François Legault n'a pas ouvert la porte à des assouplissements pour les villes qui en feraient la demande.

Questionné sur le sujet, il a insisté pour dire que l'interdiction toucherait un groupe limité d'employés de l'État, soit les policiers, les gardiens de prison, les juges et les professeurs. Prenant note du récent débat qui a eu lieu à l'hôtel de ville de Montréal pour autoriser les élus à arborer des signes religieux, François Legault a assuré qu'« il n'a jamais été question de les interdire lors des conseils municipaux ».

UN ESPACE POUR FUMER DU CANNABIS

Déterminé à interdire la consommation de cannabis dans les lieux publics, François Legault s'est néanmoins dit sensible à la réalité de Montréal, où près des deux tiers des citoyens sont locataires. « Pour les locataires qui ne pourront pas fumer dans leur logement, il va falloir prévoir un endroit », a reconnu François Legault.

Il a toutefois insisté sur le fait qu'il voulait réduire le plus possible l'exposition des jeunes à la drogue maintenant légale. « Ma préoccupation, c'est qu'il n'y ait pas d'enfants qui aient de la fumée secondaire de cannabis. Jusqu'à 25 ans, le cannabis amène des risques de problèmes de santé mentale aussi importants que la schizophrénie », a insisté le premier ministre.

OPÉRATION BONNE ENTENTE

Se retrouvant fréquemment en contradiction sur la place publique, François Legault et Valérie Plante ont tenté d'utiliser leur premier tête-à-tête officiel pour mettre leurs différends de côté. Avant de discuter de façon plus formelle dans un salon de l'hôtel de ville, les deux se sont donné rendez-vous dans un café du quartier, où ils ont eu un bref échange préliminaire.

Leur rencontre, qui devait durer une quarantaine de minutes, s'est étirée sur une heure. « On a eu du fun, on a ri », a résumé la mairesse, à la sortie du tête-à-tête. Pendant la mêlée de presse, François Legault a interpellé la mairesse à plusieurs reprises de façon familière par son prénom - « j'en parlais avec Valérie ». Le premier ministre a assuré avoir à coeur le succès de la principale ville du Québec. « Montréal, c'est notre métropole, si on veut un Québec en santé, il faut d'abord avoir une métropole en santé. »